Pas l’ombre d’un doute ? La réforme de l’Ofnac qui renaît de ses cendres avec des corrections, vise Serigne Bassirou Guèye, son président actuel, selon des députés. Par Justin GOMIS – 

Lors d’une journée marathon, l’Assemblée nationale a voté les projets de loi portant sur les lanceurs d’alerte, l’accès à l’information, la déclaration de patrimoine et surtout la réforme de l’Ofnac. Avec sa promulgation sans doute rapide, la fin du temps de Serigne Bassirou Guèye est venue. L’ombre de ce dernier planait au-dessus de l’Hémicycle, car son personnage rappelle de mauvais souvenirs aux militants de Pastef. Pour Guy Marius, «c’est lui qui a produit du faux dans le dossier de Ousmane Sonko… il n’a pas sa place à l’Ofnac». Pour Me Abdoulaye Tall, «l’Ofnac, tel qu’il existait, était un office taillé sur mesure qui, en plus, avait empiété sur les compétences du Pôle judiciaire financier, créant ainsi des chevauchements nuisibles à l’efficacité de la lutte». Pour l’avocat, ce projet de loi «permettra de mettre de l’ordre et de régler définitivement les problèmes qui minaient la structure précédente».

Alors que Tafsir Thioye a vivement critiqué la création du nouvel organe, dénonçant ce qu’il perçoit comme une «suppression-création». Pour lui, la population sénégalaise y voit une manœuvre pour évincer le président actuel de l’Ofnac, Serigne Bassirou Guèye. «Moi je ne vois pas de différence avec l’ancien office, on pouvait modifier la loi existante au lieu d’en créer une nouvelle», a-t-il souligné, appelant à la prudence et au respect des institutions. Pour lui, «chaque décision législative doit refléter justice, foi et respect des citoyens afin de restaurer la confiance dans les institutions et garantir que la lutte contre la corruption serve réellement le Peuple».

La présidente du groupe parlementaire Takku Wallu ne cache pas son étonnement : «le pays est dans l’eau, les maisons sont envahies, les champs sont noyés, les bêtes disparaissent… celui qui ne veut pas l’entendre n’a qu’à quitter cet Hémicycle», a-t-elle fustigé. Elle ajoute très clairement : «L’urgence ici, c’est voter une nouvelle loi pour dégager Bassirou Guèye», a-t-elle accusé. Elle a rappelé que Bassirou Guèye bénéficie d’un mandat de six ans «et que cette précipitation constitue une atteinte grave à l’Etat de Droit». Elle enchaîne : «Dégagez, dégagez, dégagez, jusqu’au jour où le Bon Dieu vous dégagera du Sénégal.»

Lors de son intervention à l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice a salué la réforme du projet de loi sur l’Ofnac. Le Garde des sceaux assure que l’ancien texte comportait des «hérésies» et l’actuel va «corriger les incohérences de l’ancienne institution qui empiétait sur les compétences judiciaires». Ousmane Diagne assure que la nouvelle loi réaffirme l’indépendance de l’Ofnac, garantit que ses membres ne reçoivent aucune instruction et instaure un rattachement purement administratif à la présidence de la République pour lui conférer une autorité supérieure. Il a précisé le processus rigoureux de désignation des membres, incluant magistrats, hauts fonctionnaires, enseignants et chercheurs, Société civile et secteur privé, afin d’assurer compétence, intégrité et impartialité dans la mission de l’institution.