Faire renaître l’industrie textile en créant des dizaines de milliers d’emplois. C’est l’ambition de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Qui a signé une convention de partenariat avec Avci global, une entreprise turque. L’objectif est de relancer la production de coton en boostant toute la chaîne de valeurs. Par Malick GAYE – 

Comment relancer l’industrie textile au Sénégal ? C’est une question à laquelle la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) souhaite apporter un début de réponse. Vendredi, il a été signé une convention de partenariat avec le groupe turque Avci global. L’objectif est de relancer le secteur du textile en boostant la chaîne de valeurs, en commençant par la culture du coton. En effet, si pour l’heure la production de coton a une moyenne de 6000 tonnes, l’ambition est de multiplier ce chiffre par 10. Une fois le coton produit, l’ambition des Turques est d’en faire des tissus. Actuellement, 450 emplois sont créés avec l’usine de Diamniadio. Dans un an, ce chiffre va grimper à 1000 emplois, et 1700 dans les dix mois suivants.

Cette usine est en phase de test à Diamniadio, dans les pôles économiques du Sénégal. La construction de ce complexe devrait se faire en 24 mois. A terme, 3000 emplois directs vont être créés par l’usine, et les emplois indirects issus de la chaîne de valeurs vont être comptés par dizaines de milliers. Ainsi, du tissage à la peinture, sans oublier la conception de tissus et de vêtements, tous les métiers du textile vont être représentés. «Nous avons visité le Bénin, qui a l’usine textile la plus performante au monde. Et c’est la Cdc du Bénin qui avait financé l’opération pour 129 milliards de francs Cfa, une Cdc qui est issue des flancs de la Cdc Sénégal en 2020. Ce modèle Cdc, qui est partagé par la France, la Chine et partout en Afrique, doit être amélioré. D’où la réflexion sur la façon de développer des partenariats», a expliqué Fadilou Keïta. Le Directeur général de la Cdc a ajouté : «Le secteur primaire occupe environ 50% de la population et participe à moins de 20% au Pib. Le fait que la Cdc ait une filière agricole justifie le rapprochement avec Avci global, car il s’agit aussi de former les acteurs, les doter en ressources. Autre­ment, apporter un second souffle à ce segment et faire en sorte qu’il soit encadré en le transformant en coopératives agricoles. On gagne beaucoup de valeur ajoutée à transformer. Seuls 2% de la production de coton sont transformés. En y travaillant, on attire des investisseurs et le modèle est performant. Cela va transformer structurellement notre économie car c’est le secteur tertiaire qui sera à même d’inverser la tendance.»

Pour Mayoro Sané, le représentant Afrique de l’Ouest d’Avci global, ce complexe d’usines intégrées va aussi s’atteler à la production d’alimentation pour le bétail, en même temps de l’huile de coton.

A terme, ce complexe va être le symbole du transfert de technologie. En effet, l’Etat va détenir 30% des actions, le privé national 30% et le reste va revenir aux Turques.

Faut-il le prévoir, même si l’ambition est de créer des dizaines de milliers d’emplois, ce projet va occasionner des décisions impopulaires. En effet, l’Etat, pour protéger l’industrie textile, va devoir interdire l’importation de la friperie, ce qui va occasionner des frustrations chez les acteurs.
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