8 mois après son arrivée au pouvoir, Ousmane Sonko ne peut se permette une déroute électorale lors de ces Législatives anticipées. En tête de la Coalition «Takku Wallu Senegaal», Macky Sall, pour sa part, joue gros. Conduisant les troupes de «Jam ak njariñ», Amadou Ba va connaître sa réelle force politique. Barthélemy Dias de «Samm sa kaddu», lui, ne veut surtout pas être oublié. Voici, entre autres, les enjeux de ces élections anticipées du 17 novembre prochain.
Par Malick GAYE – C’est le top départ ! Ils sont nombreux à vouloir représenter le Peuple à l’Hémicycle. La Direction générale des élections (Dge) a arrêté 41 listes. Tout cela pour dire que le citoyen aura largement le choix. Cependant, les élections vont se jouer entre 4 listes. Des coalitions contre-nature au prolongement des alliances d’hier, sans oublier le reniement de la parole donnée, les politiciens ont rivalisé d’ardeur dont la seule finalité n’est rien d’autre que l’intérêt personnel. En effet, le parti Pastef, qui est arrivé au pouvoir au premier tour avec 54% des votes, est dans l’obligation de confirmer son score. Mais au regard de la vague de transhumance notée ces dernières heures, sa tête de liste nationale, Ousmane Sonko, ne semble plus aussi sûre de sa force. Bientôt 8 mois au pouvoir, celui qui avait refusé l’état de grâce n’a pas de résultat probant pouvant lui assurer une victoire sans effort. L’économie au ralenti, le Sénégal fait face à des difficultés pour l’exécution de son budget. La dernière mission du Fmi l’a confirmé. Naturellement, comme à son habitude, Ousmane Sonko met tout cela sur le dos de l’ancien régime. Son rapport d’audit de la gestion de Macky Sall, qui est en cours d’audit, est un élément de campagne. Son objectif est d’éviter de perdre la majorité. En effet, comment va-t-il expliquer une défaite, 8 mois après son arrivée au pouvoir ? Ce qui ne sera pas le problème de son principal adversaire, Amadou Ba, trahi par son mentor qui l’avait choisi. L’ancien Premier ministre devra confirmer son score à la dernière Présidentielle.
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En effet, avec 35% des votes, Amadou Ba se positionne comme le chef de l’opposition. Certains observateurs croient savoir que l’ancien chef du gouvernement est parti de l’Alliance pour la République (Apr) avec le grenier à voix. Est-ce le cas ? C’est ce qu’il va chercher à démontrer ou confirmer. En tout état de cause, Amadou Ba n’a rien à perdre dans ces Législatives. Bien qu’ayant le ralliement à sa cause du Ps et de l’Afp, Amadou Ba lorgne la place de Diomaye en 2029. Le résultat des élections législatives sera un baromètre ou une boussole pour orienter sa position en vue d’ajuster sa monture. Naturellement, il aura à cœur de remettre son ancien mentor à sa place. A vrai dire, c’est cela son principal objectif : montrer à Macky Sall qu’il contrôle l’opposition. Miser sur une majorité pour Amadou Ba semble un peu trop optimiste au regard de la configuration politique du moment. Sa liste s’est retirée dans quelques départements, en plus de savoir que le Sud est probablement acquis à la cause du pouvoir et que dans le Nord il devra y contester la suprématie de Macky Sall.
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Des candidats, Macky Sall semble être celui qui a la plus grande mise. En effet, depuis 2012, le leader de l’Apr n’a pas perdu d’élection. Un autre résultat qu’une victoire viendrait entacher sa réputation. En plus, se faire battre par Ousmane Sonko viendrait accréditer un certain nombre de thèses. Ce qui n’est pas le cas de Karim Wade. Le fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade est habitué aux débâcles. Depuis 2012, le Parti démocratique sénégalais (Pds) se contente de quelques circonscriptions pour exister. Pour ces Législatives, le Pds va s’allier avec l’Apr pour optimiser ses chances.
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Barthélemy Dias, l’ancien ami de Sonko, ne veut pas être oublié. Il est difficile de mesurer sa vraie force. Il a choisi de s’allier avec les frustrés de Yewwi askan wi. Il a choisi de ne pas se mêler à la bataille de Dakar en conduisant la liste Samm sa kaddu. Pour autant, ce sera son principal objectif. En effet, le maire de Dakar dont le parti Pastef estime l’avoir installé dans la capitale, va essayer de peser de tout son poids pour écarter Abass Fall, la tête de liste départementale de Pastef à Dakar, qui veut le remplacer. En gagnant à Dakar, Barthélemy Dias enverrait un message que Abass Fall ne manquera pas de décortiquer. En plus, ce résultat le mettrait dans une bonne position pour l’élection présidentielle de 2029 et celles locales de 2027.
Derrière chaque objectif, se cache un intérêt commun à l’opposition. Si la somme des sièges de toute l’opposition dépasse celle du parti Pastef, les protagonistes ne devraient pas avoir de problèmes pour s’associer afin de forcer la cohabitation à Ousmane Sonko. C’est le vœu pieux des opposants. Et en optant pour ces blocs, l’opposition se donne les moyens d’atteindre cet objectif.
mgaye@lequotidien.sn