Célébration – 10 ans de Wathi, think tank de l’Afrique de l’Ouest : Une décennie d’engagement face aux crises régionales

Le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, Wathi, a marqué hier son dixième anniversaire par un colloque régional portant sur «L’évolution des think tanks en Afrique de l’Ouest face aux mutations démocratiques et sécuritaires». L’événement a été l’occasion pour des experts et acteurs de la Société civile de réfléchir aux défis contemporains auxquels le continent et le monde font face.Par Ousmane SOW –
Le think tank citoyen Wathi a célébré, hier à Dakar, ses 10 ans d’existence par un colloque régional portant sur «L’évolution des think tanks en Afrique de l’Ouest face aux mutations démocratiques et sécuritaires». Créé en 2015, Wathi a pour mission de nourrir le débat public en Afrique de l’Ouest à travers la production et la diffusion de connaissances accessibles, l’élaboration de propositions concrètes et la promotion d’une citoyenneté active. «Wathi est au cœur de la mission que nous nous sommes donnée, celle de mettre à la disposition de notre partie de l’Afrique et du monde, une plateforme ouverte à l’expression d’une diversité de voix, de perspectives, une plateforme qui donne la parole à des femmes et des hommes, de parcours de formation, d’activités professionnelles diverses, des hommes et des femmes qui illustrent la diversité interne de chacun des pays de l’Afrique de l’Ouest. Dix ans après, nous sommes là, nous avons survécu et nous avons un peu grandi», a déclaré Gilles Yabi. Le Directeur exécutif de Wathi a en outre alerté sur la fragilité de la région. «Notre région n’est pas dans un bel état, et les perspectives à court terme ne sont pas éclatantes. En 2015, les signaux sécuritaires et politiques étaient déjà préoccupants. Le Mali avait basculé, en 2012, dans une rébellion armée dans le Nord du pays et dans une situation politique instable déclenchée par un coup d’Etat militaire. Le périmètre de l’insécurité et de la peur s’étend désormais à plusieurs régions d’Afrique de l’Ouest, y compris les pays voisins du Sahel central», a-t-il constaté.
Wathi est par essence un vecteur de l’intégration régionale et de l’intégration africaine qui se construit autant par le bas que par le haut et par le milieu, aux yeux de Gilles Yabi, le responsable du think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest. A l’en croire, les débats pour comparer la Cedeao et l’Alliance des Etats du Sahel (Aes), pour savoir qui va gagner et qui va perdre, sont d’une grande légèreté et en fait d’une grande futilité. «Ce qui est en train de se jouer, c’est l’avenir de chacun des pays de toute la région ouest-africaine. Et derrière les pays, ce sont les populations ; c’est le contexte dans lequel vivront nos enfants. Ce n’est pas qui va gagner et qui va perdre. La région n’est pas en bon état, le continent africain non plus, le monde non plus», fait-il savoir. Et de poursuivre : «Pour ceux qui doutaient encore du caractère effrayant des tendances actuelles sur les plans politique et géopolitique, je crois que l’écoute de quelques-uns des discours à l’Assemblée générale des Nations unies suffit à mettre fin aux doutes.» Selon Gilles Yabi, le rôle de Wathi est de contribuer à l’intégration régionale et à la préservation des espaces de liberté.
«Nos hommes politiques ne lisent pas beaucoup»
Invité à faire son discours lors de ce colloque sur les 10 ans de Wathi sur le thème : «L’importance des think tanks, de la recherche et du débat public pour faire progresser nos sociétés», Dr Cheikh Guèye, facilitateur du Dialogue national, demeure persuadé que les think tanks sont des acteurs essentiels pour nourrir le débat public et éclairer les politiques publiques. «Dans un contexte de bouleversements politiques, économiques, sociaux et culturels, les think tanks ont un rôle crucial pour éclairer les décisions et nourrir le débat public. Mais il s’agit également de vulgariser et de diffuser des idées pour le grand public, afin d’éclairer le débat citoyen en traduisant des recherches complexes en messages accessibles», a déclaré Dr Cheikh Guèye. Pour lui, il est important de viser le plus haut niveau en termes de transmission des productions scientifiques. «Je suis sûr que ça a un impact sur la pensée du développement, notamment dans un contexte où, il faut le regretter, nos hommes politiques ne lisent pas beaucoup et ne s’ouvrent pas en dehors de leur cercle restreint», a-t-il laissé entendre. D’après le Secrétaire général du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis), si l’Afrique veut réussir sa transformation démocratique, économique et sociale, elle doit investir dans ses institutions de savoir, ses laboratoires d’idées, ses espaces de débat. «Le développement, c’est la liberté. Et la liberté est née du dialogue, de la réflexion et du savoir partagé», a-t-il conclu.
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