La politique du développement renvoie, de prime abord, aux secteurs primaire, secondaire et tertiaire. A ces trois secteurs classiques, il faut ajouter le secteur quaternaire. Pour en parler, il est fondamental de rappeler l’évolution du management. De manière caricaturale, le management est passé de l’homme-main à l’homme-cœur, puis à l’homme-tête. Au début, l’ouvrier était considéré comme un instrument ou une marchandise ; c’est la période taylorienne. On lui donnait juste de quoi reconstituer ses forces pour revenir au travail le lendemain. Cela, sans tenir compte de la plus-value (Karl Marx) qu’il apportait, car étant «une marchandise» qui a la propriété de créer une autre marchandise. Mais à la décharge du manager, l’activité en entreprise était davantage portée sur la réalisation de produits que de services. Plus tard, on a pris conscience (Elton Mayo, Mac Gregor) que l’ouvrier était d’abord une ressource humaine et comme toute ressource (matérielle, immatérielle et financière), on doit l’optimiser. Pour cela, fallait tenir compte aussi de tout ce qui est de nature à le motiver ou à le démotiver ; cette phase est appelée : l’homme-cœur.
Avec le développement des activités de services, le manager s’est rappelé que l’ouvrier était avant tout un être doué de raison, ou comme dirait Descartes, un être pensant. A ce titre, il était dans l’intérêt du manager de le consulter opportunément, de l’associer au processus décisionnel, de recueillir son avis sur certaines questions. Cette nouvelle approche, le caricaturiste l’a appelée : l’homme-tête. Sur le plan graphique, il ne caricature plus le manager, chef d’entreprise comme une boule de muscles avec une petite tête, mais plutôt une grosse tête (macrocéphalisme) sur un petit corps. D’ailleurs, de nos jours, les performances d’une entreprise ne se mesurent pas à l’aune du gigantisme de ses machines ou de ses bâtiments, mais à la capacité que l’entreprise à de maîtriser le flux d’informations ou de données utiles à l’éclairage de son existence. Laquelle existence consistant à décider et à agir. La décision pertinente comme l’action efficace requièrent l’éclairage des données, des informations ou des connaissances. Ces éléments d’éclairage, on ne les tient pas que des ouvrages de référence, des monographies ou de la littérature grise ou souterraine, on les tient aussi du peuple. Ceux qui s’expriment à travers ces supports formels, classiques et ceux qui passent par les nouveaux canaux tels que les réseaux sociaux, constituent le secteur quaternaire ou simplement la matière grise.
Pour parler des réseaux sociaux, j’invite les décideurs politiques, administratifs, religieux, scientifiques à prêter une oreille particulièrement attentive à ceux qui interviennent via ces canaux. Outre les diplômés de l’Ecole de Jules Ferry, les journalistes (Moustapha Diop et son équipe, Serigne Saliou Guèye, Touré Kewoulo…), les experts (Commissaire Sadio, Clédor Sène…), je tiens à citer des chroniqueurs comme : honorable Serigne Bara Ndiaye, Sa Ndiogou, Diawrigne, Sa Wolof, Cheikh Ousmane Touré…. Ceux-là je les appelle tout simplement des intellectuels car ils ne s’intéressent qu’aux faits, aux lois de la pensée et aux processus de pensée. Ils constituent les têtes de pont du secteur quaternaire. Ils ont compris que le mandat social de l’intellectuel, c’est d’éclairer la décision et l’action du décideur ; c’est-à-dire le peuple ou simplement le mandant. Le peuple doit avoir une idée claire de la façon dont les institutions qui émanent de lui sont gérées car «Vox populi, vox dei».
En conclusion, je dirais que c’est le secteur quaternaire qui développe les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Alors, chers mandataires de l’Exécutif, du Judiciaire et du Législatif, permettez-moi de rappeler cette boutade de Confucius, reprise par Foster dans Avoir des idées ; c’est simple ! : «Si nous avons deux oreilles et une bouche, c’est pour écouter deux fois plus que nous ne parlons.» Le peuple vous parle.
Emmanuel KABOU
Ex-Officier de liaison Aiea (Ministère Recherche
scientifique)
Ex-Directeur du Cndst (Ministère Recherche
scientifique)
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