#Vélingara – Pour l’électrification des communes du département : Société civile et mouvements citoyens portent le combat

L’électrification des communes de Vélingara, c’est ce combat qu’ont entamé la Société civile et les mouvements citoyens du département. A travers des manifestations pacifiques publiques ou des opérations de sensibilisation, ces entités veulent attirer l’attention des autorités étatiques et municipales sur les dangers liés à l’obscurité et les avantages d’avoir accès à l’électricité.Par Alpha SYLLA –
«Quatorze ans», c’est la durée, en 2024, de la coupure d’électricité de Sinthiang Koundara. Cette commune éponyme, située dans le département de Vélingara, vit depuis 2010 dans le noir. Cette situation a plongé plus de «deux cents concessions» dans des conditions intenables. «Depuis 14 ans, des gens parcourent de grandes distances pour juste trouver une place pour charger. Et depuis 14 ans, on paie 150 F Cfa pour charger un seul téléphone», peste Mamadou Saïdou Diallo. Président de l’Association jeunesse solidaire de Sinthiang Koundara, ce jeune, engagé dans le combat pour l’électrification du chef-lieu de la commune, s’active depuis quelques années, avec quelques camarades, pour «le rétablissement du courant». «Nous avons un lycée, deux mosquées, un centre de santé, une école élémentaire, un collège. L’année prochaine, nous aurons un cours de Terminale. Comment est-ce que les élèves vont procéder pour imprimer des documents ?», se demande-t-il.
«Un frein au développement économique et à l’épanouissement social»
Dans ces contrées, nombre de jeunes peinent à bâtir leur entreprise ou à exercer leur métier. A l’instar de Sinthiang Koundara, la grande moitié des communes du département de Vélingara n’a pas accès à l’électricité. C’est dans ce sillage que la Société civile organisée et les mouvements citoyens du département ont enclenché le combat pour l’électrification des différentes communes de Vélingara.
Ainsi, une marche pacifique a été organisée le mercredi 26 juin à Linkéring, commune frontalière avec la Guinée, à l’initiative de la coordination M37. «Les populations de la commune de Linkéring vivent dans des conditions extrêmement précaires, dans tous les domaines. Linkéring regorge 37 villages dont aucun n’est électrifié», dénonce Amadou Tidiane Mané, porte-parole du jour. «La commune de Linkéring est frontalière avec la Guinée et est à moins de dix kilomètres de la Guinée-Bissau. Le lycée est rempli d’ordinateurs, mais les élèves n’arrivent pas à les utiliser à cause du manque d’électricité», affirme dans une note, Youssouph Thiané Baldé. Cette situation plombe les efforts de développement local et empêche l’épanouissement social des populations.
Le Coordonnateur régional du mouvement des jeunes panafricains de Kolda et de la Société civile de Vélingara, Youssouph Thiané Baldé, déplore cette marginalisation du département dans le partage des politiques publiques des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. A l’en croire, ne pas électrifier ces communes reviendrait à abandonner ces populations dans un «contexte d’insécurité». «Aucun des 78 villages que polarise la commune de Kandia n’est électrifié. Car, les lampadaires qui sont implantés sur quelques artères ne suffisent pas pour affirmer que Kandia est électrifiée. Au contraire, des trous sont creusés partout, prétextant l’électrification. Mais en réalité, ce projet est devenu le boucher de leur bétail», poursuit le coordonnateur du mouvement Frapp à Vélingara. La situation est encore plus alarmante si on évoque la circonscription de Wassadou, frontalière avec la Guinée-Bissau. «Wassadou a 64 villages qui vivent dans le noir. Zéro route goudronnée dans cette commune qui est frontalière avec la Guinée Bissau. Nombre de malades meurent en cours d’évacuation vers Diaobé qui est à 18 km, à cause de l’impraticabilité des routes», assure Youssouph, ajoutant que les communes de Pakour, Diaobé, Sinthiang Koundara, Némataba partagent le même calvaire.
Si 74, 4% des ménages sénégalais utilisent l’électricité comme mode d’éclairage (Ansd), ce taux est très faible dans le département de Vélingara en particulier. Ainsi, ces entités interpellent les autorités pour plus d’équité territoriale dans les politiques publiques, notamment en matière de fourniture d’électricité et de projets de développement. «J’espère que le régime en place n’osera pas laisser ces populations du département de Vélingara continuer à vivre dans ces conditions si précaires, car ce département s’est activement battu pour la victoire de la Coalition «Diomaye Président». Il est important de préciser qu’il y a eu des morts et des arrestations à Vélingara juste pour le changement. Donc, les Vélingarois ont payé le prix. Puisque le département peine à voir ses fils et filles nommés à de hautes fonctions malgré tous les cadres qui y habitent, ce régime doit quand même alléger la souffrance de ces populations pour une amélioration de leurs conditions de vie», conclut Youssouph Thiané Baldé.