L’ancien ministre Babacar Gaye déplore la sortie du Premier ministre contre l’opposition après le rejet de la loi interprétative de la loi d’amnistie. Il demande à Ousmane Sonko de se départir de sa casquette politique et travailller plutôt à solutionner les problèmes des Sénégalais.Par Amadou MBODJI –

 L’ancien ministre libéral, Babacar Gaye, a critiqué l’attitude du Pm par rapport au rejet de la loi interprétative de la loi d’amnistie, lui reprochant ses critiques «mal placées» en direction de l’opposition. «Les propos du Pm sont purement politiques. Au lieu de se garder de faire des commentaires sur la décision du Conseil constitutionnel, le Pm s’est mis à qualifier l’opposition de résidus. Ce comportement ne doit pas être celui d’un Pm. Il doit se sortir de la posture qu’il avait du temps où il était dans l’opposition, et comprendre qu’il est maintenant le chef du gouvernement», regrette Babacar Gaye, se remémorant le moment où le Président Macky Sall avait pris acte de la décision du Conseil rejetant sa proposition de repousser la dernière Présidentielle de mars 2024.

Le Pm, d’après M. Gaye, est attendu «pour apporter des solutions aux problèmes des Sénégalais et faire face aux problèmes relatifs à la fermeture des entreprises dans le secteur du Btp, et sortir la presse des difficultés dans laquelle elle se trouve actuellement». «C’est lui qui a tenu des discours au vitriol à l’endroit du Président Macky Sall. Il s’est attaqué aux institutions, aux juges d’instruction. C’est le revers de la médaille», a ainsi poursuivi M. Gaye parlant du Pm. «S’il y a des hommes forts, les institutions seront affaiblies», défend Babacar Gaye. En phase avec la reddition des comptes, Babacar Gaye appelle au respect au droit des citoyens, citant notamment l’ancien ministre Mansour Faye à qui une interdiction de sortie du territoire sans notification avait été opposée par le régime actuel. Babacar Gaye parle plutôt de «règlement de comptes». C’est ainsi qu’il qualifie de deux poids deux mesures le fait d’accepter le cautionnement à certains, alors qu’à d’autres, comme le député Farba Ngom et l’homme d’affaires Tahirou Sarr, ce droit leur est refusé.

Les crimes commis entre 2021 et 2024 lors des émeutes sont définitivement effacés. Le Conseil constitutionnel l’a confirmé avant-hier mercredi, en rejetant la loi d’interprétation de l’amnistie qu’il juge «contraire à la Constitution». Par ailleurs, Babacar Gaye est formel ! La décision du Conseil constitutionnel de rejeter la loi interprétative de la loi d’amnistie doit être appliquée dans toute sa plénitude. Selon l’ancien porte-parole du Pds, c’est une décision qui ne doit faire l’objet d’interprétation, faisant allusion à ceux qui font le tour des plateaux de télé pour la commenter, en reprochant à ces derniers de ne faire purement que de la politique.

«Les constitutionnalistes peuvent commenter les décisions du Conseil constitutionnel avec les étudiants, au lieu de faire le tour des plateaux télé, ce qui ne relève que de la politique. La loi interprétative de la loi d’amnistie est rejetée, c’est ce qu’a dit le Conseil constitutionnel. Tout commentaire traduit une volonté de faire de la politique. Ce qui est important, c’est que cette loi ne peut pas être promulguée par Diomaye Faye», assène Babacar Gaye, ancien ministre sous le régime du Président Wade. Ce dernier poursuit son argumentaire en renforçant davantage sa position : «L’opposition n’était pas d’accord avec cette loi interprétative de la loi d’amnistie, ils (le camp du pouvoir) ont voté cette loi avec leur majorité mécanique ou électronique comme disent les autres. La loi a fait l’objet d’un recours de la part de l’opposition, le Conseil constitutionnel a clos le débat.»
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