L’association et cabinet Senegel, en partenariat avec Ja/Africa, a lancé, ce week-end au Cedeps de Mbour, une série de formations intensives destinées à outiller des facilitateurs chargés d’accompagner les jeunes vers l’emploi ou la création d’entreprise. Ce programme d’envergure nationale vise, à terme, la création de 50 mille opportunités professionnelles. «Nous traitons le chômage des jeunes comme une pathologie. Il faut des facilitateurs qui tiennent la main des jeunes, depuis la naissance d’une idée jusqu’à l’insertion ou la création d’une entreprise», déclare Papa Samb, administrateur de Senegel.

Selon M. Samb, la démarche de Senegel repose sur une approche systémique. L’orga­nisation ne cherche pas à agir seule, mais à fédérer les acteurs existants au sein d’un écosystème de compétences interconnectées. A travers ce réseau, elle identifie les besoins, mutualise les efforts, évite les doublons et cible des résultats concrets.

La formation, baptisée Bootcamp pour facilitateurs, se déroule en plusieurs étapes : quatre jours de formation intensive, suivis de huit semaines d’accompagnement par des mentors et experts, et enfin quatre semaines d’apprentissage autonome. «On ne s’arrête pas à une formation théorique. Le suivi est la clé. A la fin des trois mois, le jeune doit soit avoir un emploi, soit créer une activité viable», insiste Papa Samb.

Pour le Bootcamp de Mbour, 50 jeunes ont intégré le programme. Le projet prévoit de former 500 facilitateurs dans tout le Sénégal, répartis dans des communes de Saint-Louis, Kaolack, Dakar, Thiès ou encore Kébémer. Chaque facilitateur accompagnera une trentaine de jeunes. «Nous voulons créer une chaîne de valeur et des relais solides dans les communautés», explique l’administrateur de Senegel.

Ce programme est mené en partenariat avec des institutions publiques comme la Direction de la protection sociale et l’Anpej, mais aussi des acteurs de terrain comme les associations locales.

En écho aux propos de M. Samb, Mbacké Diouf, coordinateur du Centre-conseil pour adolescents de Mbour (Cca) précise : «Cette formation vient renforcer nos actions d’autonomisation, notamment auprès des filles. 80% des participants sont issus du club des jeunes filles du département. C’est un levier contre la vulnérabilité.»

Le programme accorde une attention particulière aux réalités socioculturelles du pays. «Nous voulons adapter les solutions à nos contextes, pas dupliquer des modèles étrangers. L’empathie et la compréhension des défis quotidiens des jeunes sont essentielles», affirme Papa Samb. Selon lui, l’échec des programmes d’insertion réside souvent dans leur déconnexion avec le vécu des bénéficiaires. «On donne parfois 100 000 F à un jeune pour un projet qui en demande 2 millions. C’est voué à l’échec», déplore-t-il.

Il a également souligné qu’au-delà de la théorie, Senegel investit dans des secteurs concrets. Cinq filières ont été identifiées : mécanique, menuiserie, couture, artisanat et industrie créative. Des partenariats sont en cours avec des fédérations professionnelles et des maîtres artisans.

En plus du Sénégal, Senegel mise aussi sur l’ouverture à l’international. «Nous mettons nos réseaux internationaux au service des jeunes : mentors, coaches, accès aux financements et aux marchés, opportunités de stage ou de bourse. Les jeunes ne doivent pas être laissés seuls face à la complexité du marché du travail», conclut Papa Samb.

Le programme, qui a démarré à Mbour, s’étendra progressivement sur l’ensemble du territoire.