Mbour – Régularisation des «décisionnaires» du corps enseignant : L’ultimatum de l’Ors

Par Alioune Badara CISS –
La rentrée scolaire s’annonce sous haute tension. L’Organisation pour le renouveau syndical (Ors) a lancé un ultimatum à l’Etat lors de son Assemblée générale tenue à Mbour : la publication des décrets modifiés concernant le statut des enseignants dits «décisionnaires» avant la fin octobre, sous peine de déclencher une grève générale paralysant l’ensemble du système éducatif.
Réuni en conclave à Mbour, le Bureau exécutif national de l’Ors dénonce un «mutisme coupable» et une «supercherie politique» des autorités depuis un an sur cette injustice inconcevable. La situation des enseignants «décisionnaires», des non-fonctionnaires dont la carrière et la retraite sont précarisées, est l’épine dorsale de cette crise. Un an après un forum national à Saly, où un consensus fort avait émergé pour une révision des décrets 114, 347 et 2692, l’Ors constate un «zéro acte posé».
Papa Abdoulaye Camara, Secrétaire général national de l’Ors, a exprimé une indignation sans appel. «Aujourd’hui, on nous parle de seconde lecture. C’est une supercherie politique qu’on ne peut pas acccepter. Il faut obligatoirement, et nous l’exigeons, la publication des décrets modifiés avant fin octobre. Sinon l’Ors s’engage, avec le collectif des decisionnaires, pour mener le combat, poser des plans d’actions de grève et paralyser le système», avertit le Secrétaire général national de l’Ors.
Le syndicat s’insurge contre le maintien des «décisionnaires» dans la précarité financière et sanitaire, particulièrement à l’heure de la retraite. D’ailleurs, Amadou Camara Diène, Coordinateur national des enseignants non fonctionnaires et membre de l’Ors, fustige le drame humain. «Les décisionnaires sont en train de mourir à petit feu. Une fois à la retraite, ils sont gagnés par le stress, le moindre pécule qu’ils reçoivent ne leur permet pas de s’entretenir et d’entretenir leur famille», ajoute-t-il. Au-delà de l’urgence des décrets, l’Ors exige une harmonisation du système de retraite pour mettre fin à la double peine subie par ces agents. Actuellement, ils dépendent de régimes distincts (Ipres ou Fnr), malgré un employeur unique : l’Etat.
Par ailleurs, le G7, le regroupement des principaux syndicats d’enseignants, n’est pas épargné par les critiques. Papa Abdoulaye Camara dénonce une «position assez laxiste, le mutisme coupable du G7», pour n’avoir pas su mobiliser toutes les organisations autour de cette question centrale et exiger un règlement définitif. Pour M. Diène, il est temps que les syndicats leur montrent que cette question d’injustice est une question nodale.
Si la question des «décisionnaires» est la priorité du moment, l’Ors a soulevé d’autres griefs majeurs qui gangrènent le système éducatif. Elle s’insurge contre la surimposition sur les rappels des enseignants, qualifiant cette pratique d’«escroquerie d’Etat» et d’«avidité fiscale». Malgré l’existence de guichets uniques et de technologies, les lenteurs administratives persistent et «hypothèquent» la carrière des enseignants, certains étant restés dix ans sans changer de corps. L’Ors exige aussi la dotation régulière et à temps des budgets des écoles, une condition sine qua non de performance et d’excellence que les directeurs engagés ne peuvent atteindre sans moyens.
L’ultimatum de l’Ors est clair et non négociable. Après une année d’attente, «l’ère de grâce est terminée». Si les décrets ne sont pas signés d’ici le 30 octobre, l’Ors est prête à «déclencher des plans d’actions qui vont paralyser tout le système éducatif». L’Etat est donc sommé d’agir rapidement pour désamorcer une crise qui pourrait mettre en péril le bon déroulement de l’année scolaire et aggraver les tensions sociales. L’issue est désormais entre les mains du gouvernement.
abciss@lequotidien.sn