Guerre en Rdc : Me Said Larifou dénonce le mutisme des dirigeants africains

Me Saïd Larifou, ancien avocat de Ousmane Sonko, fustige le silence des chefs d’Etat africains face à la guerre opposant la Rdc et les rebelles du M23. La robe noire comorienne milite pour la paix dans ce pays et plaide pour des solutions africaines aux conflits africains.Par Justin GOMIS –
Le mutisme des présidents africains sur la crise en République démocratique du Congo résonne très mal aux oreilles de certaines autorités. En fait, depuis que les combats se sont intensifiés à Goma, aucun chef d’Etat africain n’a élevé la voix pour déplorer et condamner cette situation.
Pourtant, quand il s’était agi de la guerre en Ukraine, ces derniers s’étaient rendus à Kiev et Moscou pour rencontrer les autorités respectives de ces deux pays.
«Nous avons estimé que lorsqu’il y avait la guerre en Ukraine, le monde entier s’était mobilisé comme un seul homme. Et même des dirigeants africains se sont massivement déplacés pour aller en Ukraine et en Russie afin de rencontrer les belligérants, pour trouver une solution africaine à un problème qui n’est pas africain», a dénoncé Me Larifou hier, lors d’une conférence de presse organisée au siège d’Amnesty International.
Pour l’avocat comorien, «il serait aussi de leur obligation de se mobiliser comme ils l’ont fait dans les conflits qui n’ont rien à voir avec l’Afrique». Selon l’ancien avocat du leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, il serait heureux que le Président Bassirou Diomaye Faye prenne la parole pour dire ce qu’il pense par rapport à ce qui se passe en République démocratique du Congo. «Mais, au-delà du Président Diomaye, que tous les présidents africains sortent de leur silence, qui peut être interprété comme une sorte complicité, voire même une sorte de résignation à un problème africain. Qu’ils se lèvent comme un seul homme le plus vite. C’est une urgence pour l’Afrique de donner un autre visage de solidarité et de fraternité puisque ce conflit touche les pays qui sont impliqués», a soutenu la robe noire.
A l’en croire, il y a d’autres pays qui se sont impliqués dans ce conflit. «Et même au-delà de l’Afrique, il y a d’autres pays qui sont impliqués dans tout ce qui se passe dans cette région de l’Afrique. D’où une urgence pour les chefs d’Etat africains de se déplacer en Rdc.» «Il est important, et c’est de la responsabilité de tous les chefs d’Etat, de se déplacer le plus vite possible et se rendre sur les lieux pour imposer une urgence vitale», a conseillé l’avocat comorien. D’après l’avocat, ce serait ainsi un message fort que les dirigeants africains adresseront au monde pour dire qu’ils sont capables de trouver une solution africaine aux problèmes africains.
«En tout cas, si les autorités ne jouent pas leur rôle, les organisations des sociétés civiles restent déterminées à mener ce combat. Nous ne laisserons personne entraîner une guerre et des morts, notamment des victimes innocentes. Nous allons nous mobiliser à l’Ouest, au Nord, à l’Est, au Sud et au Centre. Nous assumons nos responsabilités. Nous ne pouvons pas, quels que soient les motifs, notamment les motifs complètement futiles, laisser l’Afrique sombrer parce qu’il y a des gens qui sont préoccupés par des intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux du continent», a fait savoir Me Saïd Larifou.
«S’ils ne laissent pas l’Afrique tranquille, nous ne les laisserons pas tranquilles non plus. C’est le devoir de toutes les associations qui sont là et qui ont donné leur accord pour aller vers un processus de réconciliation», prévient le conseil de Ousmane Sonko. D’après lui, des initiatives prises dans ce sens sont en cours d’examen et d’homologation. Une manière pour eux, dit-il, de contribuer à l’émergence en Afrique d’un espace de paix et de fraternité.
Pour Larifou, la paix doit être une réalité en Afrique. C’est pour cette raison que la robe noire appelle les institutions et organisations à faire montre d’équité à l’endroit de ce pays.
«Ce qui se passe aujourd’hui en Rdc, c’est ce qui se passe en Ukraine. Je ne vois pas pourquoi la guerre qui se passe en Ukraine mobilise autant d’intervention internationale, mobilise autant de moyens internationaux, et ce qui se passe à l’Est du Congo est considéré comme étant un conflit africain. C’est un conflit qui implique à la fois des Etats africains mais aussi des Etats européens», a-t-il relevé. Ils n’entendent pas baisser les bras. Ils comptent saisir les organisations et institutions pour se mobiliser, à la quête de solutions durables. Ce qui l’amène à dire qu’ils ne vont pas se taire. Car ce qui se passe aujourd’hui en Rdc n’est pas le fruit du hasard. Ainsi, Me Larifou se demande pourquoi les institutions et les organisations qui sont censées préserver la paix ont laissé faire.
Par ailleurs, l’avocat plaide aussi la cause du détenu Ahsmed, un militant politique et professeur d’université, qui observe présentement une grève de la faim. «C’est une épreuve difficile. Cela fait un an qu’il est en détention à la maison d’arrêt pour des motifs illégitimes. Il a même dépassé, informe-t-il, la durée légale de sa détention provisoire.» Pour lui, il s’agit «simplement d’une séquestration», qui «touche au principe fondamental de la liberté».
Pour terminer, il a invité Paul Kagame et Félix Tsishekedi à s’asseoir autour d’une table pour trouver une solution à cette crise qui commence à durer.