CPI Sanctionné par les Usa, soutenu par son pays : Mandiaye Niang inflexible

Si le ministère de l’Intégration et des affaires étrangères lui apporte son soutien, Mandiaye Niang, qui fait partie des quatre magistrats sanctionnés par les Usa, reste inflexible sur ses principes. Alors que le Pm lui assure que «le gouvernement du Sénégal, son pays, se tiendra résolument à ses côtés pour faire face à ces mesures injustes et infondées des Etats-Unis d’Amérique».
Les sanctions de quatre magistrats de la Cour pénale internationale (Cpi) dont le Sénégalais Mandiaye Niang, prononcées par Washington, continuent de susciter des réactions outrées à travers le monde. Dans un communiqué, la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, dans un langage diplomatique convenu, ne cache pas son étonnement. Par conséquent, le Sénégal «invite les autorités américaines à retirer ces sanctions qui constituent une grave atteinte au principe de l’indépendance de la Justice et au droit des magistrats de la Cour d’exercer de façon libre et sereine le mandat qui leur est confié par les 125 Etats membres parties au statut de la Cpi».
Dakar rappelle que le Sénégal, premier pays à avoir ratifié le Statut de Rome, exprime «sa pleine solidarité à Monsieur Niang, aux autres magistrats visés par les sanctions, et réaffirme son soutien indéfectible à la Cpi dans sa mission au service de la Justice pénale internationale». Malgré ce contexte difficile, notamment la défiance des grandes puissances contre la Cpi, le «Sénégal appelle instamment les Etats-Parties à réaffirmer leur solidarité à la Cour et à redoubler d’efforts pour s’assurer que les magistrats et tout le personnel de la Cour puissent remplir leur mission en toute indépendance, sans menaces ni restrictions».
Interrogé par Emédia, Mame Mandiaye Niang, procureur adjoint sénégalais à la Cour pénale internationale, réagit avec mesure et fermeté aux sanctions américaines : «Je reste serein, avec le sentiment que je ne fais que mon travail.» Mais, les conséquences sont fâcheuses : interdiction de visa américain, d’utilisation de cartes bancaires, et d’autres batteries de restrictions qui vont rendre le quotidien des magistrats sanctionnés très rude. «Toute institution dans le monde qui fait des transactions en dollar ou avec les Etats-Unis est sommée d’arrêter de vous offrir des services sous peine de sanctions. Ceci peut être terrible…», explique-t-il. Mais, il ne capitule pas : «Nous resterons debout et servirons la Justice pénale internationale comme nous l’avons fait pour la Justice de notre pays. Si on ne fait pas face malgré les difficultés, ce sera le règne absolu de la tyrannie. Et ça, ce n’est pas acceptable.»
En attendant, il compte aussi sur le soutien du Premier ministre, qui a utilisé un langage moins diplomatique que le Miaae. «Je tiens à féliciter chaleureusement Son Excellence Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, pour son leadership éclairé et sa position ferme en soutien à la Cour pénale internationale, et tout particulièrement à notre compatriote Mame Mandiaye Niang. A mon tour, je souhaite exprimer mon soutien personnel, total et indéfectible à notre compatriote, dont j’ai pu apprécier l’engagement profond envers les principes fondamentaux et sacrés de la Justice, lors de l’audience que je lui ai accordée au cours de son dernier séjour à Dakar. Le gouvernement du Sénégal, son pays, se tiendra résolument à ses côtés pour faire face à ces mesures injustes et infondées des Etats-Unis d’Amérique.»