La candidature d’un Sénégalais à la tête de la plus grande institution internationale devrait réjouir tous les patriotes sénégalais au lieu de susciter cette vague de polémique qui s’interprète facilement par un refoulement de jalousie, de rancune, à moins qu’on ne l’interprète comme un résidu de combat politique contre un adversaire jugé résiduel. Un gouvernement à travers ses membres et des personnalités qu’il a responsabilisés n’a jamais assumé aussi ouvertement son opposition à une éventuelle consécration d’un des fils du pays. Le motif d’opposition publiquement défendu est relatif à des exactions commises entre 2019 et 2024, moment où un conflit ouvert opposait les tenants actuels du pouvoir à ceux qu’ils ont remplacés et qui souhaitent que leur Mentor devienne Sg de L’Onu.
L’impression qui se dégage est que les tenants actuels du pouvoir ont fini de faire le procès de ce conflit, se sont lavés à grande eau et accablent leurs adversaires d’hier et d’aujourd’hui jusqu’à les diaboliser (l’expression est trop faible). Nous partageons l’ardent amour pour ce pays, nous
partageons le même bon sens donc en ce qui nous concerne, nous refusons la censure et l’autocensure. Notre intime conviction est qu’on commettrait une grande injustice si on mettait tout sur le dos de l’ancien Président et des autorités dérivées de la sienne.
Notre analyse des faits est qu’un homme est sorti des nuits de couvre-feu, est allé voir des «charlatans», s’en est sorti avec des accusations de viol suivies de convocations devant des enquêteurs, puis est sorti accuser le Président de comploteur et ameuter tous ceux qu’il pouvait compter comme soutien pour défier tout l’appareil d’Etat. En nous basant uniquement sur ses déclarations, on douterait de sa sincérité pour pencher vers sa volonté de manipuler les masses et toucher la sensibilité de certains groupes ethniques et régionaux. Dans ses toutes premières déclarations, il dit que les accusations à son encontre sont l’œuvre du Président et que l’instauration du couvre-feu de même que les bombardements des bases du Mfdc sont des éléments de ce complot (appréciez l’invocation du Mfdc). Dans une autre de ses sorties, il énumère au moins cinq autorités comme les instigateurs du complot, avant de dire que Macky Sall, pour n’avoir pas stoppé ces agissements, en a une part de responsabilité. Seuls les aveugles ne lisent pas son reniement, on comprend aisément pourquoi avoir visé le plus haut possible, dès le début, avant de rabaisser le niveau de responsabilité quand les choses ont semblé se tasser, un certain protocole a-t-il fait des effets ? En dehors de ce changement de ton qui disculpe Macky du complot et accable son ancien accusateur, ce même accusateur ou ses partisans ont du mal à justifier les refus répétitifs d’obtempérer devant les ordres des Fds (refus d’obtempérer, délit puni par nos lois et règlements), l’épisode de la casse des vitres du véhicule de l’actuel Pm prouve à suffisance la bonne foi et le professionnalisme de notre police et gendarmerie, et le respect qu’elles méritaient de tous ceux qui ambitionnaient de diriger le pays. Jusque-là, un seul mot n’est prononcé par les nouvelles autorités sur les énormes dégâts causés par les manifestants, comme à l’université, un silence synonyme de complicité ou tout au moins de complaisance. Le fait de condamner Macky Sall et disculper Ousmane Sonko sur ce qui s’est passé entre 2019 et 2024 relève d’un parti-pris qui frise la malhonnêteté. Les tenants actuels du pouvoir ont aujourd’hui la possibilité de diligenter des enquêtes pour situer toutes les responsabilités dans ces événements tragiques, malheureusement, le non-lieu prononcé en faveur du Président et de son Pm, et la loi interprétative rejetée n’incitent personne à la confiance sur l’objectivité des nouvelles autorités sur ce conflit que nous devons dépasser pour compléter le Jub, Jubal, Jubenti par le Jubbòo. Je crois fermement qu’un «mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès».
Si Macky Sall a la possibilité de briguer le Secrétariat général des Nations unies, le gouvernement et tous les Sénégalais doivent s’en réjouir et le soutenir. «Lii la ji Senegaal.»
Ousmane Ngom FALL
Professeur de Mathématiques
Principal de collège à la retraite