Bonne question ! On aura jamais de cesse de parler du cas Farba Ngom tant qu’il restera en prison. J’ai écrit, le 2 septembre, un texte intitulé : «Si Farba Ngom meurt en prison, ce sera un odieux crime contre l’humain_nité.» Beaucoup de journalistes avaient corrigé le titre en mettant l’humanité, au lieu de «l’humain_nité». J’ai voulu, par ce titre ou par ce mot, montrer qu’il s’agit de l’humain (création divine), et non de Farba Ngom, l’homme d’affaires, le griot si on veut, le politicien, le milliardaire… Mais bref, le texte repris par Dakaractu, Senenews, Le Quotidien et tant d’autres, de par les réactions positives comme négatives qu’il avait suscitées, a montré une société sénégalaise qui perd dangereusement son «humain_nité», valeur qui fondait jusqu’ici notre vivre ensemble.

Peu de Sénégalais se rendent compte du virage à 360 degrés de danger que nous sommes en train de faire, et qui mène, pour nous tous, au cimetière. C’est évident ! Est-ce une telle société que nous voulons pour nos fils et nos petits-fils ? Je suis sûr que non. Et pour des intérêts grégaires, les gueulards d’hier, défenseurs des droits de l’Homme, se taisent ou se terrent aujourd’hui, stipendiés comme des chiens de garde d’un nouvel ordre Diomaye-Sonko qui n’est qu’injustice, parti pris, dictature, carence et immobilisme.

Si un droit constitutionnel, le droit à la vie, n’est plus protégé dans ce pays, alors il y a lieu que tout le monde se lève pour exiger son respect. Mais la vraie question, la question essentielle, pour ne pas dire la question de recherche, est : «Pourquoi veut-on la mort de Farba Ngom ?»

Je ne pense pas qu’il s’agisse seulement de méchanceté, de haine ou d’une simple volonté de mettre fin à la carrière politique de Farba Ngom (qui n’est plus aux affaires), comme Ousmane Sonko l’avait juré, ni même de le mettre en prison pour des milliards supposés volés ! Tout cela peut être d’ailleurs replacé dans un contexte politique et social (2021-2024) générateur de violences verbales et physiques, même si on reconnaît quand même la gravité des propos de Sonko devant les parents de Farba Ngom. On peut donc croire qu’il en faisait une question personnelle. Mais je ne serai pas naïf à ce point. Fermez vos portables et ouvrez vos cerveaux ! Si Farba Ngom, qui est entre la vie et la mort, et malgré tous les appels à «l’humain-nité» des chefs religieux, des hommes politiques, d’une certaine Société civile incarnée par Boubacar Ba, de journalistes, de chroniqueurs…, est maintenu en prison, c’est que manifestement on veut sa mort. On préfère manifestement qu’il aille au cimetière avec tous les secrets stratosphériques qu’il détient, que de rester en vie et de briser des «carrières et des mondes». On pourra aussi, pour des raisons d’Etat, avoir accès à tous ses biens, et nul ne sait ce qu’on en fera. Lui aussi, pendant qu’il est en vie, doit mettre tous ses biens au nom de ses enfants, pour faire comme l’autre dans l’affaire Mame Mbaye Niang. Il n’y a que ces raisons qui peuvent expliquer son maintien en prison, mais Farba vivra, s’il plaît à Dieu. Wait and see !
Cheikh NDIAYE
Responsable politique Apr Grand-Yoff