Par Bocar SAKHO (Envoyé spécial à Cotonou) – Sur le Boulevard de la Marina, se dresse majestueusement l’Amazone, en venant de l’aéroport de Cotonou. Cette esplanade est devenue un incontournable béninois, qui attire des touristes et des visiteurs. Elle est à la fois imposante et attirante !

«C’est quel endroit ici ?», demande-t-on à un jeune garçon, qui porte un plat rempli de maniocs cuits. «C’est le bureau de Patrice Talon», répond-il. Comme si on était à Diamniadio, une ville en construction. Le long de l’avenue de la Marina de Cotonou, où se situent le port, le Palais présidentiel, le Palais des congrès, poussent des immeubles sur des centaines de mètres. Il y a des ministères, le Palais présidentiel et d’autres directions nationales, qui donnent un aspect de modernité à la capitale économique du Bénin. Il y a surtout l’Esplanade des Amazones. «C’est note Tour Eiffel ou le Monument de la Renaissance de Dakar», sourit un Béninois, qui a fait ses études à Dakar.
C’est un mercredi du mois d’août. Le soleil est retenu par des nuages au-dessus de la ville. A Cotonou, l’Esplanade des Amazones est un point d’attraction et de rencontres. Sur place, un groupe de jazz distille de savoureuses notes consommées avec délectation par un public melting-pot. Il y a des touristes asiatiques, européens, africains et des Béninois. Autant de retrouvailles familiales pour profiter de moments d’intimité dans un endroit convivial. «Cet endroit est magnifique», témoigne une touriste. Il y a des terrains gazonnés qui entourent l’Amazone qui bouge dans son socle, avec son épée de guerrière. Le vent frisquet, expédié par la mer, qui ceinture la place, est une invitation supplémentaire faite aux visiteurs. «Chaque après-midi, je viens ici pour me vider la tête et assister à un concert», ajoute la touriste, entourée de ses trois amies et de ses deux enfants.

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Le bruit des vagues est noyé par la voix d’un jeune chanteur qui porte des dreadlocks. Chacun profite de ces instants de musique, immortalise ce moment de découverte à l’aide de smartphones qui crépitent dans tous les sens. Les quelques fines gouttes de pluie n’arrivent pas à chahuter l’ambiance de détente en cours. «J’adore cet endroit. Une ville a besoin de ces espaces pour respirer», poursuit une famille béninoise, assise à même le… gazon, entourée de massifs fleuris et d’arbres qui poursuivent leur croissance. Oui on respire : l’air est moins pollué, les visages moins tirés après une longue journée de travail. «Vous n’êtes pas d’ici ?», interroge une vendeuse. «Ah, Cotonou est douce», ajoute-t-elle. Elle porte un pagne en wax et un tee-shirt blanc… qui perd de sa blancheur à cause sans doute des rayons du soleil qu’elle supporte pour nourrir ses enfants. Durant la discussion, elle pose son plat rempli de victuailles sur l’aire de jeu bétonnée. Il a failli être renversé par des enfants insouciants qui profitent de ce moment de récréation sans retenue. «Eh faites attention ! Ah ces enfants, on se fatigue pour eux. Moi, je vends ici parce que la clientèle est plus généreuse. Il y a beaucoup de touristes et de visiteurs qui viennent pour des séminaires et des rencontres internationales. Depuis son ouverture, ils viennent visiter cet endroit. C’est une fierté pour nous», s’enorgueillit-elle.

Street art !
L’odeur des mets en vente un partout fait saliver tout le monde. Les vendeuses exposent leurs produits aux passants, qui font face à un horizon bouché par les immeubles situés de l’autre côté de la vaste avenue qui déchire la ville. Les espaces de pique-nique ont été aménagés pour permettre aux familles de savourer ces instants de tranquillité. «Les weekends, de nombreuses familles se retrouvent ici pour faire une balade. Ce sont des moments de retrouvailles et de détente. Cette place est une bénédiction», salue Serge. Il y a la sécurité avec des patrouilles de la police qui veillent sur les visiteurs qui retrouvent dans cette esplanade le calme au milieu d’une ville qui aspire à plus de modernité pour développer son potentiel touristique.

