Une déclaration dite de Dakar et une nouvelle stratégie. C’est ce qui est attendu du forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel, pour réactiver les engagements et définir des actions concrètes pour les prochaines années sur la question de l’irrigation dans la région. Cette rencontre entamé hier, et qui se poursuit jusqu’au vendredi, a pour thème «Renforcer l’irrigation pour la résilience aux changements climatiques». Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant) – 

Dégager de nouvelles trajectoires de mobilisation sur la question de l’irrigation dans le Sahel. C’est le sens du forum de haut niveau sur l’irrigation dans la région que le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), en partenariat avec la Banque mondiale, organise à Dakar du 7 au 11 avril. Appelé Dakar +10, le forum se propose de faire le bilan de la décennie écoulée dans les différents pays et au niveau régional, et de discuter de nouvelles stratégies pour des systèmes d’irrigation intelligents et résilients. Une nouvelle déclaration engageant les gouvernements du Sahel et leurs partenaires autour d’objectifs concrets, en fin de session, va servir de ligne directrice pour les années à venir.

«Après le forum Nouakchott + 10 en novembre 2024, au cours duquel la région a tracé les nouveaux signaux pour le développement de l’élevage et du pastoralisme, nous voilà réunis dans le cadre des accords politiques pour dégager de nouvelles trajectoires de mobilisation en faveur de la gouvernance de l’eau. Pour les pays sahéliens, la question de l’eau est intimement liée au défi de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’eau potable», a noté Abdoulaye Mouhamadou, Se­crétaire exécutif du Cilss. Il a rappelé que l’objectif dans la déclaration de Dakar 2013 était de porter les superficies en maîtrise de l’eau dans le Sahel à un million d’hectares à l’horizon 2020. «Même si l’objectif d’un million d’hectares n’a pas été atteint, les études montrent que les superficies aménagées ont augmenté de façon régulière dans les pays du Sahel et la production agricole, utilisée par excellence, a pratiquement doublé, surclassant les autres cultures qui dépendent essentiellement de la pluviométrie», a-t-il poursuivi dans son allocution à l’ouverture du forum au Cicad. M. Mouhamadou a par ailleurs fondé beaucoup d’es­poir sur Dakar +10 qui demeure une opportunité pour dégager des orientations et trajectoires nouvelles en partant du constat que la région peut compter sur un potentiel d’irrigation faiblement exploité pour relever les défis. Il a, à ce propos, magnifié l’apport du Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis) déployé au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad. «Au sortir de ces forums, l’adoption d’une nouvelle déclaration de Dakar et la nouvelle stratégie d’irrigation pour le Sahel viendront réactiver les engagements et définir des actions concrètes pour le futur. D’ores et déjà, les attentes des pays de la région qui le suivent sont grandes», a posé le Secrétaire exécutif du Cilss.
Pour le ministre de l’Agri­culture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Dr Mabouba Diagne, l’heure est à la recherche de nouveaux paradigmes. «Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas continuer de faire ce que nous faisons et espérer avoir des résultats différents», a dit le Masae dans son discours d’ouverture. «Nous devons réussir Dakar+10. Nous devons dépasser l’étape où nous nous fixons des objectifs et nous trouvons des excuses pour dire qu’on ne les a pas atteints. Nous avons tout pour réussir cette mission.  La question est de savoir pourquoi pendant 40 ou 50 ans, depuis nos indépendances, l’Afrique ne peut pas se nourrir, ne peut pas créer des emplois, ne peut pas éradiquer la pauvreté dans le monde rural.  Nous devons être beaucoup, beaucoup, beaucoup plus audacieux», a insisté M. Diagne, ayant rappelé que seuls 300 hectares ont été irrigués, suite à la déclaration de Dakar en 2013. «Cette tribune du Cilss est une plateforme d’expérience pour relever le défi de la souveraineté alimentaire à travers l’irrigation et la maîtrise de l’eau.  La seule option qui va sortir l’agriculture et l’élevage de la dépendance à la pluie et en faire un secteur pourvoyeur d’emplois et un facteur de croissance», a avisé le ministre.

Les ministres en charge de l’Agriculture ou de l’Hydraulique du Mali, du Niger, de la Mauritanie ainsi que les représentants des partenaires financiers et techniques ainsi que des experts prennent part au forum.
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