Lors de la dernière montée des eaux de l’o- céan, le quartier de Thiaroye-sur-mer a montré sa vulnérabilité aux changements climatiques.

Avec autorité, la mer a repoussé ses frontières de plusieurs mètres dans la nuit du dimanche au lundi. A Thiaroye-sur-mer et une partie de Yarakh, les marques de la colère de l’océan sont béantes : des pirogues renversées ou balancées hors des rivages, des pans de certains murs secoués ou terrassés. Dans un élan de sauve-qui peut, les pêcheurs ont dû immobiliser leurs pirogues dans les ruelles sablonneuses du quartier pour éviter qu’elles s’échappent au large. Aujourd’hui, une partie des installations des femmes transformatrices de poisson est bousillée par la fureur des vagues. Cela rappelle une vérité immuable : la mer va toujours repousser ses frontières. Au détriment des êtres humains, qui se sont rapprochés dangereusement de son périmètre. Installées le long des côtés, des unités industrielles comme les quais de pêche ont réussi à résister à la déferlante. Mais, il s’agit d’un sursis pour quelques années encore.

Dans la nuit du dimanche au lundi, Thiaroye-sur-mer s’est souvenu du fait que son existence tient encore à un fil. Entre les habitations et la plage léchée par les vagues, les limites sont à chaque fois réduites de plusieurs centimètres. Si la mer est une corne d’abondances, elle est aussi maltraitée en devenant un dépotoir d’ordures. Ses voisins déversent tous leurs déchets dans ce grand bleu : lors de sa dernière montée de colère, il a «vomi» sur eux des centaines de tonnes de déchets qu’il avait engloutis dans son immense ventre, avant de se retirer tranquillement de quelques mètres. Quelques heures après, on a trouvé les populations en train de ramasser ces immondices, formées de nombreuses petites montages de plastiques. Une terrible pollution océanique le long des côtes sénégalaises.