Mais quelle est la position de la hiérarchie des Fds face à cette loi  interprétative ? Une loi scélérate, dangereuse et insidieusement dirigée contre nos Fds. Les Fds, en maintien de l’ordre, ont été provoquées et attaquées par des agresseurs, casseurs, voleurs, etc., avec des motivations exclusivement criminelles pour déstabiliser la République. Et les Fds, dans leur rôle de rempart, ont fait face au danger imminent en parfaite position de légitime défense. C’est bien clair d’ailleurs, qu’à première vue, cette loi, au-delà de toutes ses motivations politiques cachées, vise en particulier à salir l’image de nos Fds et les déshonorer. Et à cet effet, Pastef veut se proclamer juge et partie.

Il tente à travers cette loi de renverser les rôles, c’est-à-dire transformer les véritables victimes en faux coupables et vice versa. Dans un Etat de Droit consacré, nul ne peut se faire justice soi-même, comme nul ne peut être condamné sans passer par les tribunaux, avec un jugement équitable fait dans les règles de l’art et conformément à nos lois en vigueur. A plus forte raison, lorsqu’il s’agit des Fds en mission régulière, commandées donc, en légitime défense de riposter à toute attaque contre elles. Si l’on veut découvrir les vrais coupables, c’est simple, il faut procéder à une enquête indépendante et sérieuse. Mais ce qui inquiète beaucoup de Sénégalais, dans le cas d’espèce, c’est le mutisme de la hiérarchie, avec toutes les conséquences fâcheuses ultérieures qui risquent de s’abattre sur elles si rien n’est fait pour éviter cela avant. C’est vrai que les Fds relèvent de la Grande muette où tout se fait dans la discrétion et à l’insu du public. Pourquoi la hiérarchie garde-t-elle un si lourd silence, en lieu et place de prendre en charge leur défense légitimement, par les voies autorisées et de droit, ce qui ne serait que tout-à-fait justice ? Nos vaillants soldats de Fds sont trainés dans la boue, jetés à la vindicte populaire par le parti Pastef, alors que les Fds ne faisaient qu’exécuter les ordres reçus de leurs supérieurs qu’ils avaient l’obligation de respecter. Cela est le cas, puisque les Fds sont actuellement à la disposition totale des manifestants d’hier, aujourd’hui au pouvoir. Présentement, ce sont les politiciens violents d’hier, qui étaient prêts à tout pour accéder au pouvoir, même s’il fallait mettre le pays dans le chaos ou à feu et à sang. Ces derniers étaient prêts à l’époque, selon les propos de leur chef qui appelait à l’insurrection. Et n’eût été la présence des Fds qui ont pu résister et faire face à cette entreprise antidémocratique, violente et exclusivement criminelle, le bilan aurait été matériellement plus lourd, avec des centaines, voire des milliers de morts. Alors, les Fds restent fidèles à leur devise : «on nous tue, on ne nous déshonore pas», et c’est tout à leur honneur.

Les Fds restaient toujours, hier comme aujourd’hui, en service sous le commandement et les ordres de leurs chefs pour assurer la sécurité publique, des personnes et biens publics, au prix de leur vie. Par conséquent, leur hiérarchie a l’obligation juridique, morale et militaire de les défendre comme il se doit, selon les règles en vigueur dans l’Armée. Mais, ironie du sort, ce sont ces mêmes Fds qui assurent actuellement leur sécurité et garde rapprochée, en tout lieu et tout temps, comme cela fut le cas avec tous les régimes précédents, car elles sont au service de la République et ceux qui incarnent l’autorité du pouvoir. Voilà pourquoi il ne faut pas mêler les Fds à la politique, ni vouloir en faire des alliées ou adversaires politiques. Sauvegardons leur neutralité légendaire républicaine !

Eh oui, le président de la République, chef suprême des Armées et gardien de la Constitution, devrait être leur premier défenseur et protecteur, en s’opposant à ce que personne ne tente de souiller leur honneur. Mais, hélas ! La position du Président sur cette loi semble être sans opinion ou ni. Elle s’écarte des principes et de ses responsabilités régaliennes. Et en plus de son rôle central et primordial de gardien de la Constitution et de son application stricte, et en tant que clé de voûte des institutions, rien de ce qui se passe dans la République ne doit lui être indifférent. Voilà pourquoi c’est vraiment dommage ! En d’autres époques et en de pareilles situations, les chefs de l’Armée, de la gendarmerie et de la police avaient un comportement différent. A savoir s’approcher du chef de l’Etat en vue de trouver une solution qui sauverait l’honneur des Fds. Surtout lorsque celui-ci était sur le point d’être entaché par des accusations fallacieuses et sans fondement. Ce silence assourdissant de la hiérarchie face à un problème aussi épineux et sans précédent est d’une gravité insoupçonnée. A mon avis, les anciens officiers supérieurs et chefs d’état-major de l’Armée, hauts commandants de la gendarmerie et justice militaire et directeurs de la Police nationale à la retraite devraient prendre des initiatives personnelles pour parler au président de la République. Oui, pendant qu’il est encore temps, de l’impact négatif et des lourdes conséquences de cette loi sur les Fds. Une telle démarche est un impérieux devoir de la part des anciens envers leurs collègues en fonction actuellement et les troupes qui, quasiment, sont orphelines de défenseur de taille et à la hauteur de la tâche. Une telle initiative bienvenue réconforterait fort bien les Fds qui se sentent, dans les circonstances présentes, abandonnées à leur sort par leurs chefs hiérarchiques d’hier comme d’aujourd’hui. Alors que ces Fds méritent largement les honneurs de la Nation, et non une telle humiliation. tout compte fait, si cette loi est votée telle que le désire le pouvoir, ce sera en définitive une humiliation sans précédent de nos Fds.

Alors que nos Fds n’ont commis aucune faute, loin s’en faut, elles ont accompli, dans une discipline parfaite, leur devoir de soldats le plus normalement, comme le leur dicte le règlement militaire, c’est-à-dire obéir aux ordres du supérieur et exécuter, sans broncher. Cette loi, dans sa rédaction proposée, déshonore les Fds et risque de les fragiliser dans le futur. J’ai noté un exemple intéressant, c’est celui du Général Mansour Seck, ancien Cemga et beaucoup apprécié. Le Général Mansour Seck intervient quelquefois sur des conflits sociaux en vue de trouver une solution heureuse. Je citerai deux exemples dans lesquels il a eu à intervenir. Il s’agit de celui du littoral, le phare des Mamelles et les anciens logements militaires de Terme sud à Ouakam, occupés encore par d’anciens militaires à la retraite. Je m’excuse auprès du Général pour l’avoir cité sans son autorisation. Tout cela pour renouveler que les Fds ont besoin de notre soutien et ont droit à la protection de leur hiérarchie. Et qui plus est, surtout lorsqu’elles sont encore en mission périlleuse avec des risques pour leur vie. Les Fds sont d’une utilité capitale irremplaçable pour la sécurité des populations et de leurs biens, ainsi que la République dans sa globalité. Par conséquent, c’est une grave erreur de les jeter en pâture pour des raisons exclusivement politiques ou une vengeance. Les dirigeants d’un Etat doivent savoir raison garder dans les mesures qu’ils prennent envers les citoyens et éviter de se tromper de cible.
Mandiaye GAYE