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Il y a évidemment ces efforts de modernisation du système de transport à poursuivre. En Afrique de l’Ouest, la même blessure balafre le visage de toutes les capitales : la présence en masse des motocyclistes sur les routes. A Cotonou, ils sont partout. Comme à Dakar, ils sont les transporteurs attitrés des passagers incommodés par les embouteillages. Pour ces jeunes, les bécanes offrent des revenus quotidiens dans un contexte de chômage endémique. Ici, il y a une organisation du secteur avec des conducteurs qui portent des gilets jaunes numérotés, des motos avec des plaques d’immatriculation et un port du casque obligatoire pour tout le monde. Visage noir, perdu dans les nuages de fumée de sa cigarette, Cyr fait ce boulot depuis trop longtemps pour éviter de prendre des risques. Surtout que les règles de contrôle sont très strictes. «Le système de transport des motocyclistes est réglementé pour des raisons de sécurité.

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Un peu partout dans le pays, les motos constituent une alternative pour les déplacements. On ne peut pas tolérer une anarchie ou un laisser-aller», assure un conducteur de moto. Il a le numéro 223… «C’est pour des raisons de sécurité. En cas de soucis, tu peux difficilement identifier ton gars», dévoile-t-il. «Mon frère, montez ! Je vous ramène à votre hôtel», propose-t-il avec insistance. «Non, je ne peux pas. Je suis en mission, je ne veux pas me casser la jambe», sourit-on. «Non ! Pas de risque», tente-t-il de rassurer. C’est un trajet de 10 mn pour à peine quelques kilomètres. Dans un geste spontané, il vous tend un casque et met le pied sur l’accélérateur. Avec émerveillement, on découvre une succession de graffitis sur le mur du Port autonome de Cotonou. Un triomphe du street art : ce fut un pari fou de «graffer» une fresque de 1300 mètres. Sous la houlette du grand amateur d’art urbain, Laurenson Djihouéssi, 27 artistes issus de 13 pays, comme Tipam, Docteur Mario, Fatiou Akindé, Houngnibo, Sizogan, Zinkpè, Sitou de FranceMadzo, Becker One, Eduardo Kobra du Brésil, ont réalisé la plus grande fresque d’Afrique. Ils ont donné au boulevard de la Marina un éclat spectaculaire dont les fresques sont un récit sur l’histoire de l’Afrique et du Bénin, en mettant ses traditions, mystères, mythes, personnages et divinités. Ce mur de graffitis, qui sublime la ville, est aussi un point incontournable pour la ville de Cotonou à l’ombre de son Amazone.

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Du haut de ses 30 m, elle est un monument fabriqué en structure métallique, avec une enveloppe en bronze. Dans l’histoire du Bénin, elle renvoie à un ancien régiment militaire entièrement féminin qui a existé jusqu’à la fin du XIXe siècle dans le royaume du Dahomey. Selon les faits historiques, il «s’agit d’un corps créé sous le règne de Tassi Hangbé (de 1708 à 1711) et dénommé «Agoodjié» ou encore «minons», puis restructuré par le roi Guézo». Elle représente évidemment «une force féminine historique qui doit servir de repère aux générations actuelles et futures du Bénin, un symbole de l’histoire du Bénin et de l’épopée des illustres personnages, une source de fierté et un élan patriotique auprès de tous les Béninois, un intérêt pour la réappropriation du symbole identitaire fort de la femme béninoise, une perpétuation dans le contexte national moderne du rôle déterminant de la femme dans la culture et dans l’histoire du Peuple
béninois. La statue de l’Amazone symbolise des valeurs qui vont inspirer les femmes et les hommes du Bénin : courage ; bravoure». Et elle est majestueuse !
bsakho@lequotidien.sn