Le Président Bassirou Dio­maye Diakhar Faye dit avoir dissuadé le Premier Ousmane Sonko de tenir sa Déclaration politique générale (Dpg) devant un jury populaire. «J’ai demandé au Premier ministre de surseoir à sa Déclaration de politique générale devant un jury populaire.   Nous avons discuté avec l’Assemblée nationale. Il ne va plus faire cette Dé­claration de politique générale devant un jury populaire. Je lui ai demandé de leur accorder cette semaine, le temps de mettre à jour le Règlement intérieur. Le Premier ministre m’a accordé cela et j’espère que l’Assemblée nationale mettra à jour son Règlement intérieur», informe le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse tenue avant-hier samedi au palais de la République, marquant les 100 jours du nouveau régime.

Le Président Bassirou Diomaye Faye dit avoir engagé des discussions avec président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, pour désamorcer cette crise institutionnelle entre le Pouvoir exécutif et l’Assem­blée nationale. Laquelle crise institutionnelle fait suite à l’ultimatum fixé par le Premier ministre à l’Assemblée nationale, exigeant du Parlement qu’il mette à jour son Règlement intérieur d’ici à aujourd’hui, le 15 juillet, sous peine de faire sa Dpg en dehors de l’Hémicycle.

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Le président de la Répu­blique annonce une rencontre à l’Assemblée nationale des présidents de groupe pour trouver une solution à cette crise, après avoir discuté au préalable avec le président de l’Assemblée na­tionale, Amadou Mame Diop.

«Que les tiraillements politiques ne nous mènent pas vers une crise
inutile»
«J’ai appelé le président de l’Assemblée nationale, il est venu me rencontrer et nous avons discuté. Je lui ai dit : «Mettez à jour votre Règlement intérieur. Réin­tégrez les dispositions qui y figuraient avant la suppression du poste de Premier ministre pour que le Premier ministre puisse faire sa Déclaration de politique générale.» L’Assem­blée nationale va faire une mise à jour de son Règlement intérieur, mardi (Ndlr : demain). Ça ne valait pas la peine de ne pas tenir le Débat d’orientation budgétaire. «Le Sénégal nous appartient, qu’on privilégie le dialogue», lui ai-je dit. Les tiraillements ne peuvent manquer en politique, mais qu’ils ne nous mènent pas vers une crise inutile. Je lui ai demandé d’aller discuter avec les présidents des groupes parlementaires pour fixer, le plus rapidement possible, une date pour remettre à jour le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Cette falsification ne relève pas de nous, mais de la majorité. Nous avons discuté dans la paix et dans un bon esprit, il est parti», renseigne le chef de l’Etat. «Une réunion a été tenue et il a décidé que mardi, ils vont réunir les présidents de groupe pour une issue heureuse», affirme le Président Faye.

«Le Premier ministre a tenu un discours qui froisse…»
Cette crise institutionnelle ne valait pas la peine de se produire, selon le chef de l’Etat, par le simple fait que le Premier ministre menaçait de tenir sa Dpg devant un jury populaire. «Les divergences font partie de la politique. Le discours tenu par le Premier ministre ne doit pas pousser à violer la loi. Parce que le Document d’orientation budgétaire, qu’on devait discuter à l’Assemblée nationale et préparé par le ministre (des Finances et du budget), adopté en Conseil des ministres, le ministre s’est rendu à l’Assemblée nationale, après deux heures de temps, on dit que le Débat d’orientation budgétaire ne se tient plus. Pourtant, la loi organique stipule que le Débat d’orientation budgétaire doit se tenir au plus tard le 30 juin. C’est la loi organique qui l’ordonne. Si c’était en matière de finances publiques, c’est la Constitution du Sénégal», explique le chef de l’Etat.

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«Le Premier ministre a tenu un discours qui froisse. Cela ne donne aucune autorisation à personne de violer la Constitution financière du Sénégal. Cela relève d’une erreur», fait remarquer le président de la République.

Bassirou Diomaye Faye dit être dans le sillage de son discours du 3 avril dernier, dans lequel il indiquait qu’il serait «un Président qui est au-dessus de la mêlée». D’où sa posture, qui est d’offrir ses bons offices pour éviter au Sénégal de connaître les tumultes du passé.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn