Le silence dérangeant de nos intellectuels : j’ai honte

Boubacar Boris Diop, Mbougar Sarr, Professeur Serigne Diop, Babacar Justin Ndiaye, Professeur Babacar Guèye… où êtes-vous ?
Quand les intellectuels se taisent, les mots perdent leur éclat et la pensée s’éteint peu à peu dans les marges du silence. Le savoir, jadis flambeau contre l’obscurité, devient alors une chandelle vacillante que nul n’ose rallumer. Et le Peuple, privé de voix éclairée, marche à tâtons dans un brouillard d’arbitraire : le Sénégal s’enfonce sous vos yeux avec ce régime que vous avez toujours soutenu. Le Sénégal, notre pays, est à la croisée des chemins.
Il est des moments où se taire devient une faute. Quand l’injustice s’installe dans les institutions, quand la peur se fait loi, quand la vérité se voit bâillonnée au nom de l’ordre, le silence n’est plus prudence : il devient complicité. Car les tyrannies ne prospèrent jamais par la seule force des despotes, mais par la résignation de ceux qui savent et se taisent. N’êtes-vous plus des hommes de principes républicains ? N’êtes-vous plus des hommes justes et véridiques ? N’êtes-vous plus ces intellectuels autrefois sentinelles de la République ?
L’intellectuel, c’est la conscience éveillée d’une Nation. Il ne lui appartient pas seulement de comprendre le monde, mais de le défendre contre ses propres dérives. Sa parole est un rempart fragile, mais nécessaire, contre le bruit des mensonges. Et quand il choisit le confort du mutisme, il abdique sa mission : celle d’éclairer quand tout s’assombrit.
Dans une République, l’arbitraire est un poison discret : il s’insinue dans les lois, dans les habitudes, dans les regards. On s’y habitue, on s’en accommode. Mais un jour, on se réveille dans un pays étranger, où la liberté n’est plus qu’un souvenir. Alors, il est trop tard pour parler. Sortez et dites la vérité et rien que la vérité à ceux qui gouvernent aujourd’hui.
Que ceux qui pensent se lèvent, que ceux qui doutent questionnent, que ceux qui savent parlent, car la parole libre est le dernier souffle de la dignité humaine.
Et dans le tumulte actuel, il vaut mieux une voix fragile qui s’élève, qu’un silence savant qui consent. On va droit vers l’irréparable ; sortez et parlez, je vous prie.
Malick Wade GUEYE
depuis Marseille