Le discours du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’a nullement fait cas de la loi interprétative de la loi d’amnistie adoptée le 2 avril dernier par l’Assemblée nationale. La jeunesse, qui porte un espoir sur ce régime actuel, n’a eu droit qu’à une part congrue dans l’adresse à la Nation du chef de l’Etat. Un discours au cours duquel le président de la République a  annoncé la tenue prochaine du dialogue national où sera abordé le système politique qui se trouve être un thème fourre-tout. Par Amadou MBODJI –

 Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a tenu son discours à la Nation avant-hier, veille du 65ème anniversaire de l’accession du Sénégal à l’indépendance, sans faire mention de la loi interprétative de la loi d’amnistie. Une loi qui vient d’être votée le 2 avril dernier par l’Assemblée nationale. Etant un des sujets brûlants de l’actualité nationale et même internationale, les observateurs les plus avertis s’attendaient à voir le chef de l’Etat en parler dans son discours. Mais au finish, cette question n’a pas été abordée par le locataire du Palais présidentiel qui, pourtant, avait apporté auparavant un soutien à cette proposition de loi polémique du député Amadou Bâ de Pastef. Soulevant ainsi l’ire d’une opposition parlementaire qui promet d’attaquer cette loi auprès du Conseil constitutionnel après son adoption par l’Hémicycle.

Autant la Fête de l’indépendance est une fête pour l’Armée, autant elle l’est pour la jeunesse sénégalaise. Portant un espoir sur le régime actuel pour lequel elle s’est battue afin qu’il se retrouve au sommet de l’Etat, cette jeunesse n’a eu droit qu’à une portion congrue dans le discours du chef de l’Etat.

«Aujourd’hui plus que jamais, nous devons tirer parti de cette force motrice pour redresser ce qui doit l’être et donner corps aux aspirations de notre Peuple et aux espoirs de notre jeunesse», s’est contenté de dire le chef de l’Etat à propos de la jeunesse.

La mise en place d’une Cour constitutionnel pour remplacer le Conseil constitutionnel a été évoquée par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation.

«Ce jour, le projet de loi organique relatif à la Cour constitutionnelle, le projet de révision de la Constitution et le projet de loi organique relatif au Conseil supérieur de la Magistrature, ainsi que les décrets d’application y afférents, ont été finalisés et transmis pour validation», fait savoir le chef suprême des Armées.  Le chef de l’Etat annonce aussi la tenue prochaine d’un dialogue national au cours duquel le système politique sera au menu des discussions. Va-t-on parler de la rationalisation des partis politiques ? Cette question avait été un temps agitée par le régime actuel. Va-t-on aussi vers un renouvellement en profondeur de la classe politique entamée avec le changement de régime ? Annonçant dans son premier discours à la Nation des réformes profondes du système électoral par le remplacement de la Cena par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le président de la République n’en a pas fait cas lors de son adresse à la Nation d’avant-hier. D’où cette question : est-ce que cette réforme annoncée par le chef de l’Etat est toujours de mise ? Est-ce qu’elle sera abordée lors du dialogue national ? Est-ce que la Direction générale des élections (Dge) va être maintenue ou remplacée par la Ceni ? La réponse sera connue dans les jours à venir après la polémique suscitée au sein d’une opposition qui est au pouvoir aujourd’hui et qui, au plus fort de la tension, avait vu la Dge refuser de délivrer au Pm les documents nécessaires à sa participation à la dernière élection présidentielle à cause de l’invalidation de sa candidature suite à une condamnation judiciaire. De guerre lasse, ce dernier s’était résolu à parrainer la candidature de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, élu plus tard cinquième Président du Sénégal.
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