Libéré sous bracelet électronique et placé en résidence surveillée, l’ancien ministre de l’Energie, Samuel Amète Sarr, sera jugé devant le Tribunal correctionnel. Le juge d’instruction du 2e Cabinet, estimant les charges suffisantes, a signé l’ordonnance de renvoi le 2 juin 2025. Mais pour la défense de l’ex-ministre de l’Energie, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un acharnement politique.Par Ousmane SOW – 

Dans une requête adressée au président et aux conseillers composant la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar, les avocats de Samuel Amète Sarr, Mes Baboucar Cissé, Cheikh Ahmadou Ndiaye et Amadou Dionware Soumaré, ont déposé, ce 10 juin 2025, un recours pour contester l’ordonnance de renvoi rendue le 2 juin par le juge du 2e Cabinet. Et dans un communiqué transmis à la presse, ils dénoncent une procédure émaillée d’irrégularités et motivée, selon eux, par des considérations politiques. «C’est avec étonnement que nous avons appris l’ordonnance de renvoi en correctionnel prise par le magistrat instructeur le 2 juin 2025 dans l’affaire de la société West African Energy. Cette décision du juge d’instruction suit, de toute évidence, la même logique politique qui émaille la procédure depuis le début de cette affaire», lit-on dans le communiqué. Pour le Parti libéral socialiste sénégalais, à travers sa chargée de communication Sophie Ba, de l’enquête préliminaire à l’instruction cumulativement menées à charge contre Samuel Sarr, «l’impression qui se dégage, c’est la volonté d’exécuter un plan de liquidation politique en complicité avec Moustapha Ndiaye».
Dans leur défense, les conseils rappellent que Samuel Sarr n’a jamais perçu le moindre salaire en tant que Directeur général de West African Energy, bien qu’un traitement mensuel de 10 millions de francs Cfa et une prime de développement aient été prévus. Ils soulignent également que le projet de centrale électrique, conduit par leur client, a été réalisé dans des conditions de transparence, comme en atteste un rapport d’expertise commandité par le juge lui-même. Pour eux, la preuve de l’innocence de leur client réside dans l’entrée en service de la centrale électrique, désormais connectée au réseau de la Senelec depuis le 5 mai 2025, avec une capacité initiale de 127 Mw. «Il est évident que s’il existait un préjudice, cette centrale n’aurait jamais vu le jour», estiment-ils, allant jusqu’à réclamer pour leur client, non pas des poursuites, mais des félicitations. «Samuel Sarr mérite des félicitations, pas une mise en accusation», clament-ils encore. Et d’ajouter : «L’ordonnance de renvoi en correctionnelle est une hérésie qui n’honore ni son auteur ni la Justice.» Cependant, le dossier est désormais entre les mains de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar. «Nous avons saisi la Chambre d’accusation pour demander l’annulation de toute la procédure», affirment les avocats, qui s’attendent à une issue favorable, convaincus que le dossier est «truffé d’irrégularités et instruit à charge». Dans le même sillage, les avocats dénoncent le placement de leur client sous bracelet électronique après l’expiration de son mandat de dépôt. «Après la fin de la durée de son mandat de dépôt, le juge l’a illégalement placé sous bracelet électronique alors que le délai de 6 mois était déjà épuisé. Il s’agit d’un acharnement que seule une collusion politique entre le faux plaignant et son bras armé à la Justice peut justifier», concluent-ils.
Pour rappel, Samuel Sarr, inculpé pour abus de biens sociaux portant sur 8 milliards F Cfa dans l’affaire West African Energy (Wae), avait été arrêté suite à une plainte de ses associés dont Moustapha Ndiaye. Le 28 mai 2025, une expertise médicale ayant conclu que son état de santé était incompatible avec la détention, il a été libéré sous bracelet électronique et placé en résidence surveillée.
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