En vacances en Casamance, à Diouloulou, son fief natal, Lamine Camara a su profiter de sa famille, des proches et autres amis pour se ressourcer, après une saison bien remplie. Il a aussi fait des dons en médicaments et équipements sportifs, mardi (voir notre édition d’hier). Une première pour l’international sénégalais de 21 ans dont l’ambition est de contribuer au développement de sa localité. Dans cet entretien avec Le Quotidien, à Diouloulou, le milieu de l’As Monaco est revenu, entre autres sujets, sur ses projets pour sa commune, la victoire historique contre l’Angleterre, la suite des éliminatoires du Mondial, la Can 2025…Vous avez décidé de vous lancer dans le social avec des dons de médicaments au Centre de santé de Diouloulou, mais aussi des équipements aux écoles de football de la localité, qu’est-ce qui explique cette envie d’œuvrer dans le social ?

J’ai tenu à faire ce don de médicaments parce que cela me tenait à cœur de venir en aide à ma communauté. Il faut dire que j’ai bénéficié de soins en étant jeune sans savoir d’où provenaient les médicaments. J’ai donc trouvé que c’était une bonne chose de faire un peu de social à l’endroit de ma communauté. Surtout que ce ne seront pas seulement les gens de Diouloulou qui vont en bénéficier, mais aussi les autres communes aux alentours, voire même des gens qui viennent de pays voisins comme la Gambie.

La santé et le sport, deux volets importants qui sont indissociables…
Effectivement, comme je l’ai dit, on se doit aussi d’aider les gens de notre communauté. C’est juste un premier geste et on espère pouvoir en faire d’autres à l’avenir, à chaque fois que l’occasion se présente. On se rend compte que les besoins en santé sont là. Ce n’est qu’un début. Je ne suis pas le seul enfant de Diouloulou. Il y a aussi Sadibou (Sané, Fc Metz) dont l’ambition est également de contribuer au développement de la localité en matière de santé.
C’est la même chose pour les équipements sportifs. Quand on était jeune, on n’avait pas la chance d’en disposer pour jouer au football. On faisait avec les moyens du bord. C’est une localité avec beaucoup de jeunes qui aspirent à jouer au football. On ne peut que les encourager en leur offrant des équipements, tout en leur faisant comprendre que les études occupent une place importante. Quand j’ai demandé à mon jeune frère ce qu’il voulait devenir, il a automatiquement répondu footballeur. Mais je lui ai fait comprendre que les études passent avant tout. On peut faire les deux. Il ne faut pas qu’ils pensent qu’en leur offrant des maillots et ballons, c’est pour qu’ils se concentrent uniquement sur le football. Au contraire, c’est une manière de les motiver, mais aussi les sensibiliser en leur faisant comprendre l’importance des études.

Il y a aussi des besoins en infrastructures, surtout quand on voit l’état du Stade municipal…
C’est l’un des chantiers qui me tiennent à cœur. C’est difficile de voir des jeunes d’aujourd’hui continuer à jouer sur du sable. D’ailleurs, lorsque j’ai signé mon dernier contrat avec mon équipementier, je leur avais fait la proposition d’un terrain synthétique. On continue à explorer la piste, en espérant que le projet puisse aboutir, au grand bonheur de tous ces jeunes de la localité. On verra, le moment venu, comment aborder le sujet avec les autorités sur place.

Parlons football, quel est le bilan de votre saison avec l’As Monaco ?
Je suis satisfait de ma saison. On a atteint l’objectif qu’on s’était fixé en début de saison. C’était de se qualifier en Ligue des Champions. Sur le plan personnel, c’est aussi satisfaisant puisque j’ai inscrit 2 buts et réalisé 7 passes décisives. Je sais que j’aurais pu faire mieux. Mais il faut rendre grâce à Dieu. C’était ma première saison à Monaco. On va essayer de faire mieux lors de la prochaine saison.

Comment se passe votre cohabitation avec Krépin Diatta, coéquipier en club et en Equipe nationale ?
Ah lui, c’est plus qu’un grand-frère ! C’est un confident, il me conseille beaucoup. Il m’a beaucoup aidé dans mon intégration. Il y a aussi Singo (Wilfried, international ivoirien) qui me soutient beaucoup. C’est aussi un grand-frère. Il m’aide beaucoup.

Quels sont les objectifs avec Monaco pour la prochaine saison ? Il y a aussi des rumeurs de transfert vous concernant…
Pour le moment, c’est de bien se préparer avant le début de la saison. Après, on verra concernant les ambitions du club et les rumeurs de transfert (rire).

Passons à l’Equipe nationale. Que représente pour vous cette victoire contre l’Angleterre ?
Cette victoire représente beaucoup pour nous joueurs. Surtout quand on a la chance de jouer contre de grands joueurs comme Declan Rice, Harry Kane… qu’on ne voit qu’à la télé. C’était important de répondre présent. C’est une victoire historique pour un pays africain. Surtout que c’est cette Equipe anglaise qui nous avait éliminés en Coupe du monde au Qatar. Beaucoup de Sénégalais espéraient une revanche. A notre niveau, même si c’était un match amical, il fallait montrer de l’engagement et beaucoup de détermination pour espérer un bon résultat. Les conditions étaient réunies pour faire un bon match contre l’Angleterre, ce qu’on a réussi.

Avec ce succès historique, vous avez mis la barre très haut en direction des éliminatoires du Mondial 2026 de septembre, contre le Soudan et la Rd Congo. Une pression supplémentaire ?
En Equipe nationale, on est habitué à la pression. On a montré qu’on était capables de battre de grandes nations européennes. Alors, à nous de confirmer lors des prochains matchs de septembre. D’ailleurs, le match contre l’Angleterre devait nous servir de test pour préparer ceux contre Soudan et Rd Congo. Des matchs importants qu’il faudra aborder avec la même envie pour les gagner. Si on met les mêmes ingrédients que contre l’Angleterre, il n’y a pas de raison qu’on ne gagne pas. Même si on sait que les matchs en Afrique ne sont pas faciles. Mais c’est à nous de mettre ce qu’il faut pour remporter ces deux matchs. Et comme disait souvent coach Aliou Cissé, il est impensable que le Sénégal ne soit pas à la Can ou à la Coupe du monde. Nous sommes conscients des enjeux et nous ferons le nécessaire pour se qualifier à la Coupe du monde et aller faire une bonne Can au Maroc.

En attendant la reprise de la saison, c’est quoi la suite des vacances ?
J’ai pu profiter de la famille, des amis… J’ai souhaité venir à Diouloulou pour y passer les vacances. J’en ai profité pour me ressourcer. Le bonheur est immense lorsque vous croisez un gamin et qu’il prie pour vous. Quand on voit le bonheur que les gens éprouvent pour ma personne, cela n’a pas de prix. C’est très réconfortant. Et cela donne envie de continuer à travailler davantage pour ne pas les décevoir. On se doit donc de leur donner un peu de notre temps, de tout faire pour rester un modèle pour notre jeunesse. C’est ce qui explique ce programme de dons de médicaments et d’équipements. Ce furent aussi des moments pleins d’émotions, de prières… Maintenant, il faudra reprendre le travail et se projeter sur la saison à venir.
Recueillis par Woury DIALLO – wdiallo@lequotidien.sn