Lancement du dialogue politique : Diomaye face à l’ancien monde

Le Dialogue national, rendez-vous annuel institutionnalisé, a démarré à date codifiée (28 mai) au Cicad de Diamniadio sous la présidence du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye. Environ 500 organisations et personnalités vont ainsi échanger à travers les trois commissions sur la question d’intérêt général qu’est le système politique. Le président de la République s’attend à l’issue du conclave, à «des propositions audacieuses» et réalistes.Alioune Badara NDIAYE –
A la fin «des concertations larges et inclusives» du Dialogue national ouvert mercredi au Cicad, le Président Bassirou Diomaye Faye souhaite voir sur sa table des propositions audacieuses et réalistes en vue d’une refondation du système politique actuel. Plus de 500 organisations et personnalités participent, selon le propos du facilitateur Dr Cheikh Guèye, à ces assises dont les travaux sont éclatés autour de trois commissions structurées autour de thématiques diverses portant sur le thème. «Je formule le vœu ardent que vos échanges soient empreints de responsabilité, d’écoute et de dépassement de soi ; qu’ils soient féconds en propositions audacieuses et réalistes, et qu’ils soient guidés, à chaque instant, par l’intérêt supérieur du Sénégal», a exhorté le Président dans son discours d’ouverture. «Au-delà des acteurs politiques, lorsqu’il s’agit de se projeter dans le temps long des réformes qui façonnent notre système politique, toute la société a voix au chapitre. Ainsi devrions-nous définir, par la quête du consensus et par les délibérations collectives, la charpente institutionnelle et normative qui préfigure la vie de notre société politique», a-t-il insisté, témoignant respect et gratitude à ceux n’ayant pas déchiré son invitation. «Cet engouement traduit un encouragement pour tous les participants et un appel pressant au sens des responsabilités afin d’arriver à des consensus forts et productifs», a soutenu le président Faye, félicitant au passage Dr Cheikh Guèye pour avoir accepté de conduire les travaux de ce dialogue en temps de paix qui «enracine davantage dans la tradition continue de concertation et de préservation d’une paix sociale qu’il nous incombe de construire en permanence». «L’histoire politique récente de notre pays nous commande de réformer pour la postérité», a-t-il soutenu, assurant que lesdites réformes devraient s’inscrire dans le sens de renforcer les acquis démocratiques et garantir davantage la stabilité des institutions, d’expurger du système électoral tous les germes de dissension, notamment entre pouvoir et opposition. Le Président Faye a dit ainsi s’attendre à des consensus forts sur des questions comme la rationalisation du calendrier électoral, la création d’une commission électorale nationale indépendante, les modalités de parrainage, le rôle de la Justice dans le processus électoral, le statut de l’opposition, etc. Le contexte est ainsi prolifique pour enclencher les réformes nécessaires, croit savoir le président de la République. «C’est toute la vertu d’un dialogue organisé en temps de paix, non pas pour juguler une tension sociopolitique stressante pour toute la collectivité, mais pour écrire, ensemble, des pages encore plus belles de notre récit politique national», a-t-il ainsi fait comprendre. Le chef de l’Eétat est aussi revenu sur les pages sombres, «trop vivaces pour être oubliées», que le pays avait traversées entre 2021 et 2024, avec son lot de morts et de blessés, relevant l’utilité d’interroger les dynamiques sociétales dans la quête d’une démocratie renforcée pour un pays qui a une longue tradition de dialogue. «Notre responsabilité, c’est de préserver cet héritage et de transmettre le flambeau intact. Au demeurant, nous devons nous garder de l’immobilisme ou du statu quo», a assuré le chef de l’Etat. «Mon rôle, en tant que garant de l’unité nationale, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassurer, rassembler, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix et la stabilité indispensables au développement économique de notre pays. Dans cette dynamique, le gouvernement assumera la plénitude de sa mission. L’opposition sera respectée et exercera librement ses droits, dans le respect de la loi», a-t-il affirmé.
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