Notre pays est plus que jamais en danger

On parle de quoi ? Non pas du métier de Abdou Nguer ou de son niveau d’instruction, mais de son incarcération sur fond de «tapalé», manœuvres de bas étages. Il en est de même du cas Badara Gadiaga. Les élucubrations sur autre chose que les raisons véritables qui l’ont conduit en prison seront destinées à détourner le regard de l’instrumentalisation politique de la Justice, du Parquet notamment. Nguer et Gadiaga ne devaient pas passer une seule nuit à Rebeus si le Parquet était républicain et s’il n’y avait pas ces tripatouillages sur les chefs d’inculpation farfelus. Faut-il parler de clochardisation de la Justice ? Non. L’immixtion des effaceurs dans la marche de la Justice suffira.
Jamais le Sénégal n’a été aussi en danger. La désillusion subite de masse, la morosité économique ambiante et la lancinante crise institutionnelle, constituent un dangereux cocktail de bombe à retardement. Faut-il rappeler que la motivation officielle des poursuites qui concernent les gens de l’Alliance pour la République (Apr) découle d’une forte aspiration à la bonne gouvernance, rupture souhaitée dans la gestion des deniers publics ? Maintenant que nous y voilà engagés, une bonne partie du Peuple se retrouve perdue dans une grande confusion, entre promesses de transparence et constats amers des partis pris.
Le discours ou le disque qui consiste à assimiler à des militants de l’Apr tous ceux qui fustigent les dérives du régime actuel commence à s’enrayer. Il faut bien que la troupe des inconditionnels de Pastef se rende à l’évidence. D’abord, il ne s’agit pas de s’opposer à la légère, mais de dénoncer des forfaitures frappantes. En vérité, aussi bien les commanditaires que les promoteurs des forfaitures le savent très bien. Jusqu’à quand continueront-ils à se la jouer saintes nitouches ?
Pastef, le président de la République en particulier, doit endosser la responsabilité du renouveau, car sa grandeur, aux yeux de la postérité, dépendra de sa capacité à impulser lucidement une façon de gérer autrement et mieux nos maigres ressources. En effet, un chef banal, habité d’un esprit superficiel, suit la susceptibilité des masses alors qu’un leader, animé d’une âme éveillée, amorce le précieux mouvement d’unité et de régénération. Le pays est en danger. Seul un fort leadership transformateur du chef de l’État sera à même de déblayer le vaste champ de mines de l’ego et de l’orgueil sur lequel dansent ses plus proches collaborateurs.
Birame Waltako NDIAYE