Même s’il n’a pas utilisé le mot «génocide», le Président Faye a prononcé hier un discours ferme sur la situation à Gaza, lors de la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Il a dénoncé une «tragédie aux allures d’un nettoyable ethnique», appelé la communauté à agir et à un cessez-le-feu immédiat et durable. Evidemment, il a insisté sur la création d’un Etat palestinien. 

Le Président Faye a participé hier à la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux Etats, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Réunie pour la cinquième fois sous l’égide de l’Assemblée générale, elle fait bouger les lignes sur le plan diplomatique sous la houlette de Macron et de MBS, prince héritier de Riyad. Bien sûr, de nouvelles annonces de reconnaissance de l’Etat de Palestine, notamment celle de la France, après le Canada, l’Australie ou le Royaume-Uni, ont rythmé les deux dernières journées. Le 12 septembre dernier, l’Assem­blée générale a adopté la Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux Etats. Cette déclaration con­tient un plan d’actions concret élaboré par les participants à la Conférence qui se sont réunis au siège de l’Onu du 28 au 30 juillet 2025.

Présent à New York depuis 48h, le Président Bassirou Diomaye Faye, qui participe à la 80e Assemblée générale des Nations unies, qui se tient sous le thème : «Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains», est revenu sur la question palestinienne : il a réitéré le soutien du Sénégal à la solution à deux États, et a appelé à un cessez-le-feu immédiat et durable. Il dit : «Je salue le leadership de la France et de l’Arabie saoudite, ainsi que l’engagement de tous ici présents pour la cause palestinienne. Cette conférence se tient à un moment où la conscience universelle est profondément bouleversée par la situation insoutenable à Gaza. Une situation qui a dépassé toutes les limites.» Sur un ton ferme, avec une voix légèrement éraillée, le chef de l’Etat a utilisé des mots durs pour qualifier la situation à Gaza. Même s’il n’a pas prononcé le mot «génocide», employé par des experts de l’Onu et aussi des Ong humanitaires : «Nous assistons à une tragédie indescriptible aux allures d’un nettoyable ethnique. Devant tant d’inhumanités, se taire, ne pas agir, ce n’est pas une option. Ce serait même une complicité passive.»

Pour lui, cette rencontre est un instant diplomatique majuscule pour montrer que le monde est capable d’avoir un peu d’humanité et d’empathie pour les «Gazouis». Et il a souligné l’importance du Droit international en ces temps troublés avec une géopolitique mondiale en pleine mutation : «nous sommes là pour rappeler quel est le sens des principes fondateurs des Nations unies : la souveraineté de peuples, l’égalité des droits, la paix par la justice, le respect du Droit international et la protection des populations civiles même en tant de guerre. Autant de valeurs anéanties aujourd’hui dans les décombres de Gaza», décrit ainsi le Président Faye. La position de Dakar est alors très claire : «Le Sénégal réaffirme son engagement constant pour une solution à deux Etats : Palestiniens et Israéliens vivant côte à côte, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. C’est ce que veut le plan de partage décidé par les Nations unies. C’est aussi une exigence de paix et de sécurité pour les peuples des deux pays, une exigence de justice, une exigence d’humanité. C’est pourquoi le Sénégal soutient la déclaration finale de notre rencontre préparée par la conférence ministérielle de juillet dernier à laquelle mon pays avait coprésidé la table ronde sur le respect du Droit international.»

«Il ne s’agit ici de choisir un camp contre un autre, mais de défendre la vie»
Bassirou Diomaye Faye espère la fin de la situation actuelle à Gaza. Il insiste : «Pour faire la différence, nous devons ensemble envoyer un message clair : l’occupation doit cesser, la souffrance des civils doit cesser. Il faut travailler à un cessez-le-feu immédiat. Israël doit arrêter ses bombardements et autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire par l’Onu. L’Onu doit envisager le déploiement d’une mission de stabilisation et d’observation pour assurer de l’arrêt des actes illégaux.» L’essence même de l’existence de l’Onu se tire sur le respect du Droit international : «La promesse de deux Etats doit enfin être tenue. A ce propos, je salue le récent vote massif à l’Ag de l’Onu de la résolution pour une solution pacifique à deux Etats. Le Sénégal salue aussi la décision historique des pays ayant décidé aussi de reconnaître aujourd’hui, l’Etat palestinien. Présidant du Comité des droits inaliénables du Peuple palestinien, le Sénégal continuera de s’associer à toute initiative visant à favoriser le retour à une paix durable en terre palestinienne.
Par Bocar SAKHO-bsakho@lequotidien.sn