Nouvelle réforme du secteur : Vers une gouvernance foncière apaisée et inclusive

Le Sénégal s’engage dans une réforme majeure de sa gouvernance foncière. Sous l’impulsion des plus hautes autorités, une plateforme nationale multi-acteurs mène, depuis hier à Saly, une réflexion approfondie pour garantir un accès équitable à la terre et résoudre les nombreux conflits existants. C’est dans ce cadre que la Plateforme nationale sur la gouvernance foncière, présidée par le ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, a réuni des acteurs gouvernementaux, la Société civile, des chercheurs et des élus locaux.
Selon Djibril Diop, directeur de Cabinet du ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, qui a présidé la cérémonie officielle de cette rencontre, «cette initiative est un cadre fort de propositions visant à fournir aux autorités des éléments d’appréciation pour prendre la bonne décision. Cette plateforme est chargée de réfléchir à des solutions pour une gestion foncière qui soit vraiment apaisée, sécurisée, mais qui prennent en compte également les droits légitimes de l’ensemble des acteurs qui sont à la base», a-t-il souligné.
Lors de cette rencontre, l’un des principaux axes de réflexion est la révision de la loi d’orientation pastorale. Pour Djibril Diop, la réforme doit permettre un «dialogue transparent entre l’ensemble des acteurs pour trouver des solutions durables et apaiser les tensions. La réforme foncière vise également à attirer des investissements durables et inclusifs, tout en protégeant les droits des communautés locales».
Quant à Laure Tall, membre du Collège de la recherche de la plateforme, elle a souligné l’importance de l’approche scientifique pour éclairer les décideurs. «Une telle réforme ne peut pas se fonder sur des propos isolés ou sur ce qu’un acteur a dit à propos d’un autre. C’est là que la recherche a un rôle essentiel : analyser la réalité du foncier et mettre en lumière les véritables enjeux.» Elle insiste aussi sur la nécessité de comprendre comment des investisseurs parviennent à des accords avec les communautés locales pour s’en inspirer. La question de l’accès des jeunes à la terre était également au cœur des préoccupations. «Comment espérer leur offrir des perspectives si ces derniers n’ont pas accès à la terre ?», s’interroge-t-elle.
Pour Dr Abdoul Aziz Mbodj, maire de la commune de Ndiendieng et représentant de l’Union des acteurs de l’élevage et du lait (Uael), les collectivités territoriales sont au «carrefour des problématiques liées à la gouvernance foncière». Il dénonce l’idée que les collectivités locales seraient les seules responsables des problèmes fonciers. «Il est réducteur d’indexer systématiquement les collectivités locales», affirme-t-il, précisant que «la gestion foncière est certes confiée aux collectivités territoriales, mais l’Administration conserve également des prérogatives». Il rappelle la répartition des compétences en matière d’approbation des titres fonciers : «Le Préfet est compétent pour des superficies de plus de 10 hectares, et le Gouverneur pour plus de 50 hectares. Cette répartition fait de la gestion foncière une responsabilité partagée.»
Le gouvernement a annoncé de nombreuses initiatives, et les acteurs de la plateforme sont optimistes quant à leur mise en œuvre prochaine. «Je pense que dans les prochains mois ou jours, on verra que ça commence à bouger», conclut Djibril Diop, soulignant que cette démarche s’inscrit dans la vision du Président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko pour un Sénégal plus juste et équitable.
Par A. B. CISS – abciss@lequotidien.sn