«Dans beaucoup de communications au sujet des crues actuelles du fleuve Sénégal, il est dit que ce sont les lâchers du barrage de Manantali qui sont à l’origine de la montée des eaux dans le bassin de ce fleuve. Je voudrais juste rappeler que le barrage de Manantali est installé sur le fleuve Bafing. Ce barrage a un réservoir de 11 milliards de mètres cubes. L’eau qui arrive est ainsi stockée sur plusieurs années parce que c’est un barrage pluriannuel. Cette eau est turbinée pour faire de l’électricité qui est livrée aux 3 pays. En cas de crues exceptionnelles comme cette année, nous sommes obligés, pour des raisons de sécurité, aussi bien pour les ouvrages, notamment le barrage, que pour les populations, de faire des lâchers. Ces lâchers se font à travers des vannes disposées sur l’ouvrage ; c’est pour des raisons de sécurité.

Débordement du fleuve Sénégal : Crues de détresse

Outre ce fleuve qui s’appelle le Bafing sur lequel nous sommes, il y a le fleuve Bakoye, qui est différent et qui va rencontrer le fleuve Bafing dans la ville de Bafoulabe au Mali (vous avez entendu parler de Mali Sadio dans une chanson). C’est à cet endroit que les deux fleuves se rencontrent pour créer le fleuve Sénégal qui continue son chemin et sera rejoint par un affluent qui s’appelle la Falémé, et même d’autres petits cours d’eau.

Donc le débit total observé dans le bassin du fleuve Sénégal sera la somme des débits des fleuves Bafing, Bakoye, Falémé et autres. Et en plus de cela, il faut ajouter toutes les eaux de ruissellement qui sont issues des pluies observées en territoire mauritanien, malien ou sénégalais (bassin versant) pour arriver dans le fleuve. Donc dire que les lâchers de Manantali sont à l’origine de la crue sur le fleuve Sénégal est un peu exagéré. Je rappelle que l’action du barrage sur ce fleuve Bafing ne permet de contrôler que près de 40% de l’ensemble des eaux qui convergent vers le bassin du fleuve Sénégal. L’Omvs est en train de mettre en œuvre d’autres projets de barrages comme Gourbassy et autres, qui permettront de réguler le fleuve, en plus du barrage de Diama qui se trouve, lui, non loin de Saint-Louis. Ces derniers temps, nous avons constaté, surtout avant-hier (vendredi), des crues non observées, d’après mes renseignements, depuis 1961. Ce sont donc des crues exceptionnelles. Mais depuis hier soir (samedi), nous commençons à avoir une petite baisse. Cependant, il faut savoir que la situation dépendra des précipitations observées, notamment en Guinée (surtout en Guinée).

Crue débordante du fleuve : LE DANDÉ MAAYO SANS VOIE

Nous faisons tout, en tout cas, pour garantir la sécurité des populations, mais aussi pour garantir la sécurité de l’ouvrage lui-même. Un tel ouvrage qui a coûté très cher, si jamais il venait à céder, faute d’opérer les lâchers quand il le faut (je ne le souhaite pas), provoquerait une onde de crue qui pourrait arriver très loin dans les terres. Heureusement, nous avons vérifié que tous les organes de sécurité du barrage comme les vannes sont fonctionnels, qu’ils jouent pleinement leurs rôles, et nous surveillons cela de très près. L’Omvs de même que le ministère en charge de l’Hydraulique du Sénégal sont à pied d’œuvre avec des cellules de crise en rapport avec nos Etats et suivent la situation avec attention. Je rappelle que c’est aussi la même chose qui est observée en Guinée, au Mali, sur d’autres fleuves comme le fleuve Niger. Aujourd’hui, Bamako est pratiquement coupée, avec des inondations jamais observées.»