Apparemment, la traque aux auteurs de la «dette cachée» est loin de connaître son épilogue. La dernière réunion du Fmi au cours de laquelle il est question de se pencher sur le destin de l’économie sénégalaise, laisse un goût amer chez les pontes du régime : c’est le statu quo. Le Sénégal est prié poliment de prendre son mal en patience quelque temps avant de bénéficier du soutien agissant du gendarme mondial de la finance.
Le vénéré Premier ministre, qui accuse l’institution de Bretton Woods de tricher ou de faire de la politique, ne semble pas loin de croire que l’omniprésent Macky Sall serait derrière la mauvaise volonté affichée du Fmi de reprendre sa collaboration avec le Sénégal. Surtout que Bassirou Diomaye Faye, qui souhaiterait que l’institution financière «presse le pas», sait que Macky Sall «manigance des choses en bas». Son prédécesseur semble même chercher à lui faire de l’ombre à l’international, ce que Habib Sy, le Pca de la Senelec à la mine réjouie, dénonce avec toute l’énergie d’un spaghetti exagérément cuit.
On ferait une crise de paranoïa aiguë pour bien moins que ça.
Ce gouvernement, reconnaissons-le, excelle dans l’art de casser le thermomètre qui n’affiche pas la bonne température. Bien entendu, le problème de notre crise actuelle, hormis le pillage de notre pays par l’orchestre national du «Pilons gaiement, pilons pan, pan», c’est le diabolique Fmi dont le vénéré Premier ministre semble vouloir se passer et cette satanée monnaie coloniale imprimée dans un p’tit village de province français. Ça l’insupporte visiblement puisque devant son patron et son invité de marque, le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, lors du Forum sur l’investissement au Sénégal, il ne manque pas de relever le manque de courage politique des chefs d’Etat sur cette épineuse question.
Bassirou Diomaye Faye doit être blasé concernant les déclarations fracassantes du «meilleur Premier ministre de tous les temps»…
Pour l’heure, le gouvernement, histoire de ne pas trop se languir de nos partenaires traditionnels, croque du menu fretin : pendant que le ministre de l’Intérieur Bamba Cissé déloge les vendeurs à la sauvette, ces «encombrements humains» (comme on dit dans les années soixante) qu’il faudra cacher loin de Dakar jusqu’après les Jeux Olympiques de la Jeunesse, Madame le gros calibre de la Justice visite les prisons et proclame, à son tour, la «tolérance zéro» à l’encontre des prédateurs de l’économie et des tortionnaires irrespectueux des droits humains.
Suivez son regard.
Les prisons sont surpeuplées, on le concède, mais il restera toujours assez de places pour les crapules qui font ripaille depuis douze interminables années avec les deniers publics destinés à améliorer le sort du pauvre Sénégalais moyen, ou les canailles qui torturent du militant «pastéfien» exalté alors qu’il ne réclame innocemment que plus de justice sociale.
Certes, la remise en liberté de Mansour Faye que couronne son accueil par une marée humaine à Saint-Louis, est un camouflet pour le régime, mais on ne va pas s’inquiéter pour si peu, n’est-ce pas ? Il restera cependant toujours quelques gibiers de potence à jeter en pâture à la haine publique, cette insatiable «demande sociale». Par exemple, Madiambal Diagne, qui a tout le profil de l’emploi, dont il faut se saisir de tous les biens avant condamnation, ou même procès.
C’est connu, les absents ont toujours tort.
La «tolérance zéro» concernant les dérapages verbaux sur les écrans et les ondes est également proclamée par le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, Mamadou Oumar Ndiaye, directeur de publication du journal Le Témoin dans une autre vie, qui aura sans doute battu les records nationaux, et peut-être bien au-delà de nos frontières, de procès en diffamation. C’est clair qu’avec MON au Cnra, Yassine Fall à la Justice et Bamba Cissé à l’Intérieur, même éternuer bruyamment en pleine émission pourrait coûter une garde à vue à la Cybersécurité. Quant à lâcher des gaz en direct…
Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’ai pas remarqué de réaction musclée concernant la sortie de Ngoné Saliou Diop, qui ne se donne pas de limite à ne pas dépasser cette fois-ci.
Hier, c’était la rentrée scolaire. On ne sait plus trop si les musulmanes voilées du privé catholique pourront y dicter leur loi, comme ça le proclame l’an passé. La nouveauté cette année : les potaches sont priés de laisser leurs cellulaires à la maison, ou en tout cas devant la porte de leur établissement. C’est une trouvaille du ministre de l’Education qui semble se pencher sérieusement sur le contenu du programme scolaire. Et donc, exit le téléphone à l’école. Un grand pas pour l’humanité ? A ce rythme, pourquoi pas, l’an prochain, ce seront jeans déchirés, «dioumbakh-out», cheveux naturels et hauts talons qui seront bannis de l’espace scolaire.
On se rapproche d’on ne sait trop quoi, mais on y va résolument ?
Terminons en beauté : la semaine prochaine, nos «Lions» recevront nos voisins «Mourabitounes» pour le dernier match qualificatif au Mondial américain de 2026. Apparemment, le public se serait mal comporté à l’aller, un peu comme les Congolais après la remontada que l’on sait. Ben, je serais la Fédé, je ne vendrais de tickets qu’au peuple raisonnable des 46%. Histoire de nous qualifier sans incident dans les tribunes, qui pourrait nous valoir une suspension.
Je dis ça, je dis rien…
Par Ibou FALL