La clôture de la formation en administration de production cinéma par «Afric’Art Progress» s’est tenue ce jeudi 24 octobre 2024 au Canal Olympia de Dakar. Directrice du projet, Binetou Faye, productrice et fondatrice de «Lady blue production», a partagé sa fierté avec ces 12 femmes cinéastes. Selon elle, les objectifs fixés par Afric’Art Progress étaient d’offrir des «opportunités tangibles et concrètes» à la jeunesse africaine qui souhaite se lancer dans le 7ème art.Par Ousmane SOW –
Le cinéma sénégalais prend de plus en plus de place sur le continent. Et Binetou Faye, directrice de la structure Afric’Art Progress, entend pleinement jouer sa partition. 12 femmes, toutes Sénégalaises, ont été formées en administration de production cinéma. Et pour célébrer leurs succès, une cérémonie de remise de prix, suivie des pitchs de leurs projets, a été organisée ce jeudi 24 octobre 2024 au Canal Olympia de Dakar. «En tant que cheffe de projet, je me sens incroyablement honorée de partager avec vous ce moment qui marque l’aboutissement d’un travail collectif, mais aussi le début d’une nouvelle aventure», a témoigné Binetou Faye. Directrice d’Afric’Art et productrice, elle estime que Afric’Art Progress n’est pas seulement un programme de mentorat dédié aux femmes. Elle explique : «Cette initiative, ce n’est pas seulement une opportunité, c’est aussi une promesse d’un baromètre de titre qui vient de se concrétiser et d’ouvrir des portes qui, souvent, restent closes pour beaucoup de nos talents. Mais Afric’Art Progress, ce n’est pas seulement un programme de mentorat dédié aux femmes.» Ce programme de formation, qui a pour but de former des professionnelles compétentes dans le domaine de l’administration de réalisation et de production cinématographique offre également des opportunités tangibles et concrètes. «Afric’Art Progress octroie des bourses d’études dans le secteur à l’international, mais aussi accompagne les autres en résidence d’écriture en long métrage de fiction. Et quand on a imaginé ce programme, les objectifs étaient d’offrir des opportunités tangibles, concrètes à la jeunesse africaine qui souhaite se lancer dans le secteur. Le chemin n’a pas été facile, mais il a été guidé par la passion et une forte conviction ; celle que lorsqu’on se met ensemble, on crée un avenir concret où la diversité et la création sont au cœur de nos actions», a expliqué Binetou Faye. Et de poursuivre : «Ce programme est la preuve que le collectif et la solidarité peuvent faire naître des projets ambitieux.»
4 films récompensés
Au cours de cette cérémonie de remise de diplômes, 4 films sur 12 ont été récompensés par le jury dirigé par le critique de cinéma Baba Diop, le producteur Souleymane Kébé et la coordinatrice du Centre Yennenga, Ibee Ndaw. Productrice et réalisatrice du court métrage fiction Adolescence tourmentée, Matou Amar a reçu le Prix de post-production du Centre Yennenga, d’une valeur d’1,5 million de F Cfa. «C’est un plaisir pour moi de participer à ce programme qui est une opportunité pour nous, jeunes femmes cinéastes. On est dans un milieu entouré d’hommes où il faut vraiment des efforts pour que les femmes s’affirment. On a vraiment été bien formées. J’en profite pour remercier l’initiatrice Binetou Faye», a déclaré Matou Amar. Venue accidentellement dans le cinéma, à travers cette formation, elle peut affirmer sans doute qu’elle est productrice- réalisatrice. «Je suis venue accidentellement au cinéma. J’étais passionnée, mais juste en regardant les films et en faisant des critiques. Mais aujourd’hui, je peux dire avec plaisir que je suis productrice et réalisatrice. J’ai compris que le cinéma, c’est quelque chose qui me parle réellement», souligne-t-elle. Parlant de son film, elle dira : «Adolescence tourmentée est un film qui me passionne et que je veux mettre à jour parce que ça me parle en tant que jeune fille qui vient juste de sortir de la période d’adolescence. Je sais aussi que le film va parler à toutes les adolescentes du Sénégal et du monde. Je dis à ces jeunes filles qu’à travers ce film, je comprends leurs doutes et incertitudes, aux parents que je comprends également leurs préoccupations par rapport à cette période d’adolescence. Pour moi, le cinéma ne sert qu’à ça : refléter nos réalités et parler des sujets qui nous animent», argumente-t-elle.
La productrice et scénariste Sokhna Ndèye Merry Sall a remporté le Prix Safy Faye du meilleur court-métrage pour son film Esprit des tresses, d’une valeur d’1 million de F Cfa. «Dans ce film de 25 minutes, nous recherchons une coproduction pour aller aux guichets, auxquels le Sénégal est éligible, tels le Fopica, l’Oif…», a-t-elle lancé, exprimant sa fierté et sa reconnaissance. Yéléna Gloire, réalisatrice du court-métrage Regard, a remporté le Prix Achat Canal pour son film, d’une valeur d’1, 5 million de F Cfa. Originaire du Congo-Brazzaville et ayant grandi au Sénégal, elle a qualifié l’expérience Afric’Art Progress de belle aventure. «Seul le travail paie parce qu’il a fallu s’exercer à maintes reprises et voilà le résultat», fait-t-elle savoir. Le film Regard, selon elle, est un sujet sensible car traitant du harcèlement scolaire. «Harcèlement scolaire, un sujet qui affecte énormément de jeunes au Sénégal. Un drame qu’il est temps d’arrêter», a-t-elle déclaré, plaidant pour une prise de conscience collective.