Saint-Louis – Journée internationale de la trisomie 21 : Les parents d’élèves s’investissent dans la prise en charge

Le 21 mars de chaque année, la Communauté internationale célèbre la trisomie 21. A Saint-Louis, une association de parents d’élèves a construit sur fonds propres un centre d’inclusion sociale pour participer à l’amélioration de la qualité de vie des personnes trisomiques. Le ministère de l’Education nationale s’est félicité de cette initiative citoyenne et a promis un accompagnement.
Par Badé SECK – C’est un joyau bâti sur une superficie de 0.16 ha. Il est composé d’une grande salle, de 2 salles pédagogiques, d’un hangar, d’un espace goûter, d’une cuisine, de 2 magasins de stockage et de 2 toilettes séparées filles et garçons. Une initiative parentale pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes trisomiques. Il s’agit du centre d’inclusion sociale dont l’implantation résulte du fait que les enfants trisomiques ont été abandonnés du jour au lendemain et que la ville de Saint-Louis ne dispose pas de structures adaptées à les prendre en charge, explique Baba Ly Sall, déclarant responsable dudit centre.
De ce fait, soutient-il, «nous n’avons pas voulu attendre l’Etat pour apporter des solutions dans la prise en charge de nos enfants atteints de trisomie 21. C’est pourquoi nous nous sommes réunis pour construire ce centre».
Le Centre d’inclusion sociale de Saint-Louis se veut un laboratoire d’inclusion sociale. Les responsables veulent inverser la donne en y insérant des élèves dits normaux afin qu’ils puissent s’habituer à ces enfants trisomiques. Les parents d’élèves ont profité de la cérémonie d’inauguration pour inviter le ministre de l’Education nationale à leur venir en aide pour l’affectation de personnels qualifiés et la dotation de matériels pédagogiques.
La prise en charge de la trisomie 21 nécessite également un programme spécial. C’est ce que l’administration a compris pour concocter un programme individuel de formation qui, selon la directrice des études, repose sur deux volets, à savoir l’éducation et la formation professionnelle. «Quand on accueille les enfants, au cours des trois mois, nous élaborons un plan pédagogique individualisé. Pour mieux définir les objectifs et adapter les études aux besoins et centres d’intérêts des apprenants», a indiqué Khady Diallo, directrice du centre.
Les enseignements-apprentissages tournent essentiellement autour de l’hygiène, de la socialisation du langage, des activités numériques et des activités manuelles pour renforcer la motricité des enfants. En plus de ces apprentissages, les pensionnaires auront l’opportunité de découvrir les futurs métiers, c’est-à-dire la professionnalisation à travers des ateliers de couture, de broderie fermée, de poterie, de transformation des fruits et légumes, et de jardinage.
A Saint-Louis, la prise en charge des enfants trisomiques a toujours été une préoccupation des populations. C’est pourquoi la mise en place du centre est un ouf de soulagement pour les parents d’élèves. «Tous les parents qui ont des enfants trisomiques ont applaudi quand la nouvelle est tombée. Depuis la fermeture du Centre Aminata Mbaye de Saint-Louis, nous ne savions pas à quelle structure se vouer. C’était compliqué pour nous de gérer ces enfants à la maison», se réjouit Siré Wade, une femme d’une quarantaine d’années.
L’inclusion scolaire et sociale ne saurait être une initiative individuelle. Ainsi, au cours de la cérémonie, des bonnes volontés ont pris des engagements fermes pour accompagner l’initiative. C’est le cas de Insa Diagne, président de l’Association de solidarité sportive, culturelle et artistique nationale (Asscan). «A travers le sport, nous allons développer l’inclusion, nous apporterons un personnel qualifié avec des contenus d’activités et du matériel appropriés pour accompagner le projet», note Insa Diagne.
Pour une école inclusive
Fatou Diop Sall, présidente de l’association «Défando», s’est dans la foulée engagée à apporter son soutien par la formation du personnel du centre. En présidant la cérémonie d’inauguration, le coordonnateur du projet «Favoriser l’inclusion et la réussite (Faire école)», Mamadou Sam, a réaffirmé la volonté du ministère de l’Education nationale de garantir à chaque enfant, quel que soit son handicap, l’accès à une éducation de qualité et à des services d’accompagnement adaptés à ses besoins. «L’Etat du Sénégal a toujours placé l’éducation au cœur de son action, avec une attention particulière pour les enfants en situation de vulnérabilité. L’école doit être un lieu d’épanouissement pour tous, sans distinction. En inaugurant aujourd’hui ce centre, nous affirmons notre volonté de garantir à chaque enfant, quel que soit son handicap, l’accès à une éducation de qualité et à des services d’accompagnement adaptés à ses besoins», a-t-il soutenu.
Selon M. Sam, cette inauguration est un appel à la mobilisation de tous. «L’inclusion scolaire et sociale ne saurait être l’affaire d’une seule institution : elle est notre responsabilité collective. Nous devons continuer à travailler ensemble pour lever les barrières, déconstruire les préjugés et garantir à chaque enfant le droit d’apprendre et de grandir dans la dignité», ajoute-t-il.
Le coordonnateur du projet «Faire école» a invité à une mobilisation collective pour que le centre soit un modèle pour d’autres initiatives à travers le pays. La fin de la cérémonie a été marquée par une remise symbolique de matériels didactiques aux pensionnaires du centre. «En cette Journée mondiale de la trisomie 21, je formule le vœu que ce centre soit un modèle pour d’autres initiatives à travers le pays. Que ce soit un espace de réussite, de dignité et d’espoir pour tous les enfants qui y seront accueillis», conclut-il.
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