Lp pour Azoura, Kaïré reste à Rebeuss : Le juge coupe la poire en deux

Assane Guèye alias Azoura Fall a bénéficié, hier, d’une liberté provisoire, à l’inverse de son compère El Ousseynou Kaïré, maintenu en prison. Ces deux militants de Pastef avaient été arrêtés pour avoir tenu des propos discourtois à l’endroit de l’ancien Président Macky Sall. Pour le cas de Azoura Fall, c’est le procureur qui s’était autosaisi pour lui valoir cette arrestation. Son ami, Kaïré, a subi le même sort en lui apportant son soutien lorsque Azoura était venu répondre à sa convocation devant la Division de la cybersécurité.Par Amadou MBODJI –
Deux membres du parti Pastef connaissent des fortunes diverses. Si Assane Guèye, plus connu sous le nom de Azoura Fall, bénéficie d’une liberté provisoire, ce n’est pas le cas pour El Hadji Ousseynou Kaïré, qui reste en prison. Son ami a eu une issue beaucoup plus heureuse en voyant le tribunal ordonner sa mise en liberté provisoire. Ce dernier, malgré sa libération due à un concours de circonstances trouvant son expression à travers sa maladie, se montre solidaire à l’endroit de son ami El Hadji Ousseynou Kaïré. Protestant contre son maintien en prison, Azoura Fall avait initialement refusé de quitter la barre. «Je ne peux pas être libéré sans mon ami Kaïré», rouspétait le sieur Fall, proche du Pm Ousmane Sonko.
C’est ce qui est ressorti de l’audience d’hier au Tribunal des flagrants délits de Dakar, où les avocats de Assane Guèye, alias Azoura Fall, et de El Hadji Ousseynou Kaïré ont plaidé pour leur mise en liberté provisoire.
Brice Dasilva souligne que les prévenus, des figures connues, présentent des garanties de représentation. Me Souleymane Soumaré parle de banalité du dossier : «Ce n’est pas parce qu’il s’agit de Azoura qu’il ne doit pas bénéficier de la liberté provisoire. Il est domicilié, présente des garanties solides et son état de santé le justifie.» Me Saïd Larifou a rappelé que Azoura s’est rendu volontairement, rendant irrecevable l’argument d’un manque de garantie de représentation. Me Faramara Faty a présenté les prévenus comme des citoyens modèles, actifs dans la sensibilisation des populations, affirmant que «leur place n’est pas en prison».
Me Bamba Cissé prend également la défense de ses clients. «Azoura s’est rendu, Kaïré a été arrêté devant la Division de la cybersécurité. Ces jeunes ont été victimes d’une répression étatique. Azoura souffre de troubles psychiatriques.» Il a brandi un certificat médical de l’hôpital Fann, arguant que le trouble à l’ordre public a cessé depuis leur arrestation.
Me Ciré Clédor Ly parle de détention arbitraire. «Ce que Azoura voulait montrer, c’étaient des traces de torture. Les faits datent de neuf mois, il n’y a pas de flagrant délit. Le procureur a violé la loi en ne les jugeant pas immédiatement. Je ne plaide pas la liberté provisoire, mais la liberté d’office, fondée sur les articles 127, 618, 623, 248, 256 et 381 du Code de procédure pénale», a argumenté Me Ly.
Le procureur s’était opposé à la liberté provisoire accordée par le juge à Azoura, déclinant ainsi la raison.
«On insiste sur l’état de santé de Azoura, mais on oublie les circonstances de son interpellation. Les Forces de l’ordre l’ont cherché comme un terroriste.» Il a précisé que les articles invoqués par la défense s’appliquent en instruction, non en flagrant délit. La veille de sa libération, Azoura Fall avait reçu la visite du Pm durant son séjour à la prison de Rebeuss.
Il avait été placé sous mandat de dépôt mardi dernier et il était poursuivi pour discours contraires aux bonnes mœurs. Son arrestation est intervenue plusieurs jours après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il proférait des injures publiques à l’encontre du Président Macky Sall et du ministre Mame Mbaye Niang.
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