Jetp – Mise en œuvre des projets : Dr Papa Fara Diallo craint «une recolonisation verte»

Le président de «Publiez ce que vous payez» (Pcqvp), un réseau d’organisations de la Société civile sénégalaise, craint que la mise en œuvre des projets prévus dans le cadre du Partenariat pour une transition énergétique juste (Jetp, sigle en anglais) débouche sur une «recolonisation verte» au Sénégal. Dr Papa Fara Diallo intervenait lors un panel de haut niveau sur le thème «Piloter le Jetp au Sénégal : vers une transition alignée sur les besoins, les droits et les ambitions nationales» organisé ces derniers jours par le Nrgi dans le cadre d’une table ronde.Par Dialigué FAYE –
Le Sénégal s’est engagé dans un Partenariat pour une transition énergétique juste (Jetp, sigle en anglais), d’une valeur de 2, 5 milliards d’euros, soit environ 1640 milliards de francs Cfa, avec l’ambition d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables pour atteindre un objectif de 40% du mix électrique en termes de capacités installées, d’ici 2030. Le Jetp, aux yeux des autorités et de certains acteurs, représente une opportunité pour le Sénégal de réformer son secteur énergétique et de se positionner comme un leader régional dans la transition vers des énergies renouvelables.
Mais pour qu’il soit un véritable levier de transformation, le président de Publiez ce que vous payez (Pcqvp) appelle à la prudence.
«Si on ne fait pas attention, on risque de déboucher sur une colonisation verte qui ne dit pas son nom.» En effet, explique Dr Papa Fara Diallo, «il y a une technologie qui est utilisée dans le cadre des projets d’énergie renouvelable, que ça soit pour l’hydrogène vert, que ça soit pour les bacs éoliens, l’énergie solaire, etc. Cette technologie n’existe pas chez nous. C’est une technologie qui est importée».
«Dans le cadre de la mise en œuvre du Jetp, d’abord au niveau du plan de financement, est-ce qu’on a prévu tout ce qui est recherche-développement, formation, transfert de technologie, renforcement de capacités, des compétences locales, pour ne plus continuer à vivre dans une dépendance structurelle vis-à-vis de l’Occident ? C’est comme si on avait l’impression qu’on nous a «vendus» un concept, le Jetp. Dans le cadre du plan de financement, il est extrêmement important qu’on tienne compte de la recherche-développement, du renforcement de capacités, du développement de la technologie, la formation, etc.», souligne Dr Diallo. Pour le juriste, il y a une dimension géopolitique, géoéconomique, qui n’est pas assez prise en compte dans le cadre du Jetp. «On n’a pas atteint 3% de niveau de pollution par rapport aux autres et on nous demande d’aller vers une transition…», relève-t-il.
Dr Diallo intervenait lors d’un panel de haut niveau sur le thème «Piloter le Jetp au Sénégal : vers une transition alignée sur les besoins, les droits et les ambitions nationales». Ce débat a été organisé par Natural resource governance institute (Nrgi) dans le cadre d’une table ronde.
Laquelle avait pour objectif «de présenter et discuter des questions-clés mises en évidence dans les rapports d’analyse, ainsi que des recommandations pour contribuer à une gouvernance transparente, inclusive et efficace du Jetp». Mais également, «de sensibiliser, enrichir le discours public sur le Jetp du Sénégal et soutenir la prise de décision éclairée dans le meilleur intérêt du Peuple sénégalais…».
Pour rappel, Nrgi, en partenariat avec d’autres organisations de la Société civile, a accompagné la mise en place d’une plateforme des acteurs de la Société civile pour une transition énergétique juste dénommée «Pactej» qui est en train de jouer un rôle important dans les instances de gouvernance du Jetp au Sénégal.
Et d’après cette organisation indépendante, «plusieurs initiatives ont été mises en œuvre, notamment le renforcement de capacités, la sensibilisation des communautés, la mobilisation des médias et production d’analyses indépendantes. Ces actions visent à renforcer la compréhension citoyenne des enjeux liés à la transition énergétique, et à encourager un suivi critique et constructif des dynamiques de gouvernance du Jetp».
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