Vélingara – Entreprenariat agricole pour les jeunes et les femmes : Agro beydaare Sénégal emporte le pari de maïsiculture

Des champs de maïs en pleine maturité à perte de vue dans le secteur G du bassin de l’Anambé, dans le département de Vélingara. C’est le paysage enchanteur qui s’est offert aux agents et partenaires de Agro beydaare Sénégal qui y étaient en visite jeudi passé. Des jeunes et femmes vulnérables, appuyés par l’association, sont en passe de se passer d’aide.Par Abdoulaye KAMARA –
Les villages de Saré Yéro Gano, Témento Madia et Mballo Counda Thierno se situent dans le secteur G du bassin rizicole de l’Anambé, précisément dans les communes de Kandiaye et Saré Coly Sallé. Censés être dans une zone à vocation rizicole, du fait de la proximité des périmètres aménagés par la Sodagri, les producteurs de ces villages ont misé sur la culture du maïs depuis quelques années. En tout cas, pour ce qui concerne les jeunes et les femmes. Et ils n’ont rien regretté. C’est du moins ce qu’ont confié, jeudi passé, des jeunes sans emploi, des étudiants, des diplômés d’écoles de formation en chômage, des veuves et femmes divorcées à une délégation de Agro beydaare Sénégal venue visiter leurs champs de maïs.
A Saré Yéro Gano, première étape de la visite, sur une bande de terre de plus de 3 km, sont alignés des champs de maïs en pleine maturité avec des épis plus ou moins asséchés sur pied. Le jeune Moussa Gano, sans emploi, est le propriétaire d’un des champs. Il raconte sa campagne agricole prometteuse de cette année. Il dit : «L’année dernière, j’étais un ouvrier agricole dans le champ de maïs de Tidiane Boiro, un des premiers partenaires de Agro beydaare Sénégal dans la zone. Fort de l’expérience de Tidiane et des ressources tirées de mon travail, j’ai emblavé cette saison 4 hectares. Vous voyez le résultat.» Et de pointer du doigt l’étendue de son champ dont les pieds de maïs portent 2 à 3 épis. Il ajoute : «Selon les prévisions des techniciens, un hectare de maïs peut donner 4 tonnes. Je remercie Tidiane Boiro et son partenaire Agro beydaare.»
Tidiane Boiro, président du Conseil communal de la jeunesse de Kandiaye, ancien employeur de Moussa Gano, détaille son partenariat avec Agro beydaare. «Depuis 4 saisons, je collabore avec Agro beydaare qui m’a formé, en tant que leader jeune, aux bonnes pratiques agricoles. Pour la première saison, Agro beydaare m’a donné gratuitement les intrants (semences, engrais) et acheté la totalité de ma production. Pour la 2ème année, la fourniture en intrants est remboursable pour permettre à d’autres producteurs d’en bénéficier. Et je suis devenu autonome. Cette année, j’ai emblavé 5 ha de maïs, en plus des autres spéculations comme l’arachide et le riz», raconte-t-il.
Parmi les partenaires de Agro beydaare dans la zone, on compte des étudiants, des migrants de retour, des femmes divorcées ou veuves soutiens de famille. Le migrant de retour Baba Moulaye Mballo remercie le Covid-19 qui a mis fin, en Mauritanie, à son chemin vers l’aventure à l’extérieur du pays. A mon retour, témoigne Mballo, «je me suis engagé comme volontaire de l’éducation sans contrat officiel. J’ai démissionné lorsque j’ai fait la rencontre de Agro beydaare Sénégal. Je ne regrette rien. Fini les tentatives de quitter le pays. A certaines conditions, on peut se développer et développer notre terroir par l’agriculture». Idem pour les femmes soutiens de famille que sont Oumou Mballo et Kadiatou Diao. Toutes les 2 vivent bien de leur maïsiculture. Kadiatou Diao déclare : «Cette année, j’ai cultivé 4 ha en maïs. J’ai eu un encadrement de Agro beydaare pour croire en la culture du maïs. L’an passé, j’ai vendu à Agro beydaare 5 tonnes de maïs, à raison de 250 francs Cfa le kg, et puis j’ai récolté 10 tonnes de riz que j’ai totalement vendues. Sans compter ce que j’ai réservé pour la consommation de ma famille.»
Des défis à relever
Tidiane Boiro, Moussa Gano et Kadiatou Diao se sont comme passé le mot. «Ecouler à temps le maïs produit et puis avoir les intrants à temps sont deux problèmes que nous devrons relever ensemble avec Agro beydaare. Car si nous cultivons plusieurs hectares, ce n’est pas seulement pour la consommation. C’est aussi et surtout pour avoir de l’argent et faire face à d’autres besoins de la famille. Le défaut d’équipements agricoles retarde les emblavures et peut minimiser les rendements», ont-ils soutenu.
Le Pdg de Agro beydaare, Mouhamadou Tidiane Diao, qui a conduit la délégation qui a rendu visite aux partenaires du département de Vélingara, assure : «Nous sommes en pourparlers avec des preneurs pour acheter la production. Déjà, chaque année, Agro beydaare achète une bonne partie pour redistribuer les semences. Nous pouvons déjà dire que 60% de la production seront achetés par Agro beydaare. Le reste le sera certainement par d’autres partenaires.» Pour lui, le maïs est non seulement une spéculation créatrice de richesse, mais aussi pourvoyeuse d’emploi, tout en assurant la sécurité alimentaire. En effet, explique le patron de Beydaare : «Tous ces jeunes enrôlés dans le cadre de ce projet étaient tentés par la migration irrégulière. Ils y ont renoncé maintenant. Et puis dans cette zone, sévissait la soudure en période d’hivernage. Ce n’est plus le cas du fait de la disponibilité de cette céréale si nutritive en toute saison.» Et puis Moussa, Tidiane et Kadiatou ont insisté pour la mise à disposition d’équipements agricoles pour ne pas connaître des retards dans les travaux de préparation des sols. Agro beydaare et ses partenaires ont fait un pari gagnant sur la culture du maïs.
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