Alors que la pêche artisanale nourrit des milliers de familles sénégalaises, des méthodes destructrices continuent de décimer les ressources marines. Entre l’utilisation de filets monofilaments prohibée et l’urgence d’un changement de mentalité, c’est l’avenir des océans et des communautés côtières qui se joue. Pour inverser la tendance, l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam) sonne l’alerte.Par Alioune Badara CISS(Correspondant) –

 La mer n’est plus aussi généreuse qu’autrefois au Sénégal. Pillées par des pratiques illégales et destructrices, les ressources marines s’épuisent à un rythme alarmant. Pourtant, la pêche artisanale, pilier économique et social pour des milliers de familles, reste dépendante d’écosystèmes marins en bonne santé. Face à cette situation critique, l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam) précise que la question n’est plus de savoir si un changement est nécessaire, mais combien de temps il reste pour agir.
Symbole de ces dérives : les filets monofilaments. Prohibés par la loi à cause de leur capacité à capturer sans distinction poissons juvéniles, espèces menacées et autres organismes marins, ils continuent d’être massivement utilisés. «Les filets monofilaments, bien que formellement interdits par la loi, continuent d’être largement utilisés. C’est tout un écosystème qui est en jeu», alerte Gaoussou Guèye, acteur de la défense d’une pêche durable.
Et selon lui, «la conséquence est immédiate : une raréfaction dramatique du poisson, principal moyen de subsistance pour les communautés côtières. La pression sur les ressources marines atteint un point critique, menaçant à la fois la sécurité alimentaire et la stabilité économique de régions entières. Sans ressources, ce sont des emplois, des traditions et des vies qui disparaissent peu à peu».
Pour enrayer cette dynamique mortifère, les spécialistes plaident pour un sursaut des acteurs de la pêche artisanale. «Adopter des pratiques responsables n’est pas seulement une obligation légale, c’est aussi un acte de survie», insiste l’Aprapam.
L’organisation milite pour une meilleure sensibilisation et un engagement effectif des pêcheurs dans la protection des ressources.
Mais la sensibilisation seule ne suffit plus. Les Ong et les autorités locales appellent à renforcer la surveillance en mer, à appliquer des sanctions contre les infractions et à soutenir la transition vers des techniques de pêche sélectives et respectueuses de l’environnement. Pour de nombreux pêcheurs, souvent confrontés à une précarité chronique, ce changement de modèle nécessite un accompagnement adapté.

Au-delà des enjeux économiques et environnementaux, c’est toute une identité culturelle qui est menacée. La pêche artisanale, avec ses savoir-faire transmis de génération en génération, fait partie intégrante du patrimoine sénégalais. Sa disparition serait une perte irrémédiable pour l’histoire et l’âme des communautés côtières. «Les océans ne peuvent attendre», préviennent les défenseurs de l’environnement. Dans ce combat pour une pêche durable, il en va non seulement de la survie des océans, mais aussi de celle des hommes et des femmes qui en dépendent. A travers des actions concertées, des politiques volontaristes et une responsabilisation de tous les acteurs, il est encore possible de sauver les mers sénégalaises et d’assurer un avenir aux générations futures.
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