Entretien – Pape Malickou Diakhaté, ancien du club, sur la forme du défenseur sénégalais : «Je savais que Moussa Niakhaté ferait du bien à Lyon»

Prêté successivement à l’As St-Etienne puis à l’Olympique Lyonnais en 2010, Pape Malickou Diakhaté fait partie des rares joueurs passés «directement» d’un rival à l’autre. L’ex-Roc de 41 ans et ancien international sénégalais, qui s’est reconverti comme entraîneur et récemment nommé Manager général de l’Us Ouakam au pays, a accordé un entretien exclusif à Top Mercato. L’occasion d’évoquer la forme actuelle de son compatriote Moussa Niakhaté à Lyon. Morceaux choisis.Pape Diakhaté, revenons sur votre parcours en club. Comment ne pas évoquer Nancy ? Quel souvenir gardez-vous de cette époque faste pour le club lorrain ? Avec la montée de L2 en L1, puis la victoire en Coupe de la Ligue en 2006, le parcours en Coupe de l’Uefa la saison suivante, et votre retour en fin de carrière.
Une très grande fierté. Je suis souvent associé au club. Je suis un enfant du club. Même si je ne suis pas né ici, j’ai été adopté comme un petit Lorrain. Le fait d’être arrivé jeune, d’avoir progressé en même temps que le club, d’avoir connu toutes ces victoires-là, d’avoir redoré le blason de Nancy, ce n’est que du bonheur ! A Nancy, je ne retiens que de bons souvenirs !
Comment ne pas évoquer non plus votre passage à l’Asse, où vous signez un retour tonitruant après votre sejour en Ukraine ? C’était comment là-bas ?
Mis à part Nancy, c’est la meilleure expérience humaine et footballistique que j’ai connue. Je suis arrivé dans un club familial, où les gens sont d’une extrême gentillesse, c’est rare aujourd’hui. Quand je suis arrivé à Saint-Etienne, je me suis tout de suite senti chez moi. Et tout s’est bien passé, avec de belles performances et des résultats.
Et l’ambiance à Geoffroy Guichard ?
C’est abusé ! Pour mon premier match, on était 17es et je vois le stade blindé, je me dis que ce n’est pas possible ! Quand tu gagnes, tu as l’impression que le stade tremble. Quand j’étais adversaire, je ne le vivais pas comme ça, c’était chaud évidemment, mais quand tu es dans cette équipe-là, c’est extraordinaire. Pour moi, Geoffroy-Guichard, c’est une des plus belles ambiances du monde, c’est extraordinaire.
Puis vous partez immédiatement après chez l’ennemi juré, à l’Olympique Lyonnais. Le transfert a-t-il été délicat à gérer ? Et l’intégration a-t-elle été plus difficile à cause de ça ?
Je voulais rester à Sainté, mais le club traversait de grosses difficultés financières. Je l’ai compris, mais avec beaucoup d’amertume, parce que je voulais vraiment rester là-bas. Quand je suis parti à Lyon, je me suis vite intégré. J’ai joué dès la première semaine, contre Valenciennes. Je ne pense pas qu’avoir été à Sainté avant ait été un problème pour moi dans le vestiaire à Lyon.
Quel bilan faites-vous de votre passage à l’OL ?
Franchement bon. Le seul bémol, c’est qu’on a souvent parlé de problèmes de concurrence, ce qui était faux. Quand je suis arrivé, Cris était blessé, donc je jouais avec Dejan Lovren, on s’entendait bien en dehors, parce que sa femme s’entendait très bien avec la mienne, et on formait une bonne paire sur le terrain.
On m’avait interrogé sur ça dans la presse, et Cris avait mal pris ma réponse. Il y avait un malaise. J’avais réglé mes comptes dans le vestiaire avec lui, en demandant l’autorisation au coach de crever l’abcès devant le groupe. Je lui ai dit qu’on devait régler ça entre hommes, soit en discutant, soit en se battant. Il m’a dit qu’il n’y avait aucun souci, et c’était réglé.
Quel est votre regard sur l’OL d’aujourd’hui ?
La capacité de l’OL à renaître de ses cendres, ça m’impressionne. Je n’avais pas l’impression qu’ils pourraient se relever de leurs problèmes, et pourtant ils l’ont fait. Ça en dit long sur leur capacité d’adaptation. Pour autant, ça ne me surprend pas. C’est l’un des clubs les mieux organisés que j’ai connus.
Un mot sur Moussa Niakhaté, votre compatriote…
Quand Moussa est arrivé l’été dernier à Lyon, je me suis dit qu’il leur ferait du bien. Il a connu le très haut niveau en Angleterre, à Nottingham Forest. C’est un leader, avec son statut d’international, il dégage beaucoup de sérénité. Je ne suis pas surpris qu’il ait pris une place aussi importante dans cette équipe.
Vient ensuite votre passage en Espagne, à Granada. Vous avez connu le grand Real, avec Benzema, Ramos ou Higuain, Özil, et le grand Barça, avec Neymar, Fabregas, Iniesta. Sur le terrain, c’est vraiment beaucoup plus dur ?
Ce sont deux mondes différents, là on se frotte à la crème du football. Ça se sent dans le jeu. Je n’exagère pas ! Quand je les ai joués, ces joueurs-là ne font pas de mauvaises passes, pas de mauvais contrôles, ils savent s’orienter, c’est fluide, c’est très rapide, c’est très clinique. Ils n’en font pas des tonnes. Tu gagnes en humilité quand tu joues contre eux. Benzema, sa justesse technique m’a impressionné. Ses contrôles sont toujours réussis, il anesthésie le ballon ! Mais on joue au foot pour vivre ces matchs-là.
Vous avez aussi évolué en Turquie, à Kayseri. C’est vraiment autre chose en termes d’ambiance, comme tout le monde le dit ? Et si oui, pourquoi ?
Je confirme ! Ils sont fous de foot. Ils vivent ça à 2000%. Même à Kayseri, qui est un petit club, il y a de supers installations, des médias qui parlent toute la journée de football. Quand tu joues à Besiktas, tu as limite mal à la tête à cause du bruit. Tu ne peux pas parler à ton collègue. Une fois, en Europe, j’avais joué à Istanbul avec Kiev, contre Besiktas, on ne s’entendait pas.