Acwa Power – De la rupture à la renégociation : SÉNÉGALAIS ET SAOUDIENS DANS LES MÊMES EAUX

Après la rupture, la réconciliation. Le ministère de l’Hydraulique, à travers la Sones, a signé, avec la société saoudienne Acwa Power, un contrat renégocié concernant la construction d’une usine de dessalement d’eau de mer. L’accord a été paraphé hier au palais de la République sous la présidence du chef de l’Etat et en présence de l’ambassadeur de l’Arabie saoudite au Sénégal.Par Dieynaba KANE –
De la rupture à la renégociation. Dans la foulée de son élection, le nouveau régime avait cassé le contrat, provoquant la colère de Riyad. Hier, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement annonce avoir signé une version renégociée du contrat de financement, de construction, d’exploitation et de maintenance d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande Côte, dans le Pôle urbain du Lac Rose, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Dakar. Représenté par la Sones, le ministère a signé l’accord avec la société saoudienne Acwa Power. Les services dudit ministère font savoir que l’aboutissement heureux de cette renégociation s’est déroulé à la présidence de la République et en présence de son Excellence Saad bin Abdallah Al-Nafaie, ambassadeur du Royaume d’Arabie saoudite à Dakar. D’après eux, «à terme, cette usine produira 400 000 m3 d’eau dessalée par jour en deux phases de 200 000 m3/jour chacune, soit le double de la capacité d’une infrastructure de production d’eau potable comme l’Usine Kms3». Il est précisé que «ces volumes d’eau supplémentaires permettront de prendre en charge la demande dans le triangle Dakar, Mbour et Thiès (Dmt) qui concentre 80% des besoins en eau potable de l’ensemble du périmètre urbain, pour 35% de la population nationale sur 3, 7% du territoire national».
Avec la renégociation de ce contrat, le département dirigé par Cheikh Tidiane Dièye renseigne que «sous ce régime du Ppp, la responsabilité de l’investissement, d’un montant de 459 milliards F Cfa, incombe au partenaire privé Acwa Power». Poursuivant ses propos, la tutelle souligne que «la marque de ce nouveau contrat est la renégociation afin de faire baisser le prix de l’eau dessalée et, par la même occasion, alléger l’effort de l’Etat dans le cadre du versement du loyer annuel sur trente ans». A en croire les auteurs du document, «l’effort de soutenabilité de l’Etat passe à 17, 5 milliards sur la période 2027-2029 et 35 milliards F Cfa/an à partir de 2030, contre 20 milliards F Cfa à partir de 2027, puis 40 milliards F Cfa à partir de 2030 dans l’ancien contrat». De même, ils soutiennent que «le prix de l’eau dessalée est de 389, 8 F Cfa/m3 contre 427 F Cfa/m3 dans le premier contrat. La capacité de production des deux centrales solaires sera portée à 300 MWc contre 150 MWc dans l’ancien contrat, soit le double». En sus, le ministère de l’Hydraulique informe que «la production supplémentaire sera revendue à la Senelec au prix de 18 F Cfa/Kwh, permettant ainsi de baisser le prix de l’eau dessalée et générer des gains au profit de la Senelec. La Sones sera actionnaire dans la nouvelle société de gestion de l’Usine de dessalement de la Grande Côte, la Spv-Eau». S’agissant toujours des changements notés dans le contrat renégocié, il est précisé que «dans l’ancien contrat, le plan du contenu local devait être défini au bout des études socio-économiques», dans celui renégocié «le partenaire est invité à développer des partenariats avec des centres de formation, voire mettre en place un institut de formation». Il est ainsi souligné que «l’Etat, en partenariat avec Acwa Power, compte mettre en place des projets similaires en Afrique de l’Ouest». Le ministère rappelle également qu’un «financement de 30 milliards F Cfa était recherché, dans le nouveau contrat, un financement concessionnel est obtenu du Fonds saoudien d’investissement, sur portage de la Sones et un remboursement avec les dividendes de l’actionnariat». «Le nouveau contrat enregistrera une baisse des coûts d’exploitation à hauteur de 4, 5 millions d’euros par an (3 milliards F Cfa). Il n’y aura pas d’exonération de droits de douanes pour 300 000 Usd (275 230 euros), soit 180 millions F Cfa.» Autre avantage mis en avant par Cheikh Tidiane Dièye, c’est que «le coût Epc, représentant 60% du coût global du projet, était adossé à une concurrence restreinte et il n’y avait pas de ristourne en cas de gain entre 0 et 2, 5% de baisse», avec le nouvel accord, «il y a un élargissement de la concurrence sur le marché du dessalement pour obtenir des prix plus compétitifs, avec un droit de regard de la Sones et un partage des gains pour toute économie : 2/3 au projet et 1/3 à Acwa Power». Le pourcentage des prêts concessionnels a été également revu. De 33% initialement, la part des prêts concessionnels est de 50% dans le contrat renégocié. Ce qui, d’après le ministère de l’Hydraulique, «allège le coût global du projet». Autre changement relevé, c’est le fait que «la Sones et la Senelec n’étaient pas actionnaires dans les sociétés de gestion des volets Eau et Energie du projet», maintenant «la Sones sera actionnaire de la Spv-Eau, la société de gestion de l’usine, et la Senelec sera actionnaire de la Spv-Energie, la société de gestion des deux centrales photovoltaïques».
De même, le ministère soutient que «le partenaire est invité à mettre en place un institut de formation des métiers du dessalement en développant des partenariats». Les services du département dirigé par Cheikh Tidiane Dièye assurent que «toutes les procédures en vigueur ont été respectées avant la signature de ce contrat révisé dans le seul but de le rendre conforme aux intérêts du Sénégal dans la sauvegarde des relations séculaires avec l’Arabie saoudite».
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