L’Académie de Leadership féminin «Linguère Ndatté Yalla» Mbodj lancée hier offre des opportunités aux femmes dans leur carrière dans l’Administration. Une première cohorte de vingt femmes a été sélectionnée pour en bénéficier. La cérémonie de lancement s’est tenue hier en présence de Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique, et en présence de l’Allemagne, partenaire du projet, à travers son ambassadeur au Sénégal. Par Amadou MBODJI – 

L’atelier de l’Académie de Leadership «Linguère Ndatté Yalla» a été lancé hier officiellement par Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique. Une première cohorte de vingt femmes travaillant dans la Fonction publique a été sélectionnée pour bénéficier d’un renforcement de capacités en vue de monter en grade. «Cette cérémonie constitue, à n’en pas douter, une date à marquer d’une pierre blanche dans la marche de notre Administration ou plutôt du Service public. Signe prémonitoire, cette rencontre se déroule au lendemain du partage du référentiel «Vision Sénégal 2050» par le président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye ; ce qui augure de bonnes perspectives. Dans le sillage des orientations stratégiques fixées par le chef de l’Etat et déclinées à travers le plan «Vision Sénégal 2050», présenté hier à Diamniadio, le lancement officiel de l’Académie de Leadership «Linguère Ndatté Yalla» constitue une étape importante pour la promotion de l’équité et l’égalité de genre dans les hautes fonctions de l’Administration publique sénégalaise», déclare Olivier Boucal. «Vous l’aurez compris, la problématique de l’accès des femmes aux postes de responsabilité constitue une préoccupation majeure des plus hautes autorités de l’Etat, de la Société civile et de tous les autres acteurs de développement. Le Sénégal s’est illustré, ces dernières années, par des actions remarquables qui ont favorisé de façon décisive la promotion des droits des femmes. Ces différentes actions ont permis de renforcer la présence des femmes à l’Assemblée nationale, où elles représentent 44% des sièges, et au niveau des autres instances électives. Il convient également de souligner les progrès réalisés par les filles aux différents examens nationaux, avec des taux de réussite de 43, 73% au Baccalauréat contre 34, 51% pour les garçons en 2024», enchaîne le ministre.
«En dépit de ces avancées fort louables, ci-dessus évoquées, l’égalité des sexes dans l’Administration publique accuse un retard considérable. En effet, les derniers chiffres produits en 2023 par les services du ministère de la Fonction publique et de la réforme du service public indiquent une présence majoritaire des hommes qui représentent plus des trois quarts (3/4) de l’effectif total au sein de l’Administration, alors que les femmes ne sont estimées qu’à un peu moins du quart. C’est dire que la sous-représentativité des femmes à des postes de hautes responsabilités est une réalité. Elle est d’autant plus alarmante que les femmes représentent 52, 6% de la population en âge de travailler selon les derniers chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie. Les causes de cette situation sont souvent liées à un défaut d’accompagnement et à un manque de motivation des femmes diplômées et compétentes pour accéder à des postes de responsabilité», appuie M. Boucal.
«C’est fort de ce constat», dit-il, que son «département a mis en place, avec l’accompagnement de la Coopération allemande, le projet «Académie de Leadership Ndatté Yalla»».
«Cette structure, de par son originalité, incarne une vision ambitieuse consistant à doter les femmes leaders de notre Administration des compétences nécessaires pour assumer avec brio les responsabilités qui leur sont confiées et pour gravir les échelons supérieurs», insiste-t-il. «Vous pouvez être fières d’avoir franchi toutes les étapes de la sélection. Vous entamez à partir d’aujourd’hui une nouvelle aventure professionnelle, au bout de laquelle vous sortirez renforcées en matière de leadership transformationnel», c’est ainsi qu’il a lancé la première cohorte de l’Académie de Leadership féminin «Linguère Ndatté Yalla», en les invitant à s’inspirer de leurs aînées qui occupent ou qui ont eu à occuper des postes de responsabilité dans les plus hautes fonctions de l’Administration. Avant de leur offrir en exemple «Linguère Ndatté Yalla» Mbodj portant le nom de leur académie.
«Pour cela, je vous demande à faire siennes les valeurs incarnées par la marraine de votre académie, Linguère Ndatté Yalla, dont le choix fait écho à la volonté des autorités de nous réapproprier notre histoire», indique le ministre. «Figure historique emblématique de la résistance à la colonisation du Sénégal au 19e siècle, Linguère Ndatté Yalla est l’incarnation de la bravoure. Dernière souveraine du Waloo, Ndatté Yalla Mbodj a été installée le 1er octobre 1846 à la mort de sa grande sœur Djeumbeut.
Elle a exercé le pouvoir comme un véritable «Brack» en s’appropriant tous les attributs : chef d’Etat, résistante, nationaliste, mère et éducatrice, stratège. Son parcours nous enseigne que les femmes peuvent être de vrais leaders, des décideurs», mentionne-t-il. Parlant du contenu pédagogique, M. Boucal dit qu’il «a été conçu en rapport avec des experts des écoles de formation en administration publique telles que l’Ecole nationale d’administration (Ena), le Cesag, la Fastef, l’Esea, la Giz, et des consultants confirmés dans ce domaine de compétence».
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