Le secteur horticole qui se développe est encore plombé par de nombreux problèmes, notamment la prise en charge de ses travailleurs qui n’ont accès à aucune structure de prise en charge sociale. Par Justin GOMIS –

Les travailleurs du secteur horticole, grand pourvoyeur d’emplois, ne sont pas valorisés. Selon une étude faite par la Cnp internationale, le travail dans le secteur n’est pas décent. «Nous avons constaté qu’il n’y a pas de travail décent dans le secteur horticole. Suite à cette restitution, on sait que 80% des travailleurs ne sont pas inscrits à l’Ipres, à la Caisse de sécurité sociale, à une Ipm. Ils n’ont pas de Couverture maladie universelle. S’ils ont des problèmes de santé, ils sont obligés d’aller voir leurs familles», a révélé Mariama Diallo, Secrétaire générale de l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (Udts). D’après elle, ils travaillent au-delà des heures que le Code du travail préconise. A en croire la Secrétaire générale de l’Udts, ces employés qui utilisent des pesticides ne sont pas couverts en dépit des risques encourus. «Ils n’ont pas de chaussures, ni de gants pour se protéger. Ils sont exposés à ces produits nocifs à leur santé», alerte-t-elle. Elle souligne la présence dans ce secteur d’enfants et de femmes enceintes alors qu’elles sont rémunérées en deçà du Smic. «Les femmes sont aussi confrontées au problème d’accès à la terre. C’est comme si les femmes ne faisaient pas partie du Sénégal. Toutes les terres appartiennent aux hommes qui emploient les femmes. Pourtant, ce sont les femmes qui sont dans les champs et qui travaillent avec leurs enfants du matin au soir, sans répit ni heure fixe de travail et de repos. Elles travaillent de 6 heures du matin à 17 heures», a-t-elle dit. C’est le même constat qui a été fait par Francesca Van Dusseldrop, Coordonnatrice régionale Afrique de l’Ouest de la Cnp internationale. «Nous avons constaté que les conditions des travailleurs ne sont pas des meilleures par rapport au contrat, au paiement, à la protection sociale, à l’assurance maladie. Très peu offrent une assurance maladie aux travailleurs, une protection sociale quasi absente. Même les employeurs reconnaissent que la situation des employés laisse à désirer», a-t-elle déclaré. Elle promet de créer des espaces de dialogue au sein des entreprises ou des appuis aux coopératives pour voir comment améliorer les conditions de travail dans ce secteur. «Il y a de cela deux ans, nous avons choisi une approche chaîne de valeur. C’est le potentiel d’emploi dans le secteur qui nous a poussés à accompagner le Sénégal. Nous voulons que les jeunes aussi restent dans le secteur. Quand on parle d’emploi, on parle de travail décent. Nous voulons que ces emplois apportent de la valeur», a-t-elle précisé.

Par ailleurs, une étude, qui a permis de déceler ces difficultés dans le secteur, était basée sur 5 produits (oignon, mangue, haricot vert, noix de cajou et tomate industrielle) qui sont choisis en fonction de leur potentiel pour la création des emplois et des exportations.

Roger Akin, chef de mission adjoint à l’ambassade des Pays-Bas à Dakar, explique : «C’est un secteur ou le Sénégal et les Pays-Bas se retrouvent. Le secteur horticole est très développé aux Pays-Bas. Nous avons un partenariat avec le Sénégal. La semaine passée, nous avions organisé une journée à la ferme orange. Une activité qui a réuni plus de 15 entreprises hollandaises actives dans le secteur de l’horticulture. Dans le cadre de la coopération, les Pays-Bas aident les producteurs horticoles dans la production de l’oignon et leur octroient aussi des semences au niveau des Niayes, et les pourvoient aussi en techniques et connaissances dont les horticulteurs ont besoin. Cette démarche colle parfaitement avec la vision du gouvernement sénégalais. Nous les aidons aussi dans le stockage.» En dehors de ces appuis extérieurs, les syndicalistes invitent les autorités à œuvrer pour la valorisation de ce secteur et la protection des travailleurs.
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