Les femmes du Fouladou se sont toujours regroupées en cercles ou en groupements d’intérêt économique. Autour de ces associations, ces femmes font des transactions financières loin des bonnes méthodes pour sécuriser l’argent collecté. Par des déplacements de longue distance pour des cotisations ou pour déposer la somme chez l’autre, ces pratiques anciennes manquent de sécurité avec la possibilité de se faire agresser et aussi se faire voler l’argent de la tontine. Face à ces formes d’insécurité financière, la Fondation Batonga vole au secours de ces femmes, surtout celles du monde rural, pour l’utilisation d’un meilleur mécanisme de sécurité financière. Il s’agit de la digitalisation qui consiste à tout mettre dans les smartphones en utilisant les applications de transactions financières. A en croire Ndèye Absa Guèye, l’utilisation de cette digitalisation a pour objectif de faciliter l’inclusion financière de la femme rurale, mais aussi réduire la fracture numérique entre la femme rurale et celle urbaine. «Nous voulons que les femmes rurales aient les mêmes compétences et les mêmes outils que celles en milieu urbain, pour éviter les vols et pertes d’argent.» Ndèye Absa Guèye affirme que la digitalisation permet aussi de rester sur place et faire ses envois et dépôts en toute sécurité.

Avec ces mécanismes de transaction peu coûteux en termes de déplacement et plus sûrs en termes de traçabilité, la femme rurale bénéficie de son autonomie dans la gestion financière. Les 19 coaches formés sont chargés d’accompagner ces femmes dans le monde rural. Pour cette phase-pilote, ce sont les femmes de huit communes rurales qui sont concernées. Elles sont issues de 18 villages de la région de Kolda.

Les bénéficiaires se réjouissent de cette nouvelle méthode. Aïssatou Diallo, originaire de la commune de Coumbacara, située dans le département de Kolda, évoque la sécurité qu’il y a en utilisant la digitalisation pour des transactions financières. Même son de cloche chez Ndèye Coumba Fall de la commune de Saré Bidji, qui déclare la fin des écrits sur des registres, cahiers ou papiers volants toujours perdus dans des incendies ou autre. Avec la digitalisation, le travail se fait en un temps record, et c’est l’autonomisation de la femme qui est assurée, en plus de sa dignité retrouvée. Ce réseau couvre plus de 1500 femmes dans la région de Kolda. Batonga et ses partenaires ont saisi l’opportunité de la Journée internationale de la femme rurale pour lancer cette digitalisation qui fait le bonheur au niveau de cette couche vulnérable en quête d’indépendance économique.
Par Aladji BADJILANG – eh.coly@lequotidien.sn