Au quartier Amitié Sofraco, situé dans le ventre mou de la ville de Thiès, les manquements sont nombreux : problèmes d’assainissement, d’éclairage et d’insécurité. A ex-Mbour 3, les populations espèrent une amélioration de leur cadre de vie.
Par Cheikh CAMARA :

Le tableau est sombre : une «situation sécuritaire préoccupante avec des cas répétitifs de vol, cambriolage et agression à main armée», une «faible couverture spatiale en éclairage public des allées principales et routes secondaires du quartier», une «persistance du déficit d’eau en quantité, en qualité et en permanence malgré la présence dans le quartier du château le plus important de la commune de Thiès-Ouest». L’amer constat est du Collectif de suivi, de veille et d’alerte des habitants du quartier Amitié Sofraco (Ex-Mbour-3), contribuant aux initiatives d’amélioration du cadre de vie des populations dudit quartier.

A ce tableau déjà noir se greffe une «absence totale d’ouvrages d’assainissement pour l’évacuation des eaux usées, étant entendu que le quartier Mbour 3 avait été sélectionné en 2014 pour bénéficier de ces ouvrages qui, finalement, ont été orientés vers le quartier Hlm route de Dakar et la Cité Malick Sy, avec une promesse faite par les autorités en son temps d’intégrer Mbour 3 à la seconde phase du projet». Le délégué de quartier, Ablaye Sambou, responsable moral du Collectif de suivi, de veille et d’alerte des habitants du quartier Amitié Sofraco (ex-Mbour 3), entouré d’autres leaders de l’association dont Abdoul Aziz Diop (Forum civil), Simon Mané, Mme Philomène Rol­land Faye, représentante des femmes, El Hadji Issakha Diop, Ababacar Sall, relève aussi «l’inexistence d’un espace multifonctionnel de loisirs et de sports pour les enfants et les jeunes du quartier», «l’absence totale d’édifices éducatifs (préscolaire, élémentaire, moyen et secondaire), le quartier ne disposant que d’une école élémentaire».

Sans compter «l’absence d’un marché pour faciliter l’approvisionnement des ménages», d’un «dispositif de sécurité de proximité pour veiller à la quiétude des riverains, en considérant que l’Eglise consacrée Jésus Bon Pasteur du quartier est devenue un lieu de prières principal qui accueille de façon régulière un nombre très important de fidèles en provenance de toutes les régions du Sénégal et de la sous-région». Ils ne manquent pas de souligner «l’absence d’un lieu de retrouvailles communautaire pour échanger sur les affaires du quartier», la «forte présence de garages mécaniques utilisant la voix publique par parquer des véhicules, mais aussi qui empruntent les principaux axes du quartier pour effectuer les essais des véhicules en roulant à vive allure», «l’inexistence de cimetières pour enterrer nos morts aussi bien chrétiens que musulmans, au regard de la place qu’occupent nos défunts dans notre univers culturel et religieux».

Le collectif, face à cette situation, réclame aux autorités compétentes, «l’érection d’un poste de Police de proximité pour veiller à la sécurité des riverains dans ce quartier où le taux de criminalité ne fait qu’augmenter», «le renforcement de la pose de lampadaires sur les axes principaux et secondaires pour faciliter la circulation sécurisée des riverains», «la fourniture d’eau courante en quantité, en qualité et en permanence 24h/24», «la réalisation du projet d’ouvrages d’assainissement destinés au quartier dont le plan était disponible à la Direction régionale de l’assainissement», ainsi que «l’aménagement d’espaces multifonctionnels de loisirs et sports pour nos enfants et la communauté tout entière» et «la construction d’édifices scolaires (préscolaire, élémentaire, moyen, secondaire) pour rapprocher le service éducatif à la communauté».

Les habitants d’Amitié Sofraco (ex-Mbour 3) évoquent également «l’agrandissement de l’espace de la mosquée qui jouxte l’Eglise Jésus bon Pasteur pour faciliter la construction d’une morgue et d’un espace coranique pour les enfants», «la réalisation en hauteur d’un marché moderne pour offrir aux détenteurs d’activités génératrices de revenus, une chance de disposer d’un espace d’échange commercial pour une croissance économique contribuant à améliorer les conditions de vie des ménages du quartier», «l’aménagement d’un parking communautaire avec un système de surveillance qui offre une sécurité des biens des riverains, mais aussi une génération de revenus pour la mairie». Sans compter «la réalisation d’une maison du quartier pour permettre aux riverains de disposer d’un espace communautaire de concertation dans le cadre de la gestion des affaires de la cité», «l’aménagement de l’espace de 10 hectares prévu dans le déclassement de la forêt classée aux fins d’un usage de cimetières mitoyens (chrétiens, musulmans)», «la mise en place de cadres de concertation inclusifs par la Sen’Eau pour une communication sincère et un dialogue permanent avec les populations en vue d’un respect du contrat social» et la «création, hors du quartier, d’un espace de regroupement des ateliers mécaniques qui occupent de façon anarchique la voix publique». Ils soulignent la «la nécessité de conduire un diagnostic participatif pour identifier les besoins de la communauté et planifier les actions de prise en charge de ces besoins».

Aux populations, les leaders du collectif ont demandé de «redoubler de vigilance et alerter lorsqu’un phénomène inhabituel est constaté dans le quartier», de «signaler systématiquement au collectif ou aux autorités tout changement pouvant avoir un impact négatif sur le profil des riverains», de «s’organiser en interne pour mettre en place un dispositif de sécurité nocturne qui travaillera en étroite collaboration avec la police», de «négocier des partenariats stratégiques pour des actions de développement du quartier». Ainsi donc, au nom du quartier Amitié Sofraco (ex-Mbour 3), le collectif salue «les efforts déployés par les autorités de la région en mettant en place des patrouilles nocturnes de la police, mais aussi l’établissement de checkpoints sur les sorties de la ville, ce qui contribuera à réduire la criminalité dans notre quartier».

Cependant, le collectif s’engage à continuer à jouer son rôle de veille et d’alerte de manière permanente pour s’assurer que les populations reçoivent et continueront à recevoir de la manière la plus appropriée, tous les services qui leur sont dus par l’Etat, ainsi que les pourvoyeurs privés de services de la place. Aussi, à mobiliser sa contribution comme acte citoyen pour soutenir les efforts au développement du quartier. Il compte procéder à un sondage périodique des populations pour identifier les problèmes qu’elles rencontrent et en évaluer les besoins qui seront soumis aux autorités et aux pourvoyeurs de services concernés pour des solutions immédiates.

Le collectif, de par son rôle de suivi, de veille et d’alerte, du fait de sa nature apolitique, se réserve tout droit d’établir un dialogue avec les pourvoyeurs de services et communiquer avec les institutions compétentes lorsque cela est nécessaire pour que les voix des riverains soient considérées et leurs droits respectés dès lors qu’ils s’acquittent de leur devoir.