Croulant sous le poids de nombreuses plaintes après une vidéo virale dans laquelle il insulte l’ex-Président Macky Sall, Azoura Fall, militant de Pastef, semble avoir pris la tangente pour échapper à une convocation judiciaire. Mais, une traque incroyable a été lancée contre lui.

C’est une banale affaire d’insulte publique qui est en train de devenir un dossier étatique. Une chasse à l’homme a été lancée contre Azoura Fall, militant de Pastef, depuis quelques jours. Mais ce week-end, les recherches se sont intensifiées après le lancement d’un avis de recherche par message radio, qui a précipité des éléments de la Brigade de recherches de Kaolack à effectuer une descente à Paoskoto, chez un proche présumé du fugitif. Mais, il n’a pas été trouvé sur place, même si les recherches s’accélèrent avec une opposition de sortie du territoire transmise à la Direction de la police de l’air et des frontières (Dpaf).

Curieusement, Waly Diouf Bodian a pris la défense de Azoura Fall en assurant qu’il ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales et que son état nécessiterait un «accompagnement psychologique» plutôt qu’un «acharnement judiciaire». «Azoura est une victime parfaite du régime de Macky Sall. C’est en prison que j’ai constaté qu’il n’était plus le même. Il y a été incarcéré dans des conditions particulières qui ont profondément affecté son état moral. Aujourd’hui, Azoura n’est plus dans un état normal. Il a besoin d’aide psychologique, pas d’une traque judiciaire dénuée de sens», a déclaré le responsable de Pastef. «Il vient souvent chez moi, on discute régulièrement, et il est clair qu’il n’a plus ses pleines capacités mentales. S’il les avait encore, jamais il n’aurait insulté quelqu’un de notre propre camp», a-t-il insisté.
Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty Interna­tional Sénégal, a exprimé sa vive préoccupation dans un tweet publié ce dimanche 11 mai, dénonçant les méthodes utilisées par l’Etat pour traquer des personnes poursuivies pour des délits d’opinion. «Orga­niser une battue et aller jusqu’à émettre une interdiction de sortie du territoire national pour retrouver une personne poursuivie pour le délit de diffamation, d’injures publiques ou de diffusion de fausses nouvelles est assez troublant pour un Etat démocratique», a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter). Dans le même sillage, il réitère son appel à «la dépénalisation de ces infractions et demande que la liberté d’expression soit mieux protégée au Sénégal» et «la suppression des peines de prison dans les cas de diffamation, d’injures publiques ou de diffusion de fausses nouvelles, des faits souvent instrumentalisés contre des journalistes, des opposants ou des activistes». Pour M. Gassama, il faut un «jugement rapide et la remise en liberté des personnes actuellement détenues pour de tels délits», soulignant que leur maintien en détention constitue une atteinte aux libertés fondamentales.