Après la ville de Ziguinchor mardi, les conducteurs de moto «Jakarta»  ont manifesté hier à Sédhiou pour dénoncer les frais liés à l’immatriculation de leurs engins décidés par l’Etat, qui leur a accordé un sursis de trois mois. Par Seydou Tamba CISSE –

Les contestations sont devenues contagieuses. Après la ville de Ziguinchor, les Jakartamen ont investi les artères de la commune de Sédhiou. Arborant des brassards rouges sur leurs motos, ils ont fait le tour de la ville, avant de stationner en masse à la devanture de la mairie. Ils protestent contre les frais de l’immatriculation des deux-roues annoncée gratuite. Pour certains, le montant, disent-ils, dépasse les 300 mille F Cfa.

A la tête du peloton, le président de l’Association régionale des conducteurs de moto Jakarta de Sédhiou et en même temps vice-président de l’Union nationale des moto-taxis du Sénégal, Pape Kélountang Djignaly, déplore le cumul de frais à payer pour la réglementation du secteur. Il dit : «Aujourd’hui (hier), nous nous sommes regroupés parce que l’Etat nous a demandé de chercher des cartes à grise, des assurances, des permis de conduire et une plaque d’immatriculation, et pour avoir tous ces papiers-là, il faut au moins 350 mille francs. En dehors du permis qui peut coûter 200 mille, nous devons payer la carte grise à 28 mille francs. Les autres papiers ne s’obtiennent pas gratuitement. Après avoir rassemblé les documents à fournir, pour légaliser, il faudra payer 5 mille au Tribunal, car la police a refusé de légaliser. Nous demandons au gouvernement de faciliter la tâche. Nous sommes d’accord que nous devons nous acquitter de tous ces documents, mais nous n’avons pas les moyens de payer tout ça.»

Le Tiak-tiak est devenu un métier un peu partout dans le pays à cause du taux de chômage et de l’absence de perspectives pour les jeunes. Aujourd’hui, la plupart des jeunes de la région de Sédhiou s’activent autour des motos Jakarta pour s’occuper de leurs familles. Yafaye Diambang, conducteur de Jakarata, interpelle le président de la République et le Premier ministre : «Ce qui se passe au Sénégal, personne ne peut le comprendre. Car, nous les conducteurs de moto, n’avons pas demandé au Président de nous aider à trouver de l’emploi, mais nous avons tout simplement demandé au gouvernement de nous accompagner dans notre secteur d’activité en nous dotant de permis de conduire, de carte grise, d’assurance et de plaque d’immatriculation gratuitement. Mais nous sommes surpris de constater que l’enrôlement coûte excessivement cher, alors qu’ils ont dit que c’est gratuit, c’est tout simplement la somme de 28 mille à payer.» Il poursuit en s’interrogeant : «Mais quel est le problème ? Vraiment ce n’est pas ce que nous attendons de ce régime. Ici, nous vivons dans la pauvreté, nous n’avons pas d’emplois et le seul moyen que nous avons pour donner à manger à notre famille est menacé par les gens sur qui nous avions fondé beaucoup d’espoir.»

Après le point de presse, les conducteurs de moto se sont dispersés dans la commune pour veiller, pour observer un mouvement de grève. Et ils ont fait descendre les clients qui s’étaient désolidarisés du mouvement.

Il y a 6 jours, le Ministère des infrastructures et des transports terrestres et aériens (Mitta) avait annoncé que les détenteurs de motos de cylindrée supérieure à 49 cc et non immatriculées devaient se conformer aux mesures prises pour réguler la circulation. Il avait annoncé qu’un sursis de trois mois est accordé aux conducteurs après le début des opérations d’immatriculation gratuites le 6 janvier. Les papiers à fournir sont le Cmc, l’acte de vente légalisé, la copie de la pièce du vendeur pour les Sénégalais et du passeport pour les étrangers pour des frais qui ne devaient pas dépasser 28 mille F Cfa.

Il faut rappeler que cette mesure de l’Etat, pour assainir le secteur des deux-roues et prévenir les accidents, qui font beaucoup de victimes, vient s’ajouter aux tracasseries policières qui impactent durement à l’activité des Jakartamen.
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