Le monde de l’art avait les yeux rivés sur Koyo Kouoh, désignée première femme africaine Directrice artistique de la Biennale de Venise en 2026. Mais la fondatrice du Raw Material à Dakar et Directrice exécutive du Zeitz Mocaa en Afrique du Sud est décédée dans la nuit du 9 au 10 mai en Suisse.

 

Par Mame Woury THIOUBOU – Le monde de l’art attendait avec impatience sa proposition curatoriale à la prochaine Biennale de Venise en 2026. L’annonce était prévue le 20 mai prochain. Mais Koyo Kouoh manquera ce rendez vous. Dans la nuit du 9 au 10 mai, la Directrice exécutive et conservatrice en chef du Zeitz Mocaa, le Musée d’art contemporain du Cap en Afrique du Sud, s’est éteinte en Suisse. Raw Material, le centre d’art dont elle est la créatrice à Dakar, annonce la nouvelle en ces termes : «Notre bien-aimée Koyo Kouoh, mentor, sœur, leader et éternelle visionnaire, est passée dans un autre monde dans la nuit du 9 au 10 mai, nous laissant dans une profonde tristesse et un immense chagrin.»

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A son tour, la Biennale de Venise, qui l’avait désignée pour assurer la Direction artistique de l’édition de 2026, assure avoir appris «avec consternation», la nouvelle de la disparition soudaine et prématurée de Koyo Kouoh. «Sa disparition laisse un vide immense dans le monde de l’art contemporain et dans la communauté internationale des artistes, des conservateurs et des chercheurs qui appréciaient son extraordinaire engagement intellectuel et humain», a indiqué l’institution dans un communiqué. L’onde de choc de la nouvelle a parcouru le monde, et les réactions et témoignages ont fleuri. Il faut dire que Mme Koyo, comme beaucoup l’appelaient, était devenue, au fil des années, une personnalité incontournable dans le monde de l’art africain.

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Au Sénégal, la ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture salue son parcours. Sur les réseaux sociaux, Khady Diène Gaye écrit ceci: «C’est avec émotion et tristesse que j’ai appris le décès de la curatrice Koyo Kouoh. Koyo a été la fondatrice et l’animatrice du magnifique et dynamique centre qu’est le Raw Material Company situé à la Zone B, haut lieu de curation, d’exposition et de débats. Sa disparition est d’autant plus cruelle qu’elle devait être, en 2026, la première femme africaine commissaire de la Biennale d’art contemporain de Venise. Koyo Kouoh manquera énormément au Sénégal qu’elle aimait tant. Un amour que lui ont toujours rendu nos artistes, journalistes, chercheurs et conservateurs, à qui je présente mes sincères condoléances.»

Jamais une femme africaine ne s’était vu confier la Direction artistique de la Biennale de Venise. Et c’est à Koyo Kouoh, éternelle pionnière, que cet honneur revenait. «C’est un honneur et un privilège unique de suivre les traces d’illustres prédécesseurs dans le rôle de Directrice artistique et de créer une exposition qui, je l’espère, aura un sens pour le monde dans lequel nous vivons en ce moment et, plus important encore, pour le monde que nous voulons construire», avait-elle déclaré au moment d’être choisie comme commissaire de la Biennale d’art contemporain de Venise 2026.

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Née au Cameroun en 1967, Koyo Kouoh a 13 ans quand sa famille déménage en Suisse. Elle y suit d’abord des études en finances, avant de se passionner pour la culture. Fascinée par la littérature et le cinéma, elle s’implante, à la fin des années 1990 à Dakar, au Sénégal. D’abord coordinatrice des Arts et de la culture au Gorée Institute, elle devient, entre 2001 et 2003, co-commissaire des prestigieuses Rencontres africaines de la photographie de Bamako au Mali, tout en collaborant aussi à la Biennale de Dakar. Le Raw Material, centre pour l’art, le savoir et la société qu’elle créé à Dakar en 2011, devient très vite un creuset de réflexion et d’expérimentation sur les dynamiques qui parcourent l’art sur le continent et dans ses diasporas. Co-fondatrice du Partcours, cet événement emblématique du Dakar des arts, elle est aussi commissaire à «1:54», la Foire d’art contemporain africain à Londres, mais aussi à la Dokumenta 12 à Kassel, en Allemagne. Et c’est en 2019 que Koyo Kouoh accède à la tête de l’un des plus grands musées en Afrique, le Zeitz Mocaa en Afrique du Sud.
mamewoury@lequotidien.sn