Il a le don de rendre hilarante l’actualité ! Mamane a présenté, hier au Grand Théâtre de Dakar, «Histoire pas drôle d’Afrique», une relecture satirique de l’histoire africaine, remontant à la Conférence de Berlin, moment charnière de la colonisation.

 

Par Malick GAYE – La vie ne fait pas de cadeau. Il faut trimer pour plusieurs raisons. La Tabaski, avec son lot de dépenses financières, n’en est pas exempte. Que faire pour oublier ? C’est une question que les privilégiés qui se sont calfeutrés hier dans les sièges du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, ne se sont certainement plus posées. L’humoriste et non moins chroniqueur Mamane a présenté son nouveau spectacle. Histoire pas drôle d’Afrique est une relecture satirique de l’histoire africaine, remontant à la Conférence de Berlin, moment charnière de la colonisation.

Littérature – Promotion et production de la littérature féminine : Dix plumes féminines tracent leur voix à Dakar

«Ce spectacle parle du Gondwana, bien sûr, mais surtout de l’histoire de l’Afrique. J’essaie d’établir un diagnostic avec humour pour comprendre comment on en est arrivé s là», a détaillé le chroniqueur de Gondwana à la Rfi, lors d’un déjeuner avec la presse, ce jeudi à l’Institut français de Dakar. «Je sors mon cœur et je le dépose sur scène. C’est la preuve que je ne mens pas. Je donne l’amour de mes frères et sœurs de ce continent sur scène. Le message ne change pas. Là où il y a l’injustice, la mal-gouvernance, où les gens n’ont pas d’électricité…», a-t-il relevé pour inciter le public à venir l’écouter.

Saint-Louis Jazz – Alune Wade sur scène : Un prophète chez lui ! 

Dans son spectacle, Mamane, authentique, pro-met un diagnostic loin d’être complaisant de la situation politique de l’Afrique. Le chroniqueur a assuré que seuls les faits l’intéressent. «J’ai commencé mes chroniques en 2009. A ce moment, c’était Wade qui était au pouvoir. Entre-temps, Macky est venu. C’est Diomaye qui est maintenant au pouvoir. C’est vous dire que j’expose les faits. Je ne parle jamais de personnes», a-t-il détaillé. Si Mamane n’a pas voulu dévoiler le spectacle durant ce face-à-face avec la presse, il a, néanmoins, levé un coin du voile. Dans cette logique, Mamane a promis que les spectateurs en auront pour leur argent. «Quand on monte sur scène, qu’on fait payer un ticket, on doit respecter le public. L’humoriste doit être meilleur que les vidéos drôles de TikTok. Il doit éveiller, informer, éduquer», a-t-il affirmé.

Aïssa Maïga, actrice : «Dans les 10 prochaines années, on verra surgir beaucoup de pépites du côté africain»

Par ailleurs, «l’humoriste doit être cultivé. Lire l’histoire, la science, la linguistique… Il faut comprendre le monde pour le rendre drôle», dresse-t-il comme profil de l’humoriste. Dans la même lignée, il a fait le constat sur l’évolution démocratique de l’Afrique. «L’Afrique change et les réseaux sociaux sont le thermomètre. Il suffit de lire les commentaires des posts des gouvernements. On voit des gens qui disent qu’on n’est pas au Gondwana. Il y a cette conscience grâce à la circulation de l’information par internet. En quelques années, internet a fait beaucoup plus que les milliards investis dans la bonne gouvernance. Internet a démocratisé la contestation», a-t-il déclaré.
mgaye@lequotidien.sn