Accès aux médicaments et vaccins : 50% de la population africaine privés de ce droit

Garantir l’accessibilité des traitements vitaux à tous en Afrique, quel que soit le statut économique. Tel est le vœu des pays africains où le problème d’accès aux médicaments se pose avec acuité. Le Conseiller technique système pharmaceutique et produits de santé à l’Oms à Dakar informe que, selon l’Onu, «environ 2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès aux médicaments essentiels». Et D’après Dr Njambong Guy, l’Oms a constaté qu’en «Afrique, et particulièrement en Afrique subsaharienne, 50% de la population sont concernés par ce manque d’accès». Pour le Conseiller technique système pharmaceutique et produits de santé de l’Oms à Dakar, il urge d’unir les forces pour pallier ce problème. «Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence et la nécessité d’agir ensemble pour améliorer la situation», a-t-il dit.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que le Réseau d’information sur les prix et le remboursement des produits pharmaceutiques en Afrique (Ppri) tient, depuis hier, un atelier qui a réuni les délégations de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte, de la Gambie, de la Guinée, du Kenya, du Maroc, du Niger, du Rwanda, de la Tunisie et du Sénégal, en collaboration avec la fondation belge Enabel et la République d’Autriche. L’objectif de cet atelier est de lancer le réseau Ppri Africa et de discuter des défis liés aux prix des médicaments et des politiques de remboursement. Lors de cette rencontre, Dr Guy a attiré l’attention sur la nécessité d’avoir en quantité des médicaments et des vaccins pour atteindre la Couverture sanitaire universelle (Csu). «L’Oms a identifié que pour atteindre la Couverture sanitaire universelle, il est impératif que les gens aient accès à des médicaments et vaccins essentiels, sûrs, efficaces, de qualité et abordables.» A l’en croire, «entre 2016 et 2030, l’Oms s’est fixé des objectifs ambitieux : permettre à un milliard de personnes supplémentaires de bénéficier de la Couverture sanitaire universelle, mieux protéger un milliard de personnes contre les urgences sanitaires et améliorer la santé et le bien-être d’un autre milliard de personnes». Mais, cette volonté de l’Oms se heurte aux coûts exorbitants des médicaments. Ce qui fait dire à l’expert que «les coûts croissants des médicaments sont devenus une préoccupation pressante dans tous les pays». Et d’ajouter : «Les prix de certains médicaments essentiels, comme les médicaments anticancéreux, sont devenus inabordables, même dans les pays à revenu élevé. De plus, les prix des nouveaux médicaments essentiels sont souvent universellement inaccessibles.» Se voulant toutefois rassurant, il soutient que des efforts sont consentis pour veiller sur les prix des médicaments. «L’Oms a collaboré avec Health Action International pour surveiller les prix des médicaments et leur disponibilité à travers un projet qui développe une méthodologie validée pour mesurer ces aspects», a-t-il déclaré. Dans la même veine, Dr Guy renseigne que «l’Oms a mis à jour la liste des sources d’information sur les prix des médicaments et a renforcé la transparence du marché, soutenue par un de ses dix centres collaborateurs en politique sur les prix mondiaux».
Le ministre de la Santé, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cet atelier, s’est réjoui du choix porté sur le Sénégal pour abriter cette rencontre. D’après Dr Ibrahima Sy, la souveraineté pharmaceutique constitue une priorité pour les autorités qui se sont engagées pour la relance de l’industrie pharmaceutique. En outre, il trouve que le Réseau d’information sur la tarification et le remboursement des produits pharmaceutiques vient à son heure. «Avec un tel réseau, nos pays pourront travailler ensemble, de manière harmonisée, sur les prix et le remboursement des produits pharmaceutiques, échanger nos expériences et bonnes pratiques, comparer les instruments qui sont utilisés, en tenant compte des spécificités de chaque zone», a-t-il dit. Pour le ministre de la Santé, «ce réseau constitue un cadre approprié pour renforcer la sensibilisation des patients sur les prix pharmaceutiques, sur les budgets des structures publiques et privées, ainsi que ceux des ménages» qui, souligne-t-il, «disposent d’un pouvoir d’achat souvent très limité». Dr Ibrahima Sy reste convaincu «que la mise en place de réelles politiques de tarification, de remboursement des médicaments et autres produits de santé est un bon moyen d’accélérer l’atteinte de ces objectifs».
L’ambassadrice de Belgique au Sénégal, Hélène De Bock, qui a parlé au nom de la Team Europe, a promis leur soutien sur «l’écosystème pour la production de vaccins et sur le plan de relance de l’industrie pharmaceutique locale». Selon elle, ces efforts portent sur la gouvernance du plan de relance de l’industrie pharmaceutique, le renforcement de la réglementation, le développement des compétences, la recherche et l’innovation, ainsi que le développement industriel. A l’en croire, environ 200 millions d’euros sont investis à travers 18 projets.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn