C’est l’objectif d’une vie qui vient de se réaliser pour le ministre du Travail. Il va inscrire son nom sur la liste des hommes qui ont dirigé la mairie de la capitale. Il aura quelques semaines ou moins de deux ans pour espérer convaincre les Dakarois de lui donner un mandat légitime. Par Malick GAYE –

 C’est un rêve qui devient réalité pour Abass Fall. Le ministre du Travail devient, enfin, maire de Dakar. C’est l’objectif d’une vie qui vient de se réaliser. Bien que n’ayant reçu directement le mandat des Dakarois, Abass Fall ne manquera pas de savourer le prestige de diriger la capitale sénégalaise pour les deux prochaines années si la Cour suprême confirme le Préfet. En effet, c’est un risque que le ministre du Travail a pris en y entraînant son parti. Contrôler l’Exécutif, le Législatif et mettre la main sur la capitale sont un luxe que Macky Sall n’a pas pu se payer pendant les 12 années qu’il a dirigé le Sénégal. Qu’adviendra-t-il si la Cour suprême décide de rétablir Barthélemy Dias ? Ce serait un «bad buzz» qui risque d’écorcher l’image de Abass et par conséquent de Pastef. Et si la Cour suprême confirme le Préfet de Dakar, c’est une autre paire de manches pour Abass Fall. Il ne lui restera que moins de 2 ans pour faire ses preuves à Dakar pour espérer rempiler. Seulement, il devra être futé pour éviter les coups politiques. Il devra répéter plusieurs fois la méthode qu’il a utilisée pour devenir maire. En effet, le Conseil municipal n’ayant pas beaucoup de membres de son camp, Abass Fall devra faire preuve à la fois de réalisme et de rigueur pour espérer dérouler sur un aussi court temps afin de prouver aux Dakarois qu’il est l’homme qu’il faut. Mais au regard de sa carrière politique aussi longue qu’une bougie allumée en pleine journée, Abass Fall ne semble pas avoir ces compétences. Que va-t-il faire, si ses soutiens de Taxawu décident de retourner leur veste ?

Faut-il le rappeler, Abass Fall est une pièce comptable du bilan de Barth’, qu’il soit positif ou négatif. Il fait partie des hommes qui ont bataillé pour installer Barth’. Ce dernier a tenté de le proposer comme adjoint, ce que la Cour d’appel avait refusé du fait du respect de la loi sur la parité relative aux fonctions électives. Pour sa gestion, Abass Fall a le choix de continuer le programme de Barth’ pour lequel il a battu campagne ou tenter une nouvelle approche, tout en sachant que le Conseil municipal de Dakar est loin d’être acquis à sa cause. Pour cette dernière hypothèse, Abass Fall devra faire ce que son parti a toujours combattu, c’est-à-dire la politique politicienne. Il devra mettre la main à la poche pour certaines décisions. Même avec cette approche, il n’est pas évident qu’il obtienne gain de cause. Et si Abass Fall ne parvient pas à réaliser ses ambitions, 2027 sera une autre affaire.

Pour l’instant, cet ancien élève au Lycée Limamou Laye de Guédiawaye savoure ce moment en livrant ses premiers mots devant les conseillers municipaux et les Dakarois à l’issue de l’élection. «Pour moi, il n’y a pas de gagnants, il n’y a pas de perdants. C’est la ville de Dakar qui a gagné. Les Dakarois veulent voir ce visage où, même dans la différence en termes d’appartenance politique, nous avons joué le jeu et élu un maire», a-t-il déclaré.

Le nouveau maire a promis d’être à l’écoute de tous : «Je ne serai pas le maire d’une chapelle politique. Je serai le maire de toutes les Dakaroises et de tous les Dakarois. J’invite l’ensemble du Conseil municipal à s’unir autour d’un seul objectif : l’intérêt des Dakaroises et Dakarois.»

Dans un ton solennel, Abass Fall a également lancé un message fort, surtout de rupture : «Aujourd’hui, Incha-llah, la ville de Dakar ne sera plus politisée. Elle sera là pour tout le monde, avec l’appui de tous les conseillers municipaux. Félicitations à nous tous. C’est la ville de Dakar qui a gagné !»
mgaye@lequotidien.sn