Profil – Alis Umoy Diédhiou, reine mère du royaume d’Oussouye : «Je ne savais pas que j’allais devenir reine»

Alis Umoy Diédhiou, de son vrai nom Ahan Kalidji Béatrice Diédhiou, est à la tête du royaume d’Oussouye depuis août 2000. Intronisée le 30 août 2000 à l’âge de 14 ans, elle reste l’une des femmes les plus sollicitées de la zone malgré son jeune âge. Un honneur qu’elle prend avec modestie et courtoisie.
Sa simplicité est la première chose qui retient l’attention quand on rencontre la reine Alis Umoy Diédhiou : aucun serviteur n’est à sa disposition. En vraie femme travailleuse, elle vient juste de rentrer de la rizière quand on est arrivés dans la cour familiale, ce mardi 17 décembre. Dans cette maison royale, une case à impluvium en terre battue, la reine mère Alis Umoy Diédhiou nous reçoit avec simplicité. «Je viens de rentrer de la rizière. Je ne suis pas habillée comme il se doit, alors il ne faut pas me prendre en photo», lance-t-elle en souriant. La reine mère, connue pour sa capacité d’écoute et son rôle social, se souvient de son intronisation avec émotion. «Je ne savais pas que j’allais devenir reine. On ne m’avait rien dit, pour éviter que je prenne peur et que je fuie. C’est interdit de révéler ce secret, car les fétiches se retourneraient contre celui qui le ferait», raconte-t-elle.
Issue de la famille royale et habitant pendant son enfance juste à côté du bois sacré, Alis Umoy Diédhiou a été encadrée par deux anciennes reines qui lui ont transmis les clés de son rôle. «J’ai été vraiment chanceuse de les trouver. Elles m’ont beaucoup soutenue et conseillée. Elles me demandaient de ne pas fuir et m’intimidaient en me disant que j’allais mourir si toutefois je prenais la fuite. Je me suis dit, quelque part, que c’est Dieu qui m’a choisie pour être sur le trône. Donc, je n’y peux rien», a-t-elle confié. Ousmane Mangane, journaliste à Cgtn, est impressionné par l’aura de la reine mère. «Elle maîtrise parfaitement son rôle et ses relations avec la société. Sa disponibilité et son aisance dans la communication témoignent de ses capacités», souligne-t-il. Abondant dans le même sens, Serigne Lô souligne que la reine incarne la royauté avec une simplicité remarquable. «On dit que le bout de bois aura bien séjourné dans l’eau, mais il ne se transformera jamais en crocodile. C’est ce que nous vivons dans cette cour familiale. Ils sont très ouverts à la modernité, à tout ce qui se passe à l’extérieur, mais ils gardent le substrat social et culturel des ancêtres. Et ça, personne ne pourra faire que ça quitte ces lieux», a témoigné le Secrétaire général du Collectif des acteurs du tourisme au Sénégal (Cats), Serigne Lô.
Par Ousmane SOW – ousmane.sow@lequotidien.sn