L’Association sénégalaise des éditeurs (Ase) a élevé Abdoulaye Elimane Kane au rang de Grand champion des lettres et de la culture. Parrain de la première édition de la Rentrée littéraire, Abdoulaye Elimane Kane salue le monde du livre et ses artisans, mais alerte sur le déséquilibre entre livres scolaires et littérature générale.Par Ousmane SOW –

 La première Rentrée littéraire du Sénégal s’est tenue jeudi dernier à la Maison de la culture Douta Seck. Editeurs, écrivains, auteurs, poètes, institutions et passionnés du livre se sont retrouvés pour bâtir une culture du livre solide et inclusive. Parrain de cette édition organisée par l’Association sénégalaise des éditeurs (Ase), en collaboration avec l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, Abdoulaye Elimane Kane, élevé au rang de Grand champion des lettres et de la culture, a salué le monde du livre et ses artisans : «Je remercie le monde des lettres et du livre, avant de remercier les éditeurs sur une question très simple et précise : ce que je leur dois et pourquoi je dois les remercier.» Reconnaissant envers ceux qui ont porté sa voix, il affirme : «Ce que les éditeurs doivent aux écrivains, les écrivains le doivent aussi certainement beaucoup aux éditeurs.» En effet, le philosophe et ancien ministre de la Culture sous Abdou Diouf, récompensé pour l’ensemble de ses œuvres littéraires et sa contribution dans le secteur du livre, a déjà été sollicité pour jouer ce rôle de parrain à plusieurs reprises. «Il y a une dizaine d’années, la Direction du livre et de la lecture m’a fait l’honneur de me désigner parrain d’une édition de la Foire internationale du livre et de la lecture. C’était un événement important pour moi. Ensuite, l’Association des écrivains du Sénégal, à l’occasion d’une édition de la Journée internationale des écrivains africains. Je vais finir par croire que je suis un peu lié au parrainage», a-t-il expliqué. Revenant sur le thème, «Souveraineté littéraire : possibilités et perspectives», pour Abdoulaye Elimane Kane, la souveraineté passe d’abord par l’histoire. «Une explication qui ne tient pas compte de la dimension historique de ce qu’elle explique ne vaut rien», a-t-il rappelé, citant Karl Marx. Cependant, en ce qui concerne les défis du secteur, il alerte sur le déséquilibre entre livres scolaires et littérature générale. Et il expli­que : «La question entre l’édition de littérature générale et l’édition des livres scolaires. La dernière, étant plus substantielle, devant pouvoir financier l’autre.» Avant de poursuivre : «Il y a des problèmes qui ne dépendent ni des éditeurs, ni de l’Etat, mais qui dépendent en partie des populations. C’est le lectorat, c’est l’usage de la langue nationale, c’est le goût de la lecture, qui n’est pas seulement le fait des populations africaines. La déperdition en matière de lecture a frappé même les pays occidentaux, où pourtant l’alphabétisation n’est pas un pro­blème.» Abdoulaye Elimane Kane conclut alors en revenant au thème de cette rentrée qui, selon lui, pose une question de fond. «Je pense effectivement que le thème de cette édition est une manière de revenir là-dessus, de mettre le doigt sur ce qui fait mal, et de voir comment aller de l’avant», a-t-il laissé entendre.
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