Dénoncer les dérives

Et c’est seulement aujourd’hui que certains de mes confrères et consœurs se sentent à l’aise pour tenter de rappeler à l’ordre et vouloir assainir notre corporation. Pourtant, nous avons manqué de nombreuses occasions de nous exprimer au bon moment, préférant attendre une période où nos dénonciations perdent de leur impact.
De 2021 à 2024, vous auriez pu lever votre plume pour dénoncer ce qui se passait sur nos plateaux et dans nos médias, en complicité avec certains pionniers ou doyens de la profession. Ce sont bien les médias qui ont accepté que des charlatans deviennent chroniqueurs, sans jamais tirer la sonnette d’alarme. Ce sont eux qui ont laissé des individus sans formation ni connaissances solides s’exprimer sur des sujets cruciaux, manipulant ainsi l’opinion publique. Pire encore, ces pseudo-chroniqueurs ont souvent été privilégiés au détriment de journalistes dûment formés et certifiés.
Vous avez manqué d’innombrables occasions de dénoncer les dérives qui gangrénaient nos plateaux. Vous avez été complices, silencieux face aux confrères et consœurs qui, sous couvert de journalisme, faisaient de la politique en mentant au Peuple. Vous étiez là lorsque nos institutions étaient traînées dans la boue, insultées, dénigrées, diffamées. Où étiez-vous lorsque certains s’acharnaient à les décrédibiliser ?
Je suis heureuse de voir que nous commençons enfin à nous réveiller et à prendre conscience de la situation. Mais il y a une chose essentielle à retenir : il est temps de revoir nos programmes. Trop de politique, au point d’en oublier l’essentiel. Nous devons recentrer le débat sur les véritables maux qui gangrènent notre société et nous interroger sur la meilleure manière d’interpeller l’Etat pour améliorer la vie des citoyens.
Il est urgent de redonner au journalisme sa véritable mission : informer, éduquer et éveiller les consciences. Nous devons refuser d’être de simples relais d’agendas politiques ou de polémiques stériles. L’heure n’est plus à la complaisance, mais à la responsabilité. L’histoire jugera notre silence et nos choix, alors choisissons d’être à la hauteur de notre métier.
Ramatoulaye SECK
Journaliste