La famille de Mohammad Sharaf, 17 ans, accuse un garde de sécurité d’une colonie israélienne d’avoir tiré sur l’adolescent. La police conteste.

C’est l’histoire d’un mort englouti, d’un nom supplémentaire dans la longue liste des victimes du conflit israélo-palestinien, inscrit le 21 juillet. Ce jour-là, à Jérusalem, trois Pales­ti­niens sont tués au cours d’affrontements suivant la grande prière. Parmi eux, Mohammad Sharaf, 17 ans.
Le mouvement de contestation contre les portiques installés à l’entrée de l’Esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les Juifs) est alors à son apogée. Le jeune homme meurt d’une balle dans la nuque, rapporte le Croissant-Rouge palestinien le jour même. Très vite, sur les réseaux sociaux, la rumeur enfle. La balle aurait été tirée par un colon. Ensuite, rien. Seul le silence a recouvert l’adolescent, enterré à la hâte.
A la mi-journée ce 21 juillet, les habitants du quartier de Ras Al-Amoud ont remonté les ruelles pentues pour arriver jusqu’au carrefour, au pied du cimetière juif, sur le Mont des Oliviers. Ils espéraient redescendre ensuite vers la porte des Lions, à l’entrée de la vieille ville, point de ralliement des fidèles. Mais la police avait dressé un barrage. Les centaines de personnes présentes ont donc prié sur le bitume. A peine avaient-elles terminé que les incidents débutèrent. La police décida de disperser la foule.
Mohammad était le troisième des six enfants de Mahmoud Sharaf, 49 ans. Dans la panique et la fuite des habitants, suscitées par les grenades assourdissantes, le gaz lacrymogène et les balles en caoutchouc, le fils et le père se perdent de vue. Ce dernier, vendeur de matériaux de construction, regagne la maison familiale. Derrière, Mohammad a un peu traîné aux alentours du rond-point. Certains jettent des pierres sur les policiers. Le jeune homme veut redescendre dans le quartier. Il passe, en chemin, devant la colonie de Maale Zeitim.
